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Projet LR sur l’école : coup de barre à droite et vieilles lunes !

Le Sénat a adopté cette semaine la proposition de loi proposée par les Républicains. Cette loi intitulée « Pour l’école de la liberté, de l’égalité des chances et de la laïcité » reprend toutes les idées anciennes de la droite sur l’école dans une logique d’augmentation de la concurrence entre établissements et de transformation radicale de la formation des enseignantes et enseignants. L’UNSA Éducation s’alarme de ce coup de barre à droite qui accentuerait les inégalités et les fractures sociales dans notre pays.

Ce projet de loi présenté se veut ambitieux et souhaite améliorer considérablement les performances de notre système scolaire. Pourtant, ce texte ne peut pas répondre aux enjeux actuels de l’École. Il ne serait pas porteur de progrès social, ni ne renforcerait l’égalité, ni encore moins ne proposerait un modèle scolaire émancipateur. Cette proposition de loi que l’on peut caractériser de « fourre-tout » reprend les vieilles lunes de la droite et traite à la fois de l’autonomie des établissements, de la formation professionnelle des enseignantes et enseignants du 1er et second degré, mais aussi du soutien scolaire ou bien encore de la laïcité. Le projet initial évoquait en outre la question de l’uniforme, mais ce point a finalement été abandonné dans le texte voté au Sénat. L’UNSA Éducation s’oppose, sur ce point spécifique, à l’idée que le port de l’uniforme à l’école serait une solution pour améliorer notre système : voir l’article « Uniformité VS différences : quel projet éducatif se cache derrière un uniforme à l’école ? » 

Des constats faussés par des ornières idéologiques

L’exposé des motifs débute par l’affirmation d’une perte de confiance des familles et des élèves. Pourtant, il faudrait interroger ce premier constat. En effet, le baromètre de la confiance établi par le CEVIPOF montre que la crédibilité en l’École atteint le chiffre de 70 % en moyenne depuis plusieurs années . Bien loin devant la justice par exemple (à peine 40 %) ou bien encore très loin devant les partis politiques (autour de 15 %). On le voit donc : la population a très largement confiance dans l’école, et bien plus qu’en d’autres institutions, c’est pourquoi le discours alarmiste porté par ce texte ne résiste pas à l’examen objectif des faits. Cela est confirmé par le baromètre que l’UNSA Éducation réalise chaque année depuis 10 ans : les personnels aussi donnent du sens à leur mission, et font partie des professions les plus satisfaites au travail et les plus attachés à leur mission. Ce sont autant d’aspects que ce texte n’évoque jamais.

Le texte se veut promoteur d’égalité, mais ce n’est absolument pas le cas. La vieille rengaine de l’« égalité des chances » est mobilisée pour améliorer notre École. À l’UNSA Éducation, nous n’utilisons pas une telle expression qui ne correspond pas du tout à la réalité du fonctionnement de notre système éducatif. Nous souhaitons davantage d’égalité bien sûr, et nous sommes particulièrement en faveur de la mixité sociale, terrain totalement absent de ce projet de loi qui contient pourtant de nombreux articles.

Fausses solutions face aux difficultés

Pourtant, les difficultés sont réelles : la crise d’attractivité est patente et c’est d’ailleurs un des premiers défis identifiés par l’UNSA Éducation. Cependant, on ne peut pas tout mettre sur le même niveau, y compris par exemple l’évocation des atteintes à la laïcité : en moyenne depuis cette rentrée de septembre, 300 faits d’atteintes sont signalés  tous les mois sur les presque 60 000 établissements scolaires, et même si on peut penser que de nombreux faits ne sont pas remontés, il ne faudrait pas laisser penser que la laïcité est totalement assiégée à l’École : les difficultés existent, il faut les aborder de front, et continuer à œuvrer en faveur de l’éducation des élèves, mais aussi des familles, et former encore davantage tous les personnels.

On trouve aussi dans cette proposition de loi l’idée d’une nouvelle contractualisation des établissements, ou bien encore la volonté d’installer un rapport de hiérarchie entre les directeurs et directrices d’écoles et les professeur.es d’école. À l’UNSA Éducation, nous ne pensons pas qu’il s’agisse d’une bonne solution et nous rejetons cette volonté. Plus encore, ce projet de loi aborde la formation des personnels en présentant comme un fait accompli qu’il serait nécessaire de distinguer la formation des enseignantes et enseignants du 1 er degré et des enseignantes et enseignants du 2d degré. L’UNSA Éducation s’inscrit en faux sur ce constat et cette nécessité : nous sommes totalement opposés au projet de séparer la formation des professeur.es du 1er et 2d degrés et nous plaidons pour une culture professionnelle commune.

Ce projet de loi ne répond pas aux attentes et aux défis du moment. Il faut pourtant des mesures ambitieuses, dans le respect des valeurs et des principes de la République, et pas dominées par l’idée de faire encore et toujours plus d’économies ou de se servir du terrain scolaire pour affirmer son idéologie passéiste. Il faut au contraire investir davantage dans l’éducation, en redonnant du sens aux missions des personnels, en les revalorisant réellement, en mettant en place une véritable mixité sociale, et en impliquant les personnels dans des actions concertées et durables. Ce projet de loi n’est absolument pas à la hauteur des enjeux et de la situation actuelle, il fait l’impasse sur les attendus et les souhaits des personnels, il ignore les réels problèmes auxquels doivent faire face les élèves. Plus encore, il renforcerait, en cas d’application, les inégalités sociales et les inégalités de territoire, en fragmentant encore davantage la société française. C’est pourquoi l’UNSA Éducation sera très attentive aux prochaines étapes du parcours législatif de ce texte et affirmera haut et fort son opposition !

Retrouvez le texte adopté au Sénat

 

 

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