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Attractivité des métiers de l’éducation : La France doit s’inspirer des voisins européens !

Une conférence de dialogue social européen consacrée à l’attractivité du métier enseignant s’est réunie à Varsovie le 31 janvier 2023 et l’UNSA Éducation faisait partie des organisations syndicales présentes, côté personnel. La pénurie de personnels éducatifs constatée dans de nombreux pays européens inquiète la commission européenne qui organisait cette rencontre entre syndicats et employeurs de l’Éducation. De quoi a-t-on discuté ?

Une vingtaine de pays européens était représentée à cette conférence dans le cadre d’un dialogue social européen quadri-annuel (programme à retrouver ici  ), tant partie employeurs (ministères, rectorats, collectivités, groupements d’établissements privés) que partie personnels. Plusieurs thématiques ont été débattues pour aboutir à un document d’orientation politique contenant des recommandations pour les États membres de l’Union Européenne. Rémunération, conditions de travail, santé des personnels, statut de la profession enseignante et charge de travail ont fait partie des différents sujets vus comme des leviers d’attractivité pour le métier d’enseignant.

Rémunération, conditions de travail, statut : Quel levier pour l’attractivité ?

Les difficultés constatées par les pays européens sont à la fois un problème de recrutement et un problème de maintien dans le métier avec une partie importante des personnels qui quitte le métier au bout de quelques années, notamment au Royaume-Uni.

Les pistes sur lesquelles nous avons travaillé étaient de plusieurs ordres :

  • Une certaine stabilité sur les débuts de carrière pour « des conditions d’emploi prévisibles » a été recommandée, un sujet important pour la France où les premières affectations, pas forcément dans les zones les plus faciles, peuvent être stressantes.
  • Des salaires compétitifs avec les autres emplois de sortie d’études de niveau équivalent, une problématique discutée sur place avec nos collègues syndicalistes slovaques et polonais qui entraîne de vraies pénuries de personnel dans les capitales, où la vie est chère.
  • Régler le problème d’une charge de travail croissante qui a de lourdes conséquences et qui doit être compensée et réduite par des recrutements dans tous les métiers.
  • Soutenir la profession enseignante en donnant des moyens et en rendant accessible la formation continue et le développement professionnel, notamment dans la dimension pédagogique du métier
  • Des conditions de travail décentes pour réduire l’abandon du métier qui a de lourdes conséquences sociales sur la vision qu’on a de cette profession et l’engagement dans les études pour y parvenir
  • Améliorer l’accueil des entrants métiers (mentorat, formation initiale, soutien pédagogique) pour les installer plus facilement dans leur profession.
  • Réfléchir à la question des milieux de carrière pour proposer plus de tâches diversifiées aux collègues pour développer leur expertise professionnelle, une réflexion qui revient régulièrement en France (rapport Pochard de 2008 par exemple).
  • Revoir les programmes scolaires pour favoriser des méthodes de travail pédagogique adaptées aux capacités et aux préférences des enseignant·es.
  • Des mesures incitatives avec des possibilités de promotion pour s’investir dans une culture de travail collectif et dans le développement professionnel.
  • Des investissements pour le bien-être des personnels enseignants en matière de risque psycho-social, de lutte contre le harcèlement, pour prévenir la surcharge de travail si préjudiciable à la santé des collègues, et assurer un indispensable droit à la déconnexion, un vrai sujet pour cette profession où les frontières du travail et de la vie privée sont floues.
  • Un calcul honnête de la véritable charge de travail des enseignants intégrant les heures avec les élèves et le travail invisible souvent non-rémunéré.

En conclusion, si tous les contextes scolaires sont différents et si toutes les mesures ne sont pas transposables, les débats européens sont passionnants pour faire le point sur ce qui marche et sur ce qui ne marche pas en matière de politiques éducatives. Un petit aperçu ici sur la page du Comité syndical européen de l’éducation (ETUCE) . Une idée apparait assez rapidement : le dialogue social et l’implication des personnels dans les négociations collectives menées par les pouvoirs publics sont indispensables sur ce sujet d’attractivité, devenu un problème majeur dans nombre de pays, pourtant essentiel pour envisager et réussir les nombreuses transitions sociales, économiques ou encore écologiques qui marquent notre planète et notre continent.

Notre article précédent sur le même sujet : La pénurie d’enseignants, un sujet européen.

L’article du CSEE: https://www.csee-etuce.org/fr/actualites/csee/5086-faire-de-l-enseignement-en-europe-une-carriere-attractive

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