Voter Marine est-ce voter FN?

Christèle Marchand-Lagier*, maître de conférence de science politique à l’université d’Avignon,répond à la question qui tue de l’UNSA Éducation :

Marine Le Pen a entamé depuis son accession à la tête du parti, une entreprise de dédiabolisation du FN.

Cela passe par la mise en sommeil de certains référents historiques encombrants (antisémitisme notamment) mais également par une distance avec la marque « FN » trop attachée à l’image de son père.

Le Rassemblement Bleu Marine mis en œuvre lors des dernières législatives en est l’incarnation la plus manifeste.

Lors de cette campagne présidentielle 2017, elle a focalisée toute la communication sur sa personne « Marine présidente » sans référence ni au sigle, ni au nom FN.

Sa mise en congé récente de la présidence du parti va également dans ce sens.

Cette stratégie, sous les allures d’une normalisation, ne fait qu’accentuer la personnalisation de cette formation politique.

La distance des électeurs avec les propositions du FN, toujours aussi réactionnaires et xénophobes, laisse le champ libre à toutes les dérives.

Voter pour Marine (femme active, moderne, mère de 3 enfants, pas seulement fille de Jean-Marie Le Pen..) n’est plus alors tout à fait l’équivalent de « voter FN » encore péjorativement connoté.

Cette stratégie fonctionne d’autant mieux auprès d’électeurs sans repère politique précis qui trouvent les moyens d’une proximité avec une candidate qui en rajoute de ce côté là.

Dire « Marine », c’est éviter de dire « Le Pen » ou « FN », nul doute que cela pèse dans la transformation de l’image de cette formation politique.


*Christèle Marchand-Lagier est l’auteure de Le Vote FN. Pour une sociologie localisée des électorats frontistes, 2017, De Boeck

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Christèle Marchand-Lagier*, maître de conférence de science politique à l’université d’Avignon,répond à la question qui tue de l’UNSA Éducation :

Marine Le Pen a entamé depuis son accession à la tête du parti, une entreprise de dédiabolisation du FN.

Cela passe par la mise en sommeil de certains référents historiques encombrants (antisémitisme notamment) mais également par une distance avec la marque « FN » trop attachée à l’image de son père.

Le Rassemblement Bleu Marine mis en œuvre lors des dernières législatives en est l’incarnation la plus manifeste.

Lors de cette campagne présidentielle 2017, elle a focalisée toute la communication sur sa personne « Marine présidente » sans référence ni au sigle, ni au nom FN.

Sa mise en congé récente de la présidence du parti va également dans ce sens.

Cette stratégie, sous les allures d’une normalisation, ne fait qu’accentuer la personnalisation de cette formation politique.

La distance des électeurs avec les propositions du FN, toujours aussi réactionnaires et xénophobes, laisse le champ libre à toutes les dérives.

Voter pour Marine (femme active, moderne, mère de 3 enfants, pas seulement fille de Jean-Marie Le Pen..) n’est plus alors tout à fait l’équivalent de « voter FN » encore péjorativement connoté.

Cette stratégie fonctionne d’autant mieux auprès d’électeurs sans repère politique précis qui trouvent les moyens d’une proximité avec une candidate qui en rajoute de ce côté là.

Dire « Marine », c’est éviter de dire « Le Pen » ou « FN », nul doute que cela pèse dans la transformation de l’image de cette formation politique.


*Christèle Marchand-Lagier est l’auteure de Le Vote FN. Pour une sociologie localisée des électorats frontistes, 2017, De Boeck