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Ukraine : accueillir les enfants en exil

L’éducation, en France, se veut inclusive. Elle accueille en conséquence les enfants dans leurs singularités. Depuis quelques jours, des enfants ukrainiens sont accueillis dans des écoles, en classe, en centre péri-scolaire. Ils ne parlent pas notre langue, ils ont vécu une longue route de l’exil et ont laissé derrière eux une partie de leur famille, leurs amis, dans un pays en guerre. Autant de traumatismes, de sources d’angoisses, que nous, professionnels de l’éducation, avons à prendre en charge avant toute volonté de les faire renouer avec les apprentissages.

Pas simple, sans pouvoir communiquer avec des mots, en se débrouillant entre adultes référents avec un peu d’anglais, en s’aidant de traduction numérique, ou par chance avec une ou un traducteur, traductrice.
Il nous faut trouver des ressources, déjà en faisant confiance à notre humanisme, aux valeurs qui nous ont fait choisir ce type de métier. Accueil, hospitalité, entraide sont des notions issues des valeurs de la République que nous transmettons et mieux encore que nous faisons vivre : la fraternité en action. Tous les enfants d’un groupe déjà constitué peuvent s’y préparer avec l’aide d’un adulte, animateur, animatrice, enseignant.e, Atsem, directeur ou directrice, CPE… Toute la communauté éducative saura trouver les mots qui permettent de faire réfléchir à ce conflit, à ces conséquences sur les enfants, mais aussi sur la vie économique, sur la paix en Europe, sur les trajectoires de migration et ce qui les motivent ou les provoquent.
Accueillir c’est aussi aller vers l’autre, considérer cette arrivée comme un enrichissement mutuel par l’interculturalité. C’est une opportunité d’ouverture sur le monde.
Ainsi, si les enseignant.es sont inquiet.es à juste titre de l’acquisition des savoirs, du programme à tenir, il est important de se rassurer en se référant à ce que l’on sait de l’apprentissage d’une langue seconde.
« Il importe que chacun.e comprenne le long processus d’acquisition des langues, qui se caractérise par les points suivants :
– l’acquisition de la langue est un processus dynamique : de l’oral vers l’écrit et de la compréhension vers la production ;
– l’apprentissage d’une langue seconde prend appui sur la ou les langue(s) déjà acquise(s) ; ces langues sont un levier pour l’apprentissage du français et elles ne doivent pas être minorées ou rejetées (valorisation du plurilinguisme) ;
– l’erreur est constitutive de l’apprentissage et les difficultés de langue ne sont que transitoires. Elles sont liées aux caractéristiques de la langue de l’élève (interférences linguistiques, interlangue) ;
– une grande partie de l’acquisition d’une langue relève de l’apprentissage informel (en dehors de tout enseignement structuré), surtout en situation d’immersion ;
– il existe toujours chez les élèves un déséquilibre dans la maîtrise des activités langagières (compréhension orale/compréhension écrite/production orale/production écrite). »
Un enfant en exil ne s’exprime pas oralement parfois durant de longues semaines, c’est lié à ce processus d’acquisition de la langue seconde. Pour en faciliter l’apprentissage de nombreuses aides existent, tant en ressources pédagogiques accessibles en ligne, qu’en aide humaine à solliciter. Ces ressources doivent être faciles d’accès pour les enseignants qui accueilleront des réfugiés.
Chaque académie dispose d’un CASNAV (Centres Académiques pour la Scolarisation des élèves Allophones nouvellement arrivés) et des dispositifs UPE2A sont implantés également dans les écoles et EPLE, certes aux effectifs incompressibles mais il faut chercher à savoir si des places disponibles existent encore. C’est une des missions des personnels d’encadrement. La carte de ces dispositifs, dans un contexte de crises géopolitiques, sociales et climatiques à répétition, devra aussi être repensée pour mieux couvrir le territoire et mieux réussir la scolarisation et la socialisation des enfants concernés.

Gardons à l’esprit que la communication non verbale peut faire passer beaucoup de messages, de chaleur humaine, de rassurance. Et demeurons exigeants pour que soient accompagnés les professionnels qui se confrontent à cette conséquence de la guerre en Ukraine. C’est une problématique éducative qui a toute sa place dans les instances de dialogue social.

Pour aller plus loin :

Réseau Canopé (et le CLEMI) se mobilisent et vous aident à comprendre le conflit, comment parler de la guerre avec les élèves ?

Autres ressources proposées par Réseau Canopé

Notre article concernant l’aide à apporter aux réfugiés ukrainiens, en lien avec Solidarité laïque : https://www.unsa-education.com/article-/aider-le-peuple-ukrainien-lunsa-education-soutient-laction-de-solidarite-laique/

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