Socle : à qui la faute ?

Ce « mot d’Éduc » supplémentaire (un vendredi au lieu du traditionnel mercredi !) pour réagir à l’éditorial de ce matin de François Jarraud, rédacteur en chef du Café pédagogique.

Ce « mot d’Éduc » supplémentaire (un vendredi au lieu du traditionnel mercredi !) pour réagir à l’éditorial de ce matin de François Jarraud, rédacteur en chef du Café pédagogique.

Le Café pédagogique fait (en effet) son éditorial de ce 21 février avec cette question « À quoi sert le socle ? » s’étonnant, voire s’alarmant que les sénateurs lors du débat sur la loi relative à la formation professionnelle aient rejeté un amendement –avec l’aval du gouvernement- visant à faire correspondre « le socle commun » de la formation professionnelle avec celui de l’Éducation nationale.


Cette opposition est effectivement mal venue, mais elle s’explique largement par les attaques répétées que les adversaires au socle commun de connaissance et de compétences lui ont portées : François Jarraud est bien placé pour le savoir, lui qui n’a jamais réellement écrit de choses très positives sur le socle.

 » Les partenaires sociaux ont défini leur propre socle de connaissances et de compétences, qui ne se confond pas avec celui que l’éducation nationale est chargée de fournir », estime le rapporteur du projet de loi. « La formation professionnelle ne peut, à elle seule, combler les insuffisances de la formation initiale ou y parer. Elle doit, au contraire, mettre l’accent sur les compétences aujourd’hui indispensables à l’exercice d’une activité professionnelle. Ainsi, les partenaires sociaux vont probablement intégrer dans le socle l’aptitude à travailler en équipe – cela ne s’apprend pas à l’école, la maîtrise des outils informatiques et bureautiques et, le cas échéant, la pratique d’une langue étrangère« .

S’il y eu « un débat un peu surréaliste », le 18 février dernier au Sénat, c’est vraisemblablement dans la réponse du rapporteur de la loi sur la formation professionnelle qu’il faut le voir et dans ce commentaire de l’éditorialiste « Au moment où l’éducation nationale va entrer dans le débat difficile sur son socle commun, il est intéressant de voir comment le Sénat, qui a adopté la loi d’orientation à une majorité large, considère l’ossature de l’enseignement. Il est clair que dans l’esprit du rapporteur, le socle est associé à l’échec scolaire et que la formation professionnelle s’adresse justement aux jeunes en échec scolaire ».

En effet, tout l’enjeu est là. Dans le contenu du socle commun et donc dans sa définition. Plus spécifiquement encore, dans les compétences mises en avant. Or depuis des mois, les adversaires du socle commun de compétences, se sont évertués à la vider de son sens et à le faire devenir un « socle de connaissances » sanctionnant l’exposition et l’acquisition de contenus scolaires, permettant de faire « culture commune »… À force de dénaturer le socle, jusque dans les débats du Conseil national des programmes chargé de le définir, ce qui devait arriver arrive ! D’autres ont bien vus les incohérences d’une École qui dit s’ouvrir, mais demeure repliée sur elle-même. Ils en ont tiré la conclusion que pour la formation professionnelle d’autres compétences étaient indispensables.

Là est certes leur erreur. Car, il n’y a pas des compétences scolaires et des compétences de la vie. Ce sont les mêmes ! Et l’École doit permettre, avec d’autres, à chaque enfant et jeune de les acquérir.

Il demeure bien du travail pour faire comprendre, en interne comme en externe, l’important travail de refondation qu’il est indispensable de réaliser au sein de notre système éducatif. Il faudra encore beaucoup d’effort pour dépasser les conservatismes de ceux qui surtout ne veulent rien changer.

C’est peut-être aussi le rôle de médias pédagogiques qui peuvent contribuer à ouvrir les esprits et à inviter à aller de l’avant.

C’est en tout cas, notre priorité. Donner un sens au socle commun de compétences, afin qu’il soit la base d’une Éducation rénovée pour tous et permette la réussite de chacun, conscients que ceux qui persistent à vouloir édifier des statues sans socles ne peuvent que s’enliser.


Denis ADAM
Le 21 février 2014

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Ce « mot d’Éduc » supplémentaire (un vendredi au lieu du traditionnel mercredi !) pour réagir à l’éditorial de ce matin de François Jarraud, rédacteur en chef du Café pédagogique.

Le Café pédagogique fait (en effet) son éditorial de ce 21 février avec cette question « À quoi sert le socle ? » s’étonnant, voire s’alarmant que les sénateurs lors du débat sur la loi relative à la formation professionnelle aient rejeté un amendement –avec l’aval du gouvernement- visant à faire correspondre « le socle commun » de la formation professionnelle avec celui de l’Éducation nationale.


Cette opposition est effectivement mal venue, mais elle s’explique largement par les attaques répétées que les adversaires au socle commun de connaissance et de compétences lui ont portées : François Jarraud est bien placé pour le savoir, lui qui n’a jamais réellement écrit de choses très positives sur le socle.

 » Les partenaires sociaux ont défini leur propre socle de connaissances et de compétences, qui ne se confond pas avec celui que l’éducation nationale est chargée de fournir », estime le rapporteur du projet de loi. « La formation professionnelle ne peut, à elle seule, combler les insuffisances de la formation initiale ou y parer. Elle doit, au contraire, mettre l’accent sur les compétences aujourd’hui indispensables à l’exercice d’une activité professionnelle. Ainsi, les partenaires sociaux vont probablement intégrer dans le socle l’aptitude à travailler en équipe – cela ne s’apprend pas à l’école, la maîtrise des outils informatiques et bureautiques et, le cas échéant, la pratique d’une langue étrangère« .

S’il y eu « un débat un peu surréaliste », le 18 février dernier au Sénat, c’est vraisemblablement dans la réponse du rapporteur de la loi sur la formation professionnelle qu’il faut le voir et dans ce commentaire de l’éditorialiste « Au moment où l’éducation nationale va entrer dans le débat difficile sur son socle commun, il est intéressant de voir comment le Sénat, qui a adopté la loi d’orientation à une majorité large, considère l’ossature de l’enseignement. Il est clair que dans l’esprit du rapporteur, le socle est associé à l’échec scolaire et que la formation professionnelle s’adresse justement aux jeunes en échec scolaire ».

En effet, tout l’enjeu est là. Dans le contenu du socle commun et donc dans sa définition. Plus spécifiquement encore, dans les compétences mises en avant. Or depuis des mois, les adversaires du socle commun de compétences, se sont évertués à la vider de son sens et à le faire devenir un « socle de connaissances » sanctionnant l’exposition et l’acquisition de contenus scolaires, permettant de faire « culture commune »… À force de dénaturer le socle, jusque dans les débats du Conseil national des programmes chargé de le définir, ce qui devait arriver arrive ! D’autres ont bien vus les incohérences d’une École qui dit s’ouvrir, mais demeure repliée sur elle-même. Ils en ont tiré la conclusion que pour la formation professionnelle d’autres compétences étaient indispensables.

Là est certes leur erreur. Car, il n’y a pas des compétences scolaires et des compétences de la vie. Ce sont les mêmes ! Et l’École doit permettre, avec d’autres, à chaque enfant et jeune de les acquérir.

Il demeure bien du travail pour faire comprendre, en interne comme en externe, l’important travail de refondation qu’il est indispensable de réaliser au sein de notre système éducatif. Il faudra encore beaucoup d’effort pour dépasser les conservatismes de ceux qui surtout ne veulent rien changer.

C’est peut-être aussi le rôle de médias pédagogiques qui peuvent contribuer à ouvrir les esprits et à inviter à aller de l’avant.

C’est en tout cas, notre priorité. Donner un sens au socle commun de compétences, afin qu’il soit la base d’une Éducation rénovée pour tous et permette la réussite de chacun, conscients que ceux qui persistent à vouloir édifier des statues sans socles ne peuvent que s’enliser.


Denis ADAM
Le 21 février 2014