Séance de rattrapage pour l’exposition Braque

 

Pour ceux qui auraient raté la superbe exposition sur Georges Braque, cet automne, au Grand Palais, une séance de rattrapage est possible dans l’exceptionnel Musée d’art moderne et contemporain de Bilbao, le Guggenheim.

Mise en place à l’occasion des 50 ans de la disparition de l’artiste (1882-1963), la rétrospective est certainement la plus ambitieuse montée à ce jour en Espagne sur cette figure incontestée du début du XXe siècle.

Il faut voir les oeuvres de cet artiste sous-estimé, grand ami des plus grands écrivains du xxe siècle, et en perpétuelle réinvention de son art.

L’exposition qui présente 250 oeuvres commence par les jeunes années « fauves » du peintre, puis les portraits de l’Estaque et de La Ciotat : «Jeune peintre, j’ai nourri ma curiosité et mes rêves avec les œuvres des grands coloristes du passé. Depuis les Primitifs jusqu’à Van Gogh et à Boudin… Il y avait des étapes… Raphaël, Corot, Chardin entre autres… Le moment de la réflexion, qui fut aussi celui du choix, est venu avec la rencontre des peintures fauvistes de Matisse, de Derain à leur période fauve», affirmait l’artiste.

 Puis, c’est la rencontre, grâce à Guillaume Apollinaire, de Pablo Picasso. Cette rencontre va représenter un tournant dans la vie et l’œuvre de Braque. D’un côté, elle marque le début d’une étroite relation entre les deux artistes, et de l’autre, et surtout, elle est à l’origine du Cubisme. Braque, lassé de la prédominance de la couleur chez les fauvistes, et après la découverte du nouveau langage de Picasso, s’embarque dans une nouvelle étape picturale dans laquelle les plans remplacent les volumes, l’espace prend toute son importante et les tons ocre et gris prédominent. Malheureusement, Braque restera longtemps sous-estimé, dans l’ombre de Picasso.

Après la guerre, Braque revient au cubisme synthétique, qu’il applique à ses natures mortes. Il réalise des compositions bigarrées, dans des formats allongés où se combinent en toute harmonie la forme, la couleur et la matière et qui prennent souvent comme motif le compotier, un sujet que chérissait Cézanne, peintre hautement admiré par Braque.  Braque, toujours soucieux d’innovation, continue à explorer de nouvelles voies autour du cubisme.

Dans les années 1930, Braque s’ouvre à diverses sources d’inspiration. Tout en continuant à travailler le thème de la nature morte, avec des compositions qui deviennent de plus en plus décoratives, l’artiste introduit des figures humaines dans ses œuvres, le plus souvent, de signes ornementaux. Ces silhouettes sombres et dépersonnalisées, qui descendent des figures noires des vases grecs, sont une personnification des muses de la poésie et de la musique qui peuplent l’univers spirituel de Braque.

Pendant la Seconde Guerre mondiale, sous l’Occupation, Braque exécute des œuvres sombres et douloureuses, où apparaissent des têtes de mort flanqués de crucifix et de rosaires ou de poissons noirs chrétiens qui évoquent le malheur de la guerre.

Après guerre, Braque entreprend une nouvelle série de huit toiles dans laquelle il résume les recherches qu’il a effectuées jusque-là. Dans ces lieux clos, il représente des objets, tant réels que métaphoriques, comme la figure d’un oiseau ou une palette. Le thème de l’oiseau, déjà apparu dans le travail de Braque et de façon plus évidente dans la série des ateliers, est stimulé par la commande que reçoit l’artiste en 1955 de décorer l’une des salles consacrée aux collections étrusques du musée du Louvre. Braque, alors âgé de 70 ans, va travailler dans cet espace pendant trois mois. Dans les trois panneaux qu’il peint apparaissent d’énormes oiseaux bleus et noirs aux formes sensuelles. Les peintures présentées dans l’exposition attestent de l’importance du thème emblématique et archétypique des oiseaux dans l’œuvre ultime de Braque, mais aussi de la vitalité d’un artiste ouvert jusqu’à ses derniers jours à la nouveauté. Traité au départ de façon figurative et matiériste, le motif devient de plus en plus abstrait.

Une grande et belle exposition pour admirer les toiles de ce génie méconnu du XXe siècle, jusqu’au 21 septembre 2014, au Musée Guggenheim à Bilbao. Toutes les informations sont à retrouver ici.

 

 

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Pour ceux qui auraient raté la superbe exposition sur Georges Braque, cet automne, au Grand Palais, une séance de rattrapage est possible dans l’exceptionnel Musée d’art moderne et contemporain de Bilbao, le Guggenheim.

Mise en place à l’occasion des 50 ans de la disparition de l’artiste (1882-1963), la rétrospective est certainement la plus ambitieuse montée à ce jour en Espagne sur cette figure incontestée du début du XXe siècle.

Il faut voir les oeuvres de cet artiste sous-estimé, grand ami des plus grands écrivains du xxe siècle, et en perpétuelle réinvention de son art.

L’exposition qui présente 250 oeuvres commence par les jeunes années « fauves » du peintre, puis les portraits de l’Estaque et de La Ciotat : «Jeune peintre, j’ai nourri ma curiosité et mes rêves avec les œuvres des grands coloristes du passé. Depuis les Primitifs jusqu’à Van Gogh et à Boudin… Il y avait des étapes… Raphaël, Corot, Chardin entre autres… Le moment de la réflexion, qui fut aussi celui du choix, est venu avec la rencontre des peintures fauvistes de Matisse, de Derain à leur période fauve», affirmait l’artiste.

 Puis, c’est la rencontre, grâce à Guillaume Apollinaire, de Pablo Picasso. Cette rencontre va représenter un tournant dans la vie et l’œuvre de Braque. D’un côté, elle marque le début d’une étroite relation entre les deux artistes, et de l’autre, et surtout, elle est à l’origine du Cubisme. Braque, lassé de la prédominance de la couleur chez les fauvistes, et après la découverte du nouveau langage de Picasso, s’embarque dans une nouvelle étape picturale dans laquelle les plans remplacent les volumes, l’espace prend toute son importante et les tons ocre et gris prédominent. Malheureusement, Braque restera longtemps sous-estimé, dans l’ombre de Picasso.

Après la guerre, Braque revient au cubisme synthétique, qu’il applique à ses natures mortes. Il réalise des compositions bigarrées, dans des formats allongés où se combinent en toute harmonie la forme, la couleur et la matière et qui prennent souvent comme motif le compotier, un sujet que chérissait Cézanne, peintre hautement admiré par Braque.  Braque, toujours soucieux d’innovation, continue à explorer de nouvelles voies autour du cubisme.

Dans les années 1930, Braque s’ouvre à diverses sources d’inspiration. Tout en continuant à travailler le thème de la nature morte, avec des compositions qui deviennent de plus en plus décoratives, l’artiste introduit des figures humaines dans ses œuvres, le plus souvent, de signes ornementaux. Ces silhouettes sombres et dépersonnalisées, qui descendent des figures noires des vases grecs, sont une personnification des muses de la poésie et de la musique qui peuplent l’univers spirituel de Braque.

Pendant la Seconde Guerre mondiale, sous l’Occupation, Braque exécute des œuvres sombres et douloureuses, où apparaissent des têtes de mort flanqués de crucifix et de rosaires ou de poissons noirs chrétiens qui évoquent le malheur de la guerre.

Après guerre, Braque entreprend une nouvelle série de huit toiles dans laquelle il résume les recherches qu’il a effectuées jusque-là. Dans ces lieux clos, il représente des objets, tant réels que métaphoriques, comme la figure d’un oiseau ou une palette. Le thème de l’oiseau, déjà apparu dans le travail de Braque et de façon plus évidente dans la série des ateliers, est stimulé par la commande que reçoit l’artiste en 1955 de décorer l’une des salles consacrée aux collections étrusques du musée du Louvre. Braque, alors âgé de 70 ans, va travailler dans cet espace pendant trois mois. Dans les trois panneaux qu’il peint apparaissent d’énormes oiseaux bleus et noirs aux formes sensuelles. Les peintures présentées dans l’exposition attestent de l’importance du thème emblématique et archétypique des oiseaux dans l’œuvre ultime de Braque, mais aussi de la vitalité d’un artiste ouvert jusqu’à ses derniers jours à la nouveauté. Traité au départ de façon figurative et matiériste, le motif devient de plus en plus abstrait.

Une grande et belle exposition pour admirer les toiles de ce génie méconnu du XXe siècle, jusqu’au 21 septembre 2014, au Musée Guggenheim à Bilbao. Toutes les informations sont à retrouver ici.