Réenchanter l’Europe

S’il n’explique pas tout, ce déficit d’Europe contribue au désintérêt et minimise un sujet qui pourtant n’est pas mineur. Car quoi que l’on en dise — ou pire — que l’on n’en dise pas- la manière dont l’Europe se fait ou se défait à un impact direct sur nos vies : notre avenir passe par l’Europe ! Une étape vient de se jouer et d’être perdue. Il y a en aura d’autres. Il n’est pas trop tard pour réagir. Devenons des éducateurs européens. Accompagnons la formation des citoyens de l’Europe. Ré/enchantons le rêve européen!

Les Français le savent-ils : une partie de notre avenir se jouait dimanche dernier avec les élections européennes ?

Ils en ont certes appris les inquiétants résultats lundi matin. Mais depuis, une actualité en chassant une autre, les vicissitudes financières du principal parti de droite font le buzz et ont détourné leur attention.

Europe (Wikimedia Commons)Il faut bien reconnaître que leur intérêt est d’autant plus facile à capter, que personne n’a réellement cherché à le mobiliser avant, pour l’Europe. Pour la «campagne électorale», cela aura était le service minimum : aucun enthousiasme, beaucoup de défiance et des arguments souvent limités à la politique intérieure française.

Même Dany le Rouge, devenu Daniel le Vert, qui tout en tentant de dire l’importance de ces élections, s’en est allé préférant les stades de foot.

Quelque chose (en dehors du ballon) ne tourne plus rond.
Le rêve d’Europe n’a pas été au rendez-vous.

Dans une société de l’immédiateté, aurait-on oublié qu’on s’entredéchirait il y a 60 ans à peine et que la paix voulue au cœur de la construction européenne demeure fragile (il y a eu hier la Tchécoslovaquie et aujourd’hui l’Ukraine) ?

Dans un monde des économies mêlées, qui rappellera que l’euro nous protège plus qu’il ne nous affaiblit ?

Dans nos choix de vie mobile, faut-il redire la richesse de pouvoir se déplacer librement, d’aller en vacances, étudier, travailler, vivre dans les pays voisins et s’y sentir chez soi ?

Du peu qui aura été dit ses dernières semaines, on aura surtout entendu, et donc retenu, les lourdeurs administratives et réglementaires, les décisions peu démocratiques de la commission européenne, le dogme de la concurrence libre et non faussée et de la rigueur budgétaire. On nous aura surtout dit que, pour tous nos maux, c’était la faute à l’Europe !

Et le résultat est là. Une abstention beaucoup trop forte et la victoire de ceux qui ne veulent pas, plus, n’ont jamais voulu, d’Europe.

La crainte pour l’avenir s’est transformée en peur de l’autre. Le repli sur soi remplace l’ouverture et l’enrichissement grâce aux différences. L’identité s’oppose à la diversité.

Il y a dans ce double échec — celui de l’absence de mobilisation et celui du refus de l’Europe — une culpabilité lourde et partagée. Celle des politiques français qui n’ont de cesse de faire de la construction européenne un repoussoir. Celle des gouvernants européens qui refusent de construire une Europe sociale et des citoyens et la cantonnent en un espace économique libéral. Celle des médias qui, conscients du peu d’intérêt pour le sujet, l’ont traité à minima, à des heures tardives.

Mais nous ne pouvons, nous éducateurs, nous dédouaner totalement de notre part de responsabilité.

Combien de jumelages, de correspondants, de classes transplantées, de projet Erasmus, Léonardo, Grundtvig, avec d’autres écoles, villes, jeunes, professionnels européens ? Combien de temps, de cours, de débats, d’échanges proposés en classe, en MJC… consacrés à la construction européenne et à son avenir?

Nombre d’enfants savaient le mois dernier qu’ils allaient accompagner leurs parents «voter pour le maire» de leur commune. Combien étaient-ils dimanche à avoir une petite idée de ce que signifiait «voter pour l’Europe»?

S’il n’explique pas tout, ce déficit d’Europe contribue au désintérêt et minimise un sujet qui pourtant n’est pas mineur. Car quoi que l’on en dise — ou pire — que l’on n’en dise pas- la manière dont l’Europe se fait ou se défait à un impact direct sur nos vies : notre avenir passe par l’Europe !

Une étape vient de se jouer et d’être perdue. Il y a en aura d’autres. Il n’est pas trop tard pour réagir. Devenons des éducateurs européens. Accompagnons la formation des citoyens de l’Europe. Ré/enchantons le rêve européen!

Sélectionnés pour vous
+ d’actualités nationales

Les Français le savent-ils : une partie de notre avenir se jouait dimanche dernier avec les élections européennes ?

Ils en ont certes appris les inquiétants résultats lundi matin. Mais depuis, une actualité en chassant une autre, les vicissitudes financières du principal parti de droite font le buzz et ont détourné leur attention.

Europe (Wikimedia Commons)Il faut bien reconnaître que leur intérêt est d’autant plus facile à capter, que personne n’a réellement cherché à le mobiliser avant, pour l’Europe. Pour la «campagne électorale», cela aura était le service minimum : aucun enthousiasme, beaucoup de défiance et des arguments souvent limités à la politique intérieure française.

Même Dany le Rouge, devenu Daniel le Vert, qui tout en tentant de dire l’importance de ces élections, s’en est allé préférant les stades de foot.

Quelque chose (en dehors du ballon) ne tourne plus rond.
Le rêve d’Europe n’a pas été au rendez-vous.

Dans une société de l’immédiateté, aurait-on oublié qu’on s’entredéchirait il y a 60 ans à peine et que la paix voulue au cœur de la construction européenne demeure fragile (il y a eu hier la Tchécoslovaquie et aujourd’hui l’Ukraine) ?

Dans un monde des économies mêlées, qui rappellera que l’euro nous protège plus qu’il ne nous affaiblit ?

Dans nos choix de vie mobile, faut-il redire la richesse de pouvoir se déplacer librement, d’aller en vacances, étudier, travailler, vivre dans les pays voisins et s’y sentir chez soi ?

Du peu qui aura été dit ses dernières semaines, on aura surtout entendu, et donc retenu, les lourdeurs administratives et réglementaires, les décisions peu démocratiques de la commission européenne, le dogme de la concurrence libre et non faussée et de la rigueur budgétaire. On nous aura surtout dit que, pour tous nos maux, c’était la faute à l’Europe !

Et le résultat est là. Une abstention beaucoup trop forte et la victoire de ceux qui ne veulent pas, plus, n’ont jamais voulu, d’Europe.

La crainte pour l’avenir s’est transformée en peur de l’autre. Le repli sur soi remplace l’ouverture et l’enrichissement grâce aux différences. L’identité s’oppose à la diversité.

Il y a dans ce double échec — celui de l’absence de mobilisation et celui du refus de l’Europe — une culpabilité lourde et partagée. Celle des politiques français qui n’ont de cesse de faire de la construction européenne un repoussoir. Celle des gouvernants européens qui refusent de construire une Europe sociale et des citoyens et la cantonnent en un espace économique libéral. Celle des médias qui, conscients du peu d’intérêt pour le sujet, l’ont traité à minima, à des heures tardives.

Mais nous ne pouvons, nous éducateurs, nous dédouaner totalement de notre part de responsabilité.

Combien de jumelages, de correspondants, de classes transplantées, de projet Erasmus, Léonardo, Grundtvig, avec d’autres écoles, villes, jeunes, professionnels européens ? Combien de temps, de cours, de débats, d’échanges proposés en classe, en MJC… consacrés à la construction européenne et à son avenir?

Nombre d’enfants savaient le mois dernier qu’ils allaient accompagner leurs parents «voter pour le maire» de leur commune. Combien étaient-ils dimanche à avoir une petite idée de ce que signifiait «voter pour l’Europe»?

S’il n’explique pas tout, ce déficit d’Europe contribue au désintérêt et minimise un sujet qui pourtant n’est pas mineur. Car quoi que l’on en dise — ou pire — que l’on n’en dise pas- la manière dont l’Europe se fait ou se défait à un impact direct sur nos vies : notre avenir passe par l’Europe !

Une étape vient de se jouer et d’être perdue. Il y a en aura d’autres. Il n’est pas trop tard pour réagir. Devenons des éducateurs européens. Accompagnons la formation des citoyens de l’Europe. Ré/enchantons le rêve européen!