Quelle place pour les femmes à la télévision et à la radio ?
La part des femmes présentes à l’antenne progresse, mais…
En 2022, et dans la continuité de 2021, la part des femmes présentes à l’antenne est en progression et atteint pour la première fois un taux de 44%. Cependant, le temps de parole des femmes à l’antenne mesuré est en-deçà avec un taux de 36%, soit au même niveau que 2021. Dans le détail, il est intéressant de noter que les femmes sont plus présentes à la télévision qu’à la radio avec respectivement 46% et 42%. Dans les différentes catégories occupées sur les antennes par les femmes, il y a des progrès dans toutes sauf une, celle des “journalistes et chroniqueuses” avec 42% soit 1 point de moins. En revanche, dans les quatre autres c’est en hausse, c’est-à-dire pour “présentatrices” (50%), “autres intervenantes” (41%), “invitées politiques” (32%) et celle des “expertes” qui est en nette augmentation avec 45%, soit 15 points de plus que 5 ans en arrière. À noter, les femmes sont toujours sous-représentées en politique tant en présence qu’en temps de parole.
En politique, la création d’un gouvernement respectant strictement la parité et la nomination d’une femme au poste de première ministre n’empêche pas une différence significative dans le temps de parole avec seulement 36,5% pour les femmes.
En résumé, ce rapport 2022 révèle des résultats quantitatifs en progrès s’agissant de la présence féminine mais en stagnation en temps de parole.
Des différences entre service public et éditeurs privés, selon l’heure et selon le genre de programmes
Le rapport souligne que le service public obtient de meilleurs résultats dans la présence (+2 points) et le temps de parole (+9 points) des femmes que les services privés. Toutefois, il est important de souligner une différence de présence des femmes aux heures de forte audience télévisées de 18h à 23h avec 5 points de moins que pour le reste de la programmation. La parité à l’antenne, télévisions et radios confondues, est atteinte dans les programmes de magazines… et c’est tout ! En effet, le taux de présence et le temps de parole est au détriment des femmes pour les programmes de divertissement, d’information, de musique et de documentaire. En ce qui concerne les programmes sportifs, les femmes y sont largement sous-représentées avec à peine 21% de présence et 11% de temps de parole. Il y a des points positifs comme les progrès réalisés dans les programmations de sujets de lutte contre les préjugés sexistes et des violences faites aux femmes. Enfin, 42% des fictions diffusées en 2022 peuvent se prévaloir d’un caractère non-stéréotypé, 1 point de plus que 2021 mais encore minoritaire.
La représentation des femmes dans les publicités télévisées s’améliore, mais…
L’Arcom a examiné 2 310 publicités diffusées et a analysé les champs lexicaux utilisés dans les scripts publicitaires et la répartition femmes-hommes des audiences. Cinq ans après la parution des premiers constats, l’Arcom a actualisé son étude en relevant plusieurs évolutions positives. Ainsi, les femmes deviennent majoritaires dans les publicités, tous rôles confondus, avec 51% contre 46% en 2017. Les publicités représentent plus de femmes que d’hommes s’adonnant à des activités scientifiques et à la conduite, avec 58% mais cela reste insuffisant pour les activités informatiques (38%). En revanche, la répartition femmes-hommes au sein des différentes catégories de produits est toujours porteuse de stéréotypes de genre. Citons par exemple une majorité de femmes représentées pour les produits d’entretien du corps et le secteur de l’habillement et du luxe, alors que c’est une majorité d’hommes pour les jeux d’argent et l’automobile. Un autre point à améliorer est la sexualisation des corps. Les femmes restent toujours beaucoup plus sexualisées et dénudées que les hommes. En effet, il y a plus de publicités présentant uniquement des femmes sexualisées ou dénudées que pour les hommes (56 points d’écart pour la sexualisation et 25 points pour la nudité). Enfin, les stéréotypes de genre persistent avec des publicités pour des produits associés à un stéréotype de genre présentant beaucoup plus de personnages (et encore plus de voix hors champ) du genre associé à celui-ci (72% d’hommes pour des produits dits “masculins” et 76% de femmes pour des produits dits “féminins”). Les activités majoritairement occupées par des femmes sont associées à des stéréotypes féminins comme la couture (100% !) ou encore prendre soin de son apparence (81%), la réciproque est vraie pour les stéréotypes masculins.
En conclusion, il est essentiel de rappeler que l’action de l’Arcom comporte deux dimensions : une action de contrôle et une action d’incitation. L’Autorité intervient ponctuellement auprès des médias audiovisuels en cas, notamment, de diffusion de propos proscrits par la loi, renforçant les stéréotypes sexistes ou minimisant les violences faites aux femmes, elle met en œuvre, parallèlement, de nombreuses actions dites “positives” dans le but d’encourager des représentations plus égalitaires. Les deux récentes publications rendent compte de l’ensemble de ces actions et de constats qui peuvent s’en dégager. L’UNSA Éducation soutient le travail de l’Arcom et son engagement à agir contre toutes les formes de discriminations et à les faire disparaitre. Les antennes audiovisuelles doivent représenter égalitairement femmes et hommes, comme dans le reste de notre société. Pour l’UNSA Éducation, la formation des personnels de l’éducation sur la thématique du genre est nécessaire. Ces formations doivent être axées plus particulièrement sur la déconstruction des stéréotypes.
Pour aller plus loin :