Projet de budget enseignement supérieur et recherche : un manque cruel de moyens et d’ambition !
Ainsi, et alors que le nombre d’étudiantes et d’étudiants n’a jamais été aussi élevé, que les besoins de progrès scientifiques n’ont jamais été aussi cruciaux et que les opérateurs éprouvent déjà de fortes difficultés financières, l’État, s’apprête à hypothéquer gravement l’avenir de notre société par un manque criant d’investissement et d’ambition pour l’ESR.
Plus en détail, pour le périmètre ministériel ESR (MESR), le programme “Formations supérieures et recherche universitaire” (P150) ne progresse que de +273 millions d’euros courant (M€) en crédits de paiement (CP) et de +72 M€ en autorisation d’engagement (AE) ; le programme “Recherches scientifiques et technologiques pluridisciplinaires” (P172) croît de +348 M€ en CP et +552 M€ en AE ; le programme “Vie étudiante augmente” de +196 M€ en CP et de +221 M€ en AE.
C’est bien la loi de programmation de la recherche (LPR) et son protocole associé, signé par l’UNSA et le SNPTES, qui permettent de sauver une croissance budgétaire de deux programmes P150 et P172. Rappelons que la LPR prévoit pour 2024 une évolution de + 144 M€ en CP du P150 et 324 M€ en CP du P172.
On peut mettre au crédit du MESR la volonté de répondre à la précarité étudiante avec, une réforme des bourses (+400 M€), le gel des loyers des logements des œuvres universitaires, le maintien du repas à 1€, etc. Ces diverses mesures seraient soutenues par un accroissement des budgets de +550 M€ selon le dossier de presse du MESR —variations que nous ne retrouvons pas dans l’évolution du P231. Rappelons tout de même que la précarité étudiante s’installe durablement en France avec un grand nombre d’étudiantes et étudiants qui souffrent de difficultés pour se nourrir, se loger et se soigner. L’UNSA Éducation attend donc un soutien bien plus important pour la jeunesse et renouvelle sa volonté de voir mise en œuvre une allocation universelle d’études.
La démocratisation réelle de l’accès aux études supérieures est un enjeu de société essentiel. Ce nouveau budget n’est pas à la hauteur et ne permettra pas l’accompagnement vers la réussite de tous les étudiants et toutes les étudiantes dès le premier cycle, notamment des plus fragiles socialement et scolairement.
Pas un seul des défis qui se dressent devant notre société ne pourra être relevé sans un enseignement supérieur et une recherche forts : bouleversements climatiques, extinction du vivant, montée des extrémismes… mais aussi, d’autres que le gouvernement définit pourtant comme prioritaires, à l’instar de la ré-industrialisation ou la souveraineté économique. Comment imagine-t-il répondre à ces enjeux sans le plus haut de qualification possible pour nos concitoyennes et concitoyens et sans une recherche de pointe ?
[1] en montant des crédits de paiement à euros constants