Pour l’éducation en milieu rural, enfin une politique éducative adaptée  ?

36 % des écoles, 20 % des élèves sont des ruraux. Et pourtant, la ruralité fait toujours l’objet d’une politique éducative par défaut. Plusieurs missions s’y intéressent et des rapports arrivent sur cette question, pas neuve, mais toujours d’actualité. Pour enfin aboutir à une  politique de service public d’éducation spécifique? Et laquelle ?

Des spécificités territoriales méconnues

« Les dernières grandes études sur les conséquences de la ruralité sur la réussite scolaire datent de 1995. L’absence de données statistiques entraîne pour la ruralité une politique scolaire par défaut, sans portage politique au niveau national, à l’inverse de la politique de la ville. » Premier constat de la mission d’information émanant du Sénat, dans un rapport rendu mi-octobre 2019. L’origine sociale a toujours prévalu sur l’origine territoriale des enfants et jeunes, pour cibler les moyens alloués par l’ Education Nationale. Pourtant, les contraintes géographiques pèsent sur la réussite de chacun.e. De nombreuses études le documentent : autocensure pour l’orientation, fracture numérique, assignation à résidence, opportunités culturelles ou professionnelles réduites, fragilités économiques et sociales, … C’est l’objet du travail engagé par Salomé Berlioux, fondatrice de l’association Chemins d’Avenir, qui doit mener une étude pour le MENJ intitulée « travaux à mener en matière d’orientation et d’égalité des chances dans la France des zones rurales et des petites villes ».

Des préconisations, pas toutes pertinentes
La mission du Sénat publie un certain nombre de préconisations pour donner vie à une politique éducative qui prenne en compte les besoins de la ruralité :
– création d’un observatoire de la scolarité en milieu rural
– recours à un indice d’éloignement géographique pour une allocation plus juste des moyens
– inscrire les établissements ruraux dans une logique d’animation et de développement du territoire
– mise en place d’une politique de priorisation académique
– revoir en profondeur la politique d’éducation prioritaire, une politique progressive et actualisable en fonction de l’évolution territoriale et sociale doit être mise en place.
– prendre en compte les spécificités de l’enseignement en milieu rural et en REP dans la formation initiale et de mettre en place un parcours « spécialisé » rural comprenant une certification spécifique
– renouer un dialogue de confiance entre les collectivités locales et l’éducation nationale
– inscrire les conventions ruralité dans une perspective plus large intégrant aménagement du territoire, périscolaire et extrascolaire.
Si le travail de mission parlementaire a le mérite de mettre en lumière cette problématique, ses préconisations ne sont pas toutes pertinentes car méconnaissant parfois la réalité des situations professionnelles. Par exemple, de nombreuses Espé ont inscrit dans leur programmes de formation l’enseignement en classes multi-niveaux, qui est loin de concerner uniquement  la ruralité. Il n’y a pas une spécificité à enseigner en milieu rural qui nécessiterait une certification. Quels contenus  pour cette certification ? Ethnographique? Géographique ? Sociologique ? Mais alors, il en irait de même pour enseigner en milieu urbain…Autre exemple, concernant l’inscription des  établissements ruraux dans une logique d’animation et de développement du territoire. C’est déjà le cas dans de très nombreuses communes ou intercommunalités, et cela repose sur des équipes volontaires, qui travaillent par projet. Ce qui leur faut, à ces équipes c’est du temps donné pour reconnaître leur engagement au service de la réussite des élèves et du développement rural, et de l’accompagnement et de la pérennité pour leurs projets, pas des injonctions nouvelles.


L’UNSA Éducation revendique la prise en compte des des particularités des environnements dans la construction des politiques éducatives territoriales et dans la répartition des moyens de l’État. Certains territoires concentrent des populations fragiles dans des zones paupérisées, y compris en  ruralité. L’Unsa Éducation affirme la nécessité d’y mettre des moyens renforcés.


Nos autres articles sur ce sujet :

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Des spécificités territoriales méconnues

« Les dernières grandes études sur les conséquences de la ruralité sur la réussite scolaire datent de 1995. L’absence de données statistiques entraîne pour la ruralité une politique scolaire par défaut, sans portage politique au niveau national, à l’inverse de la politique de la ville. » Premier constat de la mission d’information émanant du Sénat, dans un rapport rendu mi-octobre 2019. L’origine sociale a toujours prévalu sur l’origine territoriale des enfants et jeunes, pour cibler les moyens alloués par l’ Education Nationale. Pourtant, les contraintes géographiques pèsent sur la réussite de chacun.e. De nombreuses études le documentent : autocensure pour l’orientation, fracture numérique, assignation à résidence, opportunités culturelles ou professionnelles réduites, fragilités économiques et sociales, … C’est l’objet du travail engagé par Salomé Berlioux, fondatrice de l’association Chemins d’Avenir, qui doit mener une étude pour le MENJ intitulée « travaux à mener en matière d’orientation et d’égalité des chances dans la France des zones rurales et des petites villes ».

Des préconisations, pas toutes pertinentes
La mission du Sénat publie un certain nombre de préconisations pour donner vie à une politique éducative qui prenne en compte les besoins de la ruralité :
– création d’un observatoire de la scolarité en milieu rural
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– inscrire les établissements ruraux dans une logique d’animation et de développement du territoire
– mise en place d’une politique de priorisation académique
– revoir en profondeur la politique d’éducation prioritaire, une politique progressive et actualisable en fonction de l’évolution territoriale et sociale doit être mise en place.
– prendre en compte les spécificités de l’enseignement en milieu rural et en REP dans la formation initiale et de mettre en place un parcours « spécialisé » rural comprenant une certification spécifique
– renouer un dialogue de confiance entre les collectivités locales et l’éducation nationale
– inscrire les conventions ruralité dans une perspective plus large intégrant aménagement du territoire, périscolaire et extrascolaire.
Si le travail de mission parlementaire a le mérite de mettre en lumière cette problématique, ses préconisations ne sont pas toutes pertinentes car méconnaissant parfois la réalité des situations professionnelles. Par exemple, de nombreuses Espé ont inscrit dans leur programmes de formation l’enseignement en classes multi-niveaux, qui est loin de concerner uniquement  la ruralité. Il n’y a pas une spécificité à enseigner en milieu rural qui nécessiterait une certification. Quels contenus  pour cette certification ? Ethnographique? Géographique ? Sociologique ? Mais alors, il en irait de même pour enseigner en milieu urbain…Autre exemple, concernant l’inscription des  établissements ruraux dans une logique d’animation et de développement du territoire. C’est déjà le cas dans de très nombreuses communes ou intercommunalités, et cela repose sur des équipes volontaires, qui travaillent par projet. Ce qui leur faut, à ces équipes c’est du temps donné pour reconnaître leur engagement au service de la réussite des élèves et du développement rural, et de l’accompagnement et de la pérennité pour leurs projets, pas des injonctions nouvelles.


L’UNSA Éducation revendique la prise en compte des des particularités des environnements dans la construction des politiques éducatives territoriales et dans la répartition des moyens de l’État. Certains territoires concentrent des populations fragiles dans des zones paupérisées, y compris en  ruralité. L’Unsa Éducation affirme la nécessité d’y mettre des moyens renforcés.


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