Pilier de la République
Depuis début janvier –et les événements tragiques et inacceptables qui nous ont tous meurtris- l’éducation à la citoyenneté est dans tous les discours, toutes les attentions, toutes les têtes. Chacun propose les bonnes pistes, les démarches incontournables, les éléments essentiels.
Parmi les piliers qui structurent institutionnellement la République, la constitution reconnait les fonctions démocratiques des partis politiques, des associations, des syndicats.
Alors que se déroule le congrès national de notre union, l’UNSA, il est intéressant de réfléchir aux rapports entretenu entre les jeunes et les syndicats.
Le constat est inquiétant. Si seulement 8% des salariés sont syndiqués, cela ne concerne que 2% des jeunes dans le monde du travail.
Questions d’utilité ? Peut-être. Mais aussi –et certainement, surtout- questions de culture et de représentation.
On peut certes se demander ce qu’est un syndicat et à quoi il sert. Il est également important de s’interroger sur ce qu’en savent ou connaissent les jeunes. Cela questionne donc la manière dont le fait syndical est présent dans les lieux d’éducation et de formation.
Force est de constater, dans une éducation politique très –trop- faible, que l’histoire, l’utilité, le rôle des organisations syndicales sont très –trop- mal connus. L’école – à l’exception de certaines filières- l’enseigne peu. L’éducation populaire –aujourd’hui- travaille peu –mal souvent- avec les syndicats. Dans de nombreux cursus de formation professionnelle, la présentation -voire l’intervention- des syndicats est exclue.
Image limitée.
Où se forge alors l’image des organisations syndicales ?
Dans les médias d’abord. Mais leur fonctionnement impose de rendre compte de l’actualité « chaude », des scoops, des difficultés… Ils montrent donc essentiellement des syndicats qui appellent à la grève, qui manifestent, qui s’opposent… qui disent « NON ! ».
Image faussée.
Est-elle plus fiable dans l’entreprise ? Souvent la rencontre du jeune salarié avec le syndicat va se faire lorsqu’un problème survient. Ce n’est pas toujours le meilleur moment pour faire un choix de fond, pour bien comprendre les valeurs et les orientations des syndicats présents, pour trouver l’organisation en phase avec sa propre conception des relations sociales.
Image tronquée.
À cela, il faut aussi ajouter les discours parfois caricaturaux que tiennent certains syndicats, les surenchères qu’ils portent et qui les décrédibilisent, les actions datées et souvent peu inventives qu’ils mènent et qui n’attirent pas.
Image dégradée.
Quelles en sont les conséquences ?
Un faible taux de syndicalisation et peu, très peu, trop peu de jeunes. Des salariés jeunes qui ne connaissent ni leur droits ni les moyens de les faire respecter. Une démocratie sociale difficile à mettre en œuvre.
Bonne surprise –peut-être parce que son appareil est moins lourd, parce qu’un important travail a été mené en leur direction, parce nous cherchons à faire du syndicalisme autrement- à l’UNSA, il y a des jeunes, au congrès de l’UNSA, il y a des jeunes, militants, investis, dynamiques, actifs.
Oh bien entendu, pas encore assez nombreux, pas suffisamment aux responsabilités, mais il y a des progrès.
Cela relève de notre responsabilité.
Pas pour faire moderne. Pas parce que c’est à la mode. Pas par jeunisme.
Parce que cela fait partie de notre mission d’éducateur.
Parce que l’action syndicale participe à l’émancipation.
Parce qu’il faut que le syndicalisme renoue avec la démarche d’éducation citoyenne, d’éducation « ouvrière », d’éducation populaire.
Parce que ce n’est qu’à cette condition que les syndicats peuvent être le pilier fort, solide, structurant de la démocratie, indispensable à notre République.