Pas de réforme sans les personnels
Nul ne peut réussir une réforme de l’éducation sans les personnels, encore moins contre eux.
Tout en soutenant l’essentielles des mesures prises dans le cadre de la Refondation de l’Ecole de la République, l’UNSA Education, et ses syndicats, a rappelé cette évidence à de nombreuses reprises aux ministres de l’Education nationale qui se sont succédés durant ce quinquennat.
Plusieurs fois également nous avons insisté sur l’indispensable accompagnement de la réforme par les cadres pédagogiques que sont les personnels d’inspection et de direction. Autant dire que sur ce point nos conseils ont été assez mal suivis. Il en découle un grand mal-être exprimé cette semaine par le SNPDEN-UNSA, soutenu par sa fédération, au nom des personnels des chefs d’établissement qu’il représente très majoritairement.
Ils étaient entre 3500 et 4000 chefs d’établissements, rassemblés devant les rectorats de leurs académies à l’appel du SNDEN-UNSA. Un grand ras-le-bol, rarement exprimé publiquement par cette profession qui a l’habitude d’enchaîner les semaines de 60 heures sans broncher. Et que demandent-ils ? Travailler, justement… ou plutôt POUVOIR travailler.
Pouvoir mener à bien les missions qui leur sont confiées, et qui sont de plus en plus nombreuses, pour une reconnaissance rarement exprimée. Car c’est bien sûr eux que s’appuie le gouvernement pour mettre en œuvre une politique de Refondation de l’Ecole dont les personnels de direction partagent largement les valeurs et les priorités. Pas une crise politique, donc, mais un mécontentement réel et un certain épuisement devant une gouvernance locale qui leur demande tout mais multiplie les injonctions souvent infantilisantes, parfois contradictoires, en oubliant quelque peu l’autonomie des EPLE et l’expertise pédagogique et managériale qui est la leur.
« Cohérence, confiance, reconnaissance » : voilà les 3 mots d’ordre que l’on a vu apparaître sur les banderoles portées par les personnels de direction en ce mercredi 21 septembre 2016. Rien d’extraordinaire à solliciter ces trois valeurs de base dans les rapports et les échanges avec leurs autorités hiérarchiques.
Et pourtant, ce qui laisse perplexe… c’est que ces banderoles sont les mêmes que celles déjà brandies il y a 10 ans : les trois mêmes mots… le même appel à une gouvernance respectueuses de ce qu’ils sont et ce qu’ils donnent.
Et si, 10 ans après, on les laissait enfin travailler ?