Nouveau rapport sur l’orientation et l’égalité des chances: il est temps d’agir!

Une nouvelle mission qui liste 25 préconisations pour l'orientation et l'égalité des chances dans la France des zones rurales.

Le 5 mars dernier, Salomé Berlioux a remis un nouveau rapport au ministère intitulé «Orientation et égalité des chances dans la France des zones rurales et des petites villes, restaurer la promesse républicaine».

La présidente et fondatrice de l’association «Chemins d’avenirs» qui est engagée en faveur des élèves des territoires isolés dit «périphériques», s’est vue confier une mission. Elle nous rappelle que les origines géographiques et sociales continuent d’influer fortement sur les choix et perspectives d’orientation des élèves. Ces éléments sont établis, nombre de rapports et études ont été publiés sur le sujet : il faut donc les prendre en compte.

La lutte contre les inégalités et la prise en compte de la diversité des territoires sont au cœur des revendications de l’Unsa Éducation. Nous considérons qu’il est urgent d’agir et de donner les mêmes chances de réussite à nos jeunes, quelles que soient leurs origines sociales et géographiques. Pour se faire, il nous semble indispensable de répondre aux besoins des jeunes issus du monde rural en prenant en compte les difficultés qui leur sont propres.

La mission constate la nécessité d’avoir un regard spécifique sur les jeunes des zones rurales en matière d’orientation. Une analyse détaillée est proposée des différents obstacles qui freinent les perspectives et le potentiel de ces jeunes. Des réponses adaptées sont nécessaires alors que la ruralité n’est pas prise en compte dans les politiques publiques.
La première partie du rapport dresse des constats plutôt bien documentés notamment en statistiques. Elles sont essentiellement issues de l’étude de la fondation Jean Jaurès «Jeunes des villes, jeunes des champs : la lutte des classes n’est pas finie», une enquête auprès des 17-23 ans.
Une série d’obstacles est recensée autour de 4 problématiques :
– l’accès à l’information auxquels les jeunes ruraux accèdent difficilement pour plusieurs raisons. Leurs familles sont moins informées et les structures type salon de l’orientation ou CIO manquent. Concernant les équipes pédagogiques, les enseignants manquent de temps et de formation. Quand aux psy-EN, leurs effectifs sont  réduits et leurs secteurs d’intervention très vastes.
– les aspirations et les phénomènes d’autocensure. L’absence de modèle est une réalité et certaines représentations en milieu rural sont encore redoutables. Par exemple, comment donner envie de faire un métier dans la Recherche scientifique quand on ne côtoie jamais de chercheurs ?
– la fracture digitale avec des problèmes de connexion Internet et une utilisation restreinte du numérique et de ses possibilités en matière d’orientation.
– les fragilités économiques de certains territoires : les écarts sociaux entre territoires et entre établissements sont une réalité et conduisent à des perspectives d’orientation moindre.
– l’accès aux opportunités est une vraie problématique. L’éloignement dans les domaines culturels, sportifs et de loisirs ont un impact sur l’avenir des jeunes. Les distances à parcourir sont un frein.

La deuxième partie du rapport liste 25 préconisations autour de 4 thématiques en matière d’orientation et d’égalité des chances. L’objectif affiché est la construction d’une politique volontariste pour ne pas laisser une partie de la jeunesse au bord de la route.
Plusieurs propositions s’inspirent des actions existantes en faveur des quartiers populaires. La mission nous rappelle qu’il est indispensable de mener une politique d’ampleur pour les territoires qui cumulent des difficultés. Sans opposer les territoires, il est donc proposé de reprendre des dispositifs reconnus et qui contribuent à lutter contre les inégalités :
– mettre en place une prime équivalente à la prime REP et une prime d’installation pour l’affectation de longue durée : c’est une des mesures proposées pour améliorer la stabilisation des équipes dans les établissements ruraux non attractifs
– mener des programmes spécifiques pour l’émancipation des jeunes femmes issues de la ruralité pour lutter contre les préjugés genrés et une orientation vers des professions stéréotypées
– généraliser des dispositifs de mentorat dédiés aux jeunes ruraux et des petites villes.
– mettre en place un programme avec des ambassadeurs type «nos quartiers ont des talents» pour valoriser les réussites des jeunes des territoires isolés.
– Proposer des stages aux jeunes ruraux via le dispositif monstagede3eme.fr qui permet aux collégiens en REP/REP+ d’acccéder à une plateforme comprenant 30 000 stages dans les entreprises et les services de l’État. Il est bien précisé que des dispositifs seront nécessaires pour répondre à la difficulté de l’éloignement géographique.
– labelliser 30 territoires éducatifs en s’inspirant des cités éducatives mises en place dans les quartiers prioritaires

Autre proposition importante : l’orientation doit être au cœur des projets pédagogiques des établissements ruraux. Il est préconisé d’y intégrer un triptyque « information, orientation et ambition » qui comprendrait notamment « le doublement des heures dédiées à la préparation du secondaire dès la 4e » ou « un travail mené dès la 6e sur la connaissance de soi, de ses aspirations et sur la confiance en soi ». De plus, la mission  souhaite le « renforcement systématique du dispositif des Cordées de la réussite dans ces établissements »

Pour l’Unsa Éducation, certaines mesures sont intéressantes et iraient dans le bon sens. D’autres ne sont pas acceptables. Nous partageons le constat que les équipes éducatives, notamment les enseignants et les Psy-EN, doivent être au cœur de l’orientation des élèves. Bien sûr nous considérons que les secteurs d’intervention des Psy-EN doivent être réduits afin de leur permettre d’accompagner au mieux les élèves. En revanche, à nouveau on voit remettre sur la table la question de la formation des équipes en dehors du temps scolaire et pendant les vacances. Cela ne devra pas être imposé aux équipes.

Nous souhaitons que ce rapport conduise à la mise en place d’actions qui remédient aux difficultés connues des élèves des zones rurales et petites villes. Il prend le soin de se fixer comme cadre, de ne pas opposer les quartiers populaires aux zones rurales. Pour l’Unsa Éducation, c’est un préalable indispensable. De plus, la question du financement de ces mesures, devra impérativement être pris en compte.
Le temps de l’analyse est passé, il est temps d’agir!

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Le 5 mars dernier, Salomé Berlioux a remis un nouveau rapport au ministère intitulé «Orientation et égalité des chances dans la France des zones rurales et des petites villes, restaurer la promesse républicaine».

La présidente et fondatrice de l’association «Chemins d’avenirs» qui est engagée en faveur des élèves des territoires isolés dit «périphériques», s’est vue confier une mission. Elle nous rappelle que les origines géographiques et sociales continuent d’influer fortement sur les choix et perspectives d’orientation des élèves. Ces éléments sont établis, nombre de rapports et études ont été publiés sur le sujet : il faut donc les prendre en compte.

La lutte contre les inégalités et la prise en compte de la diversité des territoires sont au cœur des revendications de l’Unsa Éducation. Nous considérons qu’il est urgent d’agir et de donner les mêmes chances de réussite à nos jeunes, quelles que soient leurs origines sociales et géographiques. Pour se faire, il nous semble indispensable de répondre aux besoins des jeunes issus du monde rural en prenant en compte les difficultés qui leur sont propres.

La mission constate la nécessité d’avoir un regard spécifique sur les jeunes des zones rurales en matière d’orientation. Une analyse détaillée est proposée des différents obstacles qui freinent les perspectives et le potentiel de ces jeunes. Des réponses adaptées sont nécessaires alors que la ruralité n’est pas prise en compte dans les politiques publiques.
La première partie du rapport dresse des constats plutôt bien documentés notamment en statistiques. Elles sont essentiellement issues de l’étude de la fondation Jean Jaurès «Jeunes des villes, jeunes des champs : la lutte des classes n’est pas finie», une enquête auprès des 17-23 ans.
Une série d’obstacles est recensée autour de 4 problématiques :
– l’accès à l’information auxquels les jeunes ruraux accèdent difficilement pour plusieurs raisons. Leurs familles sont moins informées et les structures type salon de l’orientation ou CIO manquent. Concernant les équipes pédagogiques, les enseignants manquent de temps et de formation. Quand aux psy-EN, leurs effectifs sont  réduits et leurs secteurs d’intervention très vastes.
– les aspirations et les phénomènes d’autocensure. L’absence de modèle est une réalité et certaines représentations en milieu rural sont encore redoutables. Par exemple, comment donner envie de faire un métier dans la Recherche scientifique quand on ne côtoie jamais de chercheurs ?
– la fracture digitale avec des problèmes de connexion Internet et une utilisation restreinte du numérique et de ses possibilités en matière d’orientation.
– les fragilités économiques de certains territoires : les écarts sociaux entre territoires et entre établissements sont une réalité et conduisent à des perspectives d’orientation moindre.
– l’accès aux opportunités est une vraie problématique. L’éloignement dans les domaines culturels, sportifs et de loisirs ont un impact sur l’avenir des jeunes. Les distances à parcourir sont un frein.

La deuxième partie du rapport liste 25 préconisations autour de 4 thématiques en matière d’orientation et d’égalité des chances. L’objectif affiché est la construction d’une politique volontariste pour ne pas laisser une partie de la jeunesse au bord de la route.
Plusieurs propositions s’inspirent des actions existantes en faveur des quartiers populaires. La mission nous rappelle qu’il est indispensable de mener une politique d’ampleur pour les territoires qui cumulent des difficultés. Sans opposer les territoires, il est donc proposé de reprendre des dispositifs reconnus et qui contribuent à lutter contre les inégalités :
– mettre en place une prime équivalente à la prime REP et une prime d’installation pour l’affectation de longue durée : c’est une des mesures proposées pour améliorer la stabilisation des équipes dans les établissements ruraux non attractifs
– mener des programmes spécifiques pour l’émancipation des jeunes femmes issues de la ruralité pour lutter contre les préjugés genrés et une orientation vers des professions stéréotypées
– généraliser des dispositifs de mentorat dédiés aux jeunes ruraux et des petites villes.
– mettre en place un programme avec des ambassadeurs type «nos quartiers ont des talents» pour valoriser les réussites des jeunes des territoires isolés.
– Proposer des stages aux jeunes ruraux via le dispositif monstagede3eme.fr qui permet aux collégiens en REP/REP+ d’acccéder à une plateforme comprenant 30 000 stages dans les entreprises et les services de l’État. Il est bien précisé que des dispositifs seront nécessaires pour répondre à la difficulté de l’éloignement géographique.
– labelliser 30 territoires éducatifs en s’inspirant des cités éducatives mises en place dans les quartiers prioritaires

Autre proposition importante : l’orientation doit être au cœur des projets pédagogiques des établissements ruraux. Il est préconisé d’y intégrer un triptyque « information, orientation et ambition » qui comprendrait notamment « le doublement des heures dédiées à la préparation du secondaire dès la 4e » ou « un travail mené dès la 6e sur la connaissance de soi, de ses aspirations et sur la confiance en soi ». De plus, la mission  souhaite le « renforcement systématique du dispositif des Cordées de la réussite dans ces établissements »

Pour l’Unsa Éducation, certaines mesures sont intéressantes et iraient dans le bon sens. D’autres ne sont pas acceptables. Nous partageons le constat que les équipes éducatives, notamment les enseignants et les Psy-EN, doivent être au cœur de l’orientation des élèves. Bien sûr nous considérons que les secteurs d’intervention des Psy-EN doivent être réduits afin de leur permettre d’accompagner au mieux les élèves. En revanche, à nouveau on voit remettre sur la table la question de la formation des équipes en dehors du temps scolaire et pendant les vacances. Cela ne devra pas être imposé aux équipes.

Nous souhaitons que ce rapport conduise à la mise en place d’actions qui remédient aux difficultés connues des élèves des zones rurales et petites villes. Il prend le soin de se fixer comme cadre, de ne pas opposer les quartiers populaires aux zones rurales. Pour l’Unsa Éducation, c’est un préalable indispensable. De plus, la question du financement de ces mesures, devra impérativement être pris en compte.
Le temps de l’analyse est passé, il est temps d’agir!