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Lutte contre le harcèlement : un agenda bien trop serré pour un sujet si important

Alors même que le harcèlement est un enjeu crucial aujourd’hui sur lequel la mobilisation doit être générale, le ministère crée une tension inutile. En effet, en plein congés scolaires les écoles et les établissements viennent tout juste d’être informées de la banalisation de 2h et de la passation d’un questionnaire entre le 9 et le 15 novembre. Depuis des semaines nous alertons sur la nécessité de la clarté et de ne pas informer nos collègues trop tardivement. Ce délai si court risque de rebuter alors qu’il devrait susciter la totale adhésion indispensable des équipes pédagogiques pour la réussite de ces 2 heures.

Le harcèlement scolaire n’est pas un simple sujet mais un phénomène inscrit dans notre société et à l’école aux conséquences dramatiques. Aujourd’hui les personnels de l’Éducation sont totalement rangés à l’idée qu’il faut agir en profondeur. Ce qui veut dire élargir le champ des métiers engagés dans la démarche de la détection comme du traitement, par l’information et la formation, l’acculturation à une démarche continue de toutes et tous, y compris aussi les familles et les parties prenantes du hors scolaire.

Il est une autre évidence qu’une telle action demande le temps d’une préparation sur mesure et sur le moyen terme d’abord pour que les personnels plus directement impliqués lors du lancement du questionnaire y contribuent avec efficacité et compétence, surtout lorsqu’il s’agit d’une question aussi sensible et personnelle qui concerne les élèves et leurs familles.

Malgré nos demandes réitérées auprès de notre ministère, depuis quelques semaines, d’annoncer la journée banalisée de manière à donner du temps aux écoles, aux établissements et à leurs équipes pédagogiques de s’organiser, celui-ci a tergiversé inexplicablement et différé cette annonce pour en faire état pendant une période de congés scolaires, proposant finalement un délai trop court de trois à dix jours au retour des congés pour organiser la journée banalisée.

Des collègues déjà engagés dans « Phare » seront sans doute prêts à agir dès le 9 novembre mais pour d’autres il faudra leur laisser le temps.

La lutte contre le harcèlement, notamment scolaire, est un sujet sérieux à traiter sans tarder. Mais un sujet aussi sérieux mérite aussi une préparation sérieuse afin de mobiliser largement, efficacement et durablement. Au-delà de cette journée en elle même c’est bien l’investissement des équipes, la capacité à mobiliser dans la durée qui est essentielle.

L’UNSA Éducation s’associera sans réserve à cette mobilisation nationale de lutte contre le harcèlement scolaire qui engage désormais de manière obligatoire toutes les écoles et tous les établissements avec le programme Phare ; mais nous comprenons l’agacement de nos collègues et déplorons les grandes difficultés auxquels vont être confrontées lors de la journée banalisée les équipes pédagogiques les moins préparées, parce qu’elles sont moins familières de la question. Il leur faudra sans doute un temps nécessaire qu’elles n’auront pas du fait de cette annonce ministérielle déconnectée du temps scolaire. Nous n’attendons pas de cette journée qu’elle nous fournisse des statistiques sur le harcèlement mais bel et bien qu’elle aide à construire une réponse en milieu scolaire à un fléau qu’on ne peut désormais minimiser.

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