Analyses et décryptages

Un nouveau schéma pour la formation initiale des enseignantes et enseignants

L’UNSA Éducation est pour une formation universitaire professionnalisante, plus attractive et de haut niveau pour les futurs enseignants et enseignantes. Elle le répète depuis de nombreuses années avec constance. Nous critiquons néanmoins vivement des décisions et un calendrier suspendus aux annonces du Président de la République. Nous voulons au contraire, que la réforme de la formation initiale des enseignants soit le fruit d’un travail collégial et interministériel, fait dans le respect des personnels investis dans ces formations.

Côté Ministère de l’Éducation Nationale et de la Jeunesse, une présentation orale de l’architecture de la réforme a été faite par la ministre. Cette réforme sera mise progressivement en œuvre avec de premiers concours prévus en avril 2025 au niveau L3 (fin de licence), ce qui demande aux universités de proposer aux étudiants et étudiantes un module de préparation à ces nouveaux concours pour devenir enseignant et enseignante du 1er et 2nd degré, dès la rentrée 2024. Les lauréats de ces concours entreront alors en master dans les Inspé avec un statut de stagiaire alternant en master 1, pour un jour et demi de présence en classe en pratique accompagnée et avec une indemnité de 900 euros par mois. Puis avec, un statut de fonctionnaire stagiaire en M2, pour une présence en classe à mi-temps en responsabilité, et une rémunération de 1800 euros.

A l’issue de ces deux années, il s’agira de valider le master selon les règles universitaires en vigueur, puis d’être titularisé, ce qui entrainera un engagement à servir l’État de cinq ans, comme c’est le cas dans d’autres parcours rémunérés de la fonction publique (IRA par exemple). Pour les professeurs de écoles, des licences spécifiques de préparation seront créées (LPPE), une par académie a minima, à partir de septembre 2025. Les futurs professeurs du second degré continueront à se former dans les licences disciplinaires. Les autres voies de concours continueront d’exister. Une nouvelle structure de pilotage de ces parcours de la L1 au Master 2 sera créée, appelée Ecole Normale Supérieure du Professorat, incluant MENJ ET MESR, aux contours non encore stabilisés. Une phase transitoire de deux années est prévue avec deux formes de concours (niveau M2 et Niveau L3), et donc deux parcours de formation.

Pour L’UNSA Éducation, la formation des enseignants et enseignantes est un des éléments de l’attractivité des métiers. Elle a subi trop de réformes ces quinze dernières années, mais la baisse continue du nombre de candidat.es aux concours obligent à agir. Le schéma présenté permettra aux étudiants et étudiantes de se former pendant cinq ans autant dans les connaissances disciplinaires que dans  tous les autres aspects du métier, par alternance progressive.

Néanmoins, le planning annoncé, après des mois de tergiversation, nous semble désormais intenable. La création de modules complémentaires, les maquettes des concours et la construction d’une phase transitoire ne sont pourtant pas des éléments à prendre à la légère. Cela nécessite du temps, de la concertation et des moyens. De plus, L’UNSA Éducation s’opposerait à tout calendrier qui séparerait les réformes du premier et du second degré qui doivent être menées de front et en cohérence mutuelle.

Il est en outre impensable de mettre en place une réforme ambitieuse à moyen constant, voire en coupant dans les dépenses. C’est pourtant bien ce qui est fait au MENJ et au MESR après les annulations de crédits de plus d’un milliard et demi pour ces deux ministères. L’UNSA Éducation demande donc que des moyens spécifiques y soient alloués pour éviter les vases communicants et les ponctions sur d’autres formations.

Créer des licences menant au concours de professeur des écoles (LPPE), apportera davantage de clarté sur la voie d’orientation pour devenir enseignant.e dans le Premier Degré. Mais cela doit s’accompagner de passerelles pour ne pas enfermer et permettre des réorientations intégrées dans la maquette d’une licence professionnalisante au contenu académique solide.

 L’UNSA Éducation rappelle son attachement profond à une formation professionnalisante et universitaire des enseignants et enseignantes au niveau master. La création d’une nouvelle structure ne garantit en rien leur niveau de recrutement et de formation. Si le projet aboutit, il devra toujours être le fruit d’une collaboration interministérielle, qui ne mettra pas à mal des personnels investis dans les parcours de formation existants.

La mise en place à marche forcée d’une réforme mal-née, risque de provoquer la colère et l’exaspération légitimes des personnels. Pour l’UNSA Éducation, , il est urgent de restaurer un vrai dialogue social, conjointement avec les deux ministères MESR et MENJ. Aucune réforme ne réussit sans les personnels qui en sont les maitres d’œuvre.  Il faut dès maintenant repenser le calendrier et rassurer les personnels en place qui ne doivent pas être la variable d’ajustement du projet présidentiel. Nous devons nous donner les moyens et le temps de nos ambitions pour construire la formation des enseignants du XXIème siècle.

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