L’UNSA Education alerte le ministère sur l’asphyxie des personnels et du système éducatif
Il est urgent de donner à l’Ecole publique les moyens des ambitions affichées, sinon notre système éducatif ne résistera pas aux crises et à leurs conséquences, ni à la compétition avec les autres secteurs publics et privés en matière d’attractivité de nos métiers.
La crise que nous vivions est sanitaire, mais pas seulement.
La crise sanitaire est actuellement la plus prégnante et le SE-Unsa, le syndicat des enseignant∙es de l’UNSA Education, a déposé une alerte sociale pour le premier degré. Il s’agit en particulier, encore et encore, de dénoncer la mise en porte-à-faux des personnels par une communication simple à l’opinion publique traduite ensuite en consignes intenables. Le SE-Unsa attend des réponses à ses demandes d’évolutions des procédures en cas d’élèves positifs
La situation est d’autant plus préoccupante que cette pandémie s’installe durablement et connaîtra sûrement encore de nouveaux revirements et, quoi qu’il arrive, est en train de produire des conséquences de long terme sur les personnels, ainsi que sur les apprentissages et la santé de nos élèves.
A ceci s’ajoutent d’autres problématiques qui obèrent la capacité de notre Ecole à être à la hauteur des besoins de notre société. L’UNSA Éducation dénonce l’absence de volonté politique d’investissement fort dans l’Ecole.
Nous connaissons tous l’argumentation du ministre sur la progression nominale du budget de l’Education. Pourtant, en euros constants, si l’on observe la dépense intérieure d’éducation, c’est le constat d’un recul de l’investissement qui est fait. La preuve en est la diminution du budget de l’Education nationale de plus d’un point du PIB par rapport à 1995.
Cette situation aura des conséquences durables.
L’épuisement professionnel nourrit un mal-être désormais bien ancré et partagé par tous les personnels qu’ils soient enseignant∙es, CPE, PsyEN, directeurs∙rices délégué∙es aux formations professionnelles et technologiques, AED, AESH, assistant∙es de services sociaux, infirmier∙ères et médecins d’éducation nationale, personnels administratifs, de direction et d’inspection, personnels techniques de l’éducation nationale, ingénieur∙es et personnels techniques de recherche et de formation, stagiaires ou formateur∙rices.
A tous les niveaux, la multiplication des tâches demandées sans les moyens ni le temps et la visibilité pour leur donner du sens met chacun∙e dans l’impossibilité d’éprouver la satisfaction d’une mission bien accomplie. La conscience professionnelle est mise à l’épreuve par l’écart entre ce qui est affiché, avec une succession de réformes, de créations de dispositifs ou de référent∙es, et ce qu’il est possible de faire réellement. Cela est insupportable aux personnels et cet écart chronique est source de souffrance.
Nous reviendrons tout à l’heure avec un texte intersyndical sur la dernière menace à l’œuvre : le projet d’autorité fonctionnelle des collectivités sur les adjoint∙es gestionnaires des EPLE.
Tout cela produit des effets néfastes sur la santé physique et psychologique des personnels et par répercussion, sur la santé de notre système éducatif.
La crise de l’attractivité, c’est à dire des recrutements mais aussi de l’envie de rester, est en train de devenir un problème majeur. Les conditions de vie au travail sont sérieusement dégradées, le sens de nos métiers – notre moteur – s’en trouve percuté. Les progressions des rémunérations en 2021 et 2022 pour certains personnels sont déjà, ou bien seront rapidement, absorbées par l’inflation et laisseront les autres dans une dégradation sensible de leur pouvoir d’achat.
La dégradation du pouvoir d’achat s’accélère dans un contexte inflationniste qui s’installe. La nouvelle augmentation du SMIC dans quelques jours viendra tasser un peu plus le pied de grille de rémunération des AESH et des catégories C alors que le gouvernement s’entête à ne pas vouloir aborder la question du pouvoir d’achat et du dégel du point d’indice comme s’il était encore possible de reculer.
Il a régulièrement été dit que l’Education nationale avait longtemps privilégié le choix du nombre de postes à celui des rémunérations, comme s’il fallait choisir entre être justement payé pour faire son métier et avoir les moyens de bien le faire.
Nous attendons aujourd’hui pour ce CTMEN la déclinaison par académie des moyens prévus au budget 2022 mais nous savons déjà que, globalement, ils ne seront pas à la hauteur des ambitions. Dans le premier degré, la dotation prévue et l’absence de programmation ne pourront pas satisfaire, par exemple, les besoins d’augmentation de décharge de tous les directeurs ou encore les besoins en personnels spécialisés pour la prévention et le traitement de la grande difficulté scolaire ou des troubles du comportement.
Les conditions d’exercice dans le second degré continueront de se dégrader avec la politique des heures supplémentaires et les classes surchargées. Les autres personnels de l’Education nationale, indispensables au fonctionnement de notre système continueront d’être en sous-effectif dans les données et encore plus dans la réalité du fait des absences non remplacées ou des postes non pourvus. Les moyens dédiés à la formation initiale et continue et aux remplacements continueront à faire défaut.
L’UNSA Education alerte sur l’asphyxie d’une Ecole publique pourtant centrale dans la résilience et le rebond d’une société minée par le pessimisme et les fractures.