L’UE & son Modèle Social pourront-ils gagner cette bataille pour l’Emploi ?

L’Europe a-t-elle ‘les moyens’ de gagner la bataille de la compétitivité grâce à son modèle social ? Telle était la question récurrente de cette rencontre du 25 septembre 2013 organisée à Bruxelles au Parlement Européen, sous l’égide de la commission de l’emploi et des affaires sociales.

Les 4 agences européennes (Cedefop, EU-OSHA, ETF et Eurofound) ont proposé leur vision de la question qui s’est centrée sur l’éducation et la santé au travail dans ce contexte de crise en ciblant la bataille pour l’emploi des jeunes

Tous s’accordent à dire que les politiques d’austérité n’ont pas fonctionné et que notre modèle européen doit renforcer son dialogue social tout en préservant la lutte contre la discrimination et l’intégration sociale. Pour soutenir la solidarité et l’équité, essence de ce modèle, le dialogue social doit s’établir autant au sein des Etats qu’entre les Etats membres afin d’assurer à l’UE une sortie stratégique tenable. Enfin, l’UE doit également observer le fonctionnement de ses voisins pour en tirer des leçons et définir des mesures concrètes en matière de politiques éducatives, de santé, de prévention et d’emploi ; un enjeu vital pour l’UE !

Un marché de l’emploi européen clair sur ses attentes et des agences convaincues en matière d’environnement de travail !
25 % des entreprises souffrent d’une absence de main-d’œuvre par manque de mobilité ou en raison de mauvaises conditions de travail offertes. S’il existe encore, de façon durable, de l’emploi pour une MO aux compétences moyennes, les agences constatent qu’en Europe, 1 adulte sur 5 possède des savoir-faire limités lui bloquant ainsi l’accès à l’emploi. Par ailleurs, et du fait de la crise, les jeunes et les moins jeunes voient leurs qualifications frappées d’obsolescence à force d’enchaîner périodes de chômage et petits ‘jobs’ pour survivre. A l’inverse, des formations de 3ème cycle sont attendues pour combler un besoin en compétences pointues et une nouvelle tendance émerge puisque 20 % des entreprises recherchent des personnes possédant des compétences douces (relations sociales et humaines).
L’accent est donc mis sur le maintien et la possibilité de transfert des compétences afin que les personnes conservent leur ’employabilité’.

Concernant la santé et la sécurité au travail, les agences (Eurofond, EU-OSHA) déclarent qu’il est temps de s’attaquer à la qualité des lieux de travail car elles ont observé que les PME et les micro-entreprises –créatrices d’emplois– n’ont que peu intégré les bienfaits d’un environnement de travail sain et sécurisé. Cependant, partout où l’on note de bonnes conditions de travail et du personnel bien formé, les entreprises sont plus concurrentielles. Les agences ont déclaré que les entreprises ne survivront que si les conditions de travail sont bonnes et la formule phare a été ‘la santé et la sécurité c’est bon pour les affaires’. En effet, le retour d’un investissement dans la prévention est excellent (le retour est de 2.2€ pour 1€ investi selon l’ISSA)

Alors qu’y a-t-il au rayon des solutions concrètes pour l’éducation, la formation et l’employabilité ?
Pour relever le niveau de connaissances et de compétences des adultes, les entreprises pourraient organiser des cycles courts de formation pour renforcer le manque de compétences moyennes ou les mettre à jour (Cedefop).
Pour les formations plus longues, exploiter le potentiel des TICE et des Ressources éducatives libres semblent pertinent (X-Prats-Monné). Pour combler le manque de connaissances techniques des jeunes, les entreprises pourraient accueillir davantage d’apprentis (Cedefop). Pour viser l’adaptabilité aux situations changeantes du marché de l’emploi, il suffirait de développer, dès le plus jeune âge, la ‘fibre entrepreneuriale’ (ETF). Cependant, pour exploiter le potentiel du marché intérieur et la mobilité de la main-d’œuvre, il est important de reconnaître les compétences et les qualifications des personnes (XPM). Ainsi, comme 60 % des entreprises considèrent que les systèmes éducatifs européens ne parviennent pas à former les jeunes pour les besoins attendus, l’entreprise pourrait devenir ‘LA SOLUTION’ aux difficultés financières des Etats membres et deviendrait une ‘entreprise apprenante’ (Cedefop)

Modèle gagnant-gagnant ou tour de Bonneteau ?
En devenant un palliatif aux manques de deniers publics, l’idée de ‘l’entreprise-apprenante’ lancée par le Cedefop associée aux combinaisons ‘public-privé pour l’éducation et la santé’ proposées par Eurofond ou encore les partenariats ‘entreprise-éducation’ évoqués par l’ETF ont une odeur de Partenariat-Public-Privé ( PPP).

En effet, si le besoin en formation est important et multiple, il faut qu’il soit directement rentable puisque l’employabilité des jeunes doit se réaliser en fonction des attentes du marché. Alors, quid de la formation des jeunes générations à l’esprit critique, à la démarche scientifique et aux humanités ? Sous couvert de compétitivité et de solidarité entre Etats, voilà que ces PPP remontent à surface du sillon de la privatisation de l’éducation.

Si ces PPP peuvent améliorer la qualité et la pertinence de l’éducation ou augmenter les possibilités de financement afin que les gouvernements puissent proposer un système éducatif optimal, la plupart des Etats sont très mal préparés à cette collaboration avec le secteur privé et ces modèles ne sont que marginalement bien conçus ; en atteste, le célèbre fiasco financier et sanitaire de l’hôpital Sud-francilien.

Ces propositions qu’avancent les 4 agences sont donc à observer avec beaucoup de recul car, même si la France a fait valoir son principe de ‘subsidiarité’ en matière d’éducation, ces Partenariats Public-Privés sont soutenus en Europe, par la Banque Mondiale, l’OCDE et la BEI.

Enfin, la porosité de nos sociétés aux idées prêtes à l’emploi et  aux recettes simplistes est très forte. D’ailleurs, notre ‘1er de la classe’ en la matière est le Département du Loiret qui, pour diminuer le coût de son impact bio-écologique, entreprend par groupes de bâtisseurs interposés, la construction de cinq collèges dans son département.

Il ne faudrait pas que de ‘gagnant-gagnant’ cette stratégie nous revienne comme un boomerang dans le paysage de notre réforme de l’éducation qui n’a pas encore livré toutes ses promesses.

Pour compléter, lire les réponses de la députée démocrate socialiste slovaque Katarína Neveďalová

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L’Europe a-t-elle ‘les moyens’ de gagner la bataille de la compétitivité grâce à son modèle social ? Telle était la question récurrente de cette rencontre du 25 septembre 2013 organisée à Bruxelles au Parlement Européen, sous l’égide de la commission de l’emploi et des affaires sociales.

Les 4 agences européennes (Cedefop, EU-OSHA, ETF et Eurofound) ont proposé leur vision de la question qui s’est centrée sur l’éducation et la santé au travail dans ce contexte de crise en ciblant la bataille pour l’emploi des jeunes

Tous s’accordent à dire que les politiques d’austérité n’ont pas fonctionné et que notre modèle européen doit renforcer son dialogue social tout en préservant la lutte contre la discrimination et l’intégration sociale. Pour soutenir la solidarité et l’équité, essence de ce modèle, le dialogue social doit s’établir autant au sein des Etats qu’entre les Etats membres afin d’assurer à l’UE une sortie stratégique tenable. Enfin, l’UE doit également observer le fonctionnement de ses voisins pour en tirer des leçons et définir des mesures concrètes en matière de politiques éducatives, de santé, de prévention et d’emploi ; un enjeu vital pour l’UE !

Un marché de l’emploi européen clair sur ses attentes et des agences convaincues en matière d’environnement de travail !
25 % des entreprises souffrent d’une absence de main-d’œuvre par manque de mobilité ou en raison de mauvaises conditions de travail offertes. S’il existe encore, de façon durable, de l’emploi pour une MO aux compétences moyennes, les agences constatent qu’en Europe, 1 adulte sur 5 possède des savoir-faire limités lui bloquant ainsi l’accès à l’emploi. Par ailleurs, et du fait de la crise, les jeunes et les moins jeunes voient leurs qualifications frappées d’obsolescence à force d’enchaîner périodes de chômage et petits ‘jobs’ pour survivre. A l’inverse, des formations de 3ème cycle sont attendues pour combler un besoin en compétences pointues et une nouvelle tendance émerge puisque 20 % des entreprises recherchent des personnes possédant des compétences douces (relations sociales et humaines).
L’accent est donc mis sur le maintien et la possibilité de transfert des compétences afin que les personnes conservent leur ’employabilité’.

Concernant la santé et la sécurité au travail, les agences (Eurofond, EU-OSHA) déclarent qu’il est temps de s’attaquer à la qualité des lieux de travail car elles ont observé que les PME et les micro-entreprises –créatrices d’emplois– n’ont que peu intégré les bienfaits d’un environnement de travail sain et sécurisé. Cependant, partout où l’on note de bonnes conditions de travail et du personnel bien formé, les entreprises sont plus concurrentielles. Les agences ont déclaré que les entreprises ne survivront que si les conditions de travail sont bonnes et la formule phare a été ‘la santé et la sécurité c’est bon pour les affaires’. En effet, le retour d’un investissement dans la prévention est excellent (le retour est de 2.2€ pour 1€ investi selon l’ISSA)

Alors qu’y a-t-il au rayon des solutions concrètes pour l’éducation, la formation et l’employabilité ?
Pour relever le niveau de connaissances et de compétences des adultes, les entreprises pourraient organiser des cycles courts de formation pour renforcer le manque de compétences moyennes ou les mettre à jour (Cedefop).
Pour les formations plus longues, exploiter le potentiel des TICE et des Ressources éducatives libres semblent pertinent (X-Prats-Monné). Pour combler le manque de connaissances techniques des jeunes, les entreprises pourraient accueillir davantage d’apprentis (Cedefop). Pour viser l’adaptabilité aux situations changeantes du marché de l’emploi, il suffirait de développer, dès le plus jeune âge, la ‘fibre entrepreneuriale’ (ETF). Cependant, pour exploiter le potentiel du marché intérieur et la mobilité de la main-d’œuvre, il est important de reconnaître les compétences et les qualifications des personnes (XPM). Ainsi, comme 60 % des entreprises considèrent que les systèmes éducatifs européens ne parviennent pas à former les jeunes pour les besoins attendus, l’entreprise pourrait devenir ‘LA SOLUTION’ aux difficultés financières des Etats membres et deviendrait une ‘entreprise apprenante’ (Cedefop)

Modèle gagnant-gagnant ou tour de Bonneteau ?
En devenant un palliatif aux manques de deniers publics, l’idée de ‘l’entreprise-apprenante’ lancée par le Cedefop associée aux combinaisons ‘public-privé pour l’éducation et la santé’ proposées par Eurofond ou encore les partenariats ‘entreprise-éducation’ évoqués par l’ETF ont une odeur de Partenariat-Public-Privé ( PPP).

En effet, si le besoin en formation est important et multiple, il faut qu’il soit directement rentable puisque l’employabilité des jeunes doit se réaliser en fonction des attentes du marché. Alors, quid de la formation des jeunes générations à l’esprit critique, à la démarche scientifique et aux humanités ? Sous couvert de compétitivité et de solidarité entre Etats, voilà que ces PPP remontent à surface du sillon de la privatisation de l’éducation.

Si ces PPP peuvent améliorer la qualité et la pertinence de l’éducation ou augmenter les possibilités de financement afin que les gouvernements puissent proposer un système éducatif optimal, la plupart des Etats sont très mal préparés à cette collaboration avec le secteur privé et ces modèles ne sont que marginalement bien conçus ; en atteste, le célèbre fiasco financier et sanitaire de l’hôpital Sud-francilien.

Ces propositions qu’avancent les 4 agences sont donc à observer avec beaucoup de recul car, même si la France a fait valoir son principe de ‘subsidiarité’ en matière d’éducation, ces Partenariats Public-Privés sont soutenus en Europe, par la Banque Mondiale, l’OCDE et la BEI.

Enfin, la porosité de nos sociétés aux idées prêtes à l’emploi et  aux recettes simplistes est très forte. D’ailleurs, notre ‘1er de la classe’ en la matière est le Département du Loiret qui, pour diminuer le coût de son impact bio-écologique, entreprend par groupes de bâtisseurs interposés, la construction de cinq collèges dans son département.

Il ne faudrait pas que de ‘gagnant-gagnant’ cette stratégie nous revienne comme un boomerang dans le paysage de notre réforme de l’éducation qui n’a pas encore livré toutes ses promesses.

Pour compléter, lire les réponses de la députée démocrate socialiste slovaque Katarína Neveďalová