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L’extrême-droite “hors les murs”

À côté de l’extrême-droite représentée par le RN ou Zemmour, de nouvelles formes de courants sont apparus depuis quelques années. En France, ces groupes peuvent être désignés sous le terme d’ultra-droite, c’est-à-dire la frange radicale de l’extrême-droite qui a sombré dans la violence, avec le risque d'une dérive terroriste. Cette dernière gagne en puissance depuis les attentats terroristes des dix dernières années. Le candidat à l’élection présidentielle, Eric Zemmour, tente de séduire et regrouper sous sa bannière l’ultra-droite, celle-ci ayant été progressivement mise au ban de l’extrême-droite de Marine Le Pen dans sa volonté de dédiaboliser son parti. L’UNSA Éducation revient sur cette mouvance idéologique qui gagne du terrain.

Un activisme dangereux

Internet et les réseaux sociaux occupent une place cruciale dans la propagande de ces idéologies extrémistes. Il permet de diffuser largement et facilement leurs idées, sans contre-discours, sans nuance. Pour tous les discours tenus en ligne, le mécanisme est le même, chercher d’abord à provoquer une réaction de peur chez les individus afin de provoquer l’adhésion. Les tenants de l’ultra-droite, terme issu de l’alt-right américaine, sont donc très actifs sur tous les réseaux sociaux et utilisent plus particulièrement certains canaux de communication où ils sont majoritaires. Cela leur sert à diffuser leurs idées nauséabondes. Actuellement, c’est la théorie complotiste du “Grand remplacement” qui est la plus partagée au sein de l’ultra-droite. Son auteur, Renaud Camus, reprend et défend des références ancrées dans le nazisme d’après-guerre comme celle que l’immigration est organisée dans une volonté de “changement de peuple et de civilisation”, il s’agirait d’une forme de “génocide blanc”. Les personnes sensibles à ces idées seraient alors les seules à percevoir les dangers que les “autres” ne voient pas. C’est à partir de ce sentiment anxiogène que se construit ensuite l’adhésion à des groupes en rupture avec le reste de la société perçue comme corrompue. Un sentiment de protection naît et rassure les membres qui viennent de basculer dans la radicalité avec une vision du monde aspirant à la violence.

Des groupes multiformes

Il existe une multitude de groupuscules d’ultra-droite en France et dans le monde représentant divers courants de pensée suprémacistes blancs. En effet, plusieurs courants ont émergé à partir d’idées racistes pour établir une hiérarchie humaine ou civilisationnelle. Différents groupes de cette mouvance se sont constitués récemment en France, comme Génération Identitaire, récemment dissoute mais vite remplacée par d’autres organisations difficilement saisissables. Plus dangereux encore : ces groupes n’hésitent pas à se mettre en scène en valorisant la violence, voire l’usage d’armes. Il faut dire que les plus extrêmes n’excluent pas des attaques violentes contre l’Etat ou celles et ceux qu’ils considèrent comme des ennemis à abattre. Une logique terroriste accompagne ces adeptes de l’ultra-droite. Depuis la fin des années 1970, leur stratégie a évolué et voit les groupuscules terroristes se multiplier, c’est le concept de “Leaderless resistance” (résistance sans chef ou cellule fantôme) dans lequel chaque groupe est indépendant et agit selon ses moyens et objectifs propres, mais dans une idéologie commune. Ainsi, les groupuscules sont plus difficiles à détecter et contrecarrer, donc plus solides. Ils n’en sont pas moins dangereux et violents. Ce mode d’action est présent en France, c’est le principe du “loup solitaire”. Cependant, comme l’explique Nicolas Lebourg, spécialiste de l’extrême-droite, en 2017 : “le loup n’est jamais loin de la meute”, rappelant ainsi que l’idéologie est identique et partagée entre les groupuscules.

D’une extrême-droite « hors les murs » à la présence dans la campagne Zemmour

Cette multitude d’extrême-droite, où se regroupent des adeptes de la violence, du grand remplacement, mais aussi des néo-nazis, des adorateurs de cultes païens ou bien encore des racistes suprémacistes, n’est pas seulement à surveiller en raison de ses penchants pour la violence et son hostilité à l’État de droit. On a pu voir qu’ils sont actuellement nombreux dans l’entourage du candidat d’extrême-droite Zemmour, sans que cela ne semble déranger l’équipe de campagne du leader de “Reconquête !” Cela illustre la dangerosité des idées véhiculées par le polémiste d’extrême-droite. C’est pourquoi il est essentiel de dénoncer ces courants extrémistes qui mettent en péril la démocratie et la République.

Pour l’UNSA Éducation, la menace populiste de l’extrême droite et de toutes les formes d’extrémisme est très importante en France, en Europe et dans le monde. La société française est traversée par ces transformations et ces risques et les angoisses qu’elles génèrent. L’UNSA Éducation continue et continuera à dénoncer et condamner toutes formes de violence. Il est primordial de défendre les valeurs et les principes de notre République, tout particulièrement celles de fraternité et de solidarité.

Pour aller plus loin :

La Vigie de la laïcité a publié un article sur la “nouvelle” extrême-droite française.

Le média en ligne StreetPress fournit chaque semaine dans une lettre en ligne des informations précieuses sur ce courant.

Le site collectif “Fragments du temps présent” fournit également de nombreuses analyses sur ces courants.

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