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Journée internationale des infirmier·es : quels enjeux dans l’actualité éducative ?

Gwenaëlle Durand, co-secrétaire générale du SNIES, a accepté de répondre à nos questions sur les enjeux de la journée internationale de la profession infirmière. Ce métier, incontournable dans les établissements et dans la vie des élèves, en première ligne face à la crise sanitaire, fait face à de nombreuses problématiques qui sont expliquées dans cet article.

La thématique mondiale de cette journée internationale est « une voix faite pour diriger : investir dans les soins infirmiers et respecter les droits pour garantir la santé mondiale »

A chaque grande crise, quels que soient les siècles, les infirmier.es et plus précisément leur investissement en termes de formation, de montée en compétence, a été la solution pour garantir la santé de tous et toutes. Au XIXème siècle, Florence Nightingale a professionnalisé les soins infirmiers, qui jusque-là, étaient effectués sans hygiène ni formation par des nonnes. Elle a permis de réduire la mortalité et garantir ainsi la santé mondiale. Sa vision des soins infirmiers s’est développée partout dans le monde et a permis d’ouvrir des écoles d’infirmier.e.s durant le XXème siècle.

Le XXI siècle connaît des difficultés sanitaires mondiales et le personnel infirmier, résilient, qualifié, doit être soutenu et protégé pour permettre un développement de compétences indispensable à la survie du système de santé.

Le système de santé va mal, les médecins, les spécialistes sont en manque partout. Les délais d’attente pour les rendez-vous s’allongent, il y a de plus en plus de malades, de familles qui ne trouvent plus de médecin, de spécialistes… il n’y a plus de pédiatres…

Le gouvernement doit prendre conscience qu’en soutenant et en investissant dans la profession infirmière nous pourrions renforcer le système de santé en procurant des soins, comme nous savons le faire, centrés sur le patient de façon holistique (le patient est un individu qui a besoin d’être pris en charge dans son ensemble et non sur un problème).

Par exemple : si un élève vient voir l’infirmier.e de son établissement pour un mal de ventre,nous allons nous intéresser à son âge, son niveau de stress, ses habitudes alimentaires et son hygiène de vie, mais aussi à son développement, sa situation familiale. En prenant en compte ces éléments nous cernons le problème souvent multifactoriel. Nous ne traitons pas un problème de santé mais un élève dans sa globalité et sa complexité d’adolescent ou d’enfant.  Notre formation est axée sur une prise en charge complète. C’est notre différence avec les autres acteurs de santé.

De plus, nous sommes une main d’œuvre résiliente (nous résistons malgré les épreuves dans cette profession jalonnée de difficultés et de coups durs) et hautement qualifié (BAC +3 niveau licence ) nous sommes les personnels de santé les plus qualifiés après les médecins mais :

-On note un grand vide entre notre BAC + 3 et les médecins BAC +10 => nous demandons à nous spécialiser en recherche en soins infirmiers afin d’avoir des infirmier.e.s BAC+ 5,6,7,8 … mais il faudrait pour cela que les médecins renoncent à certaines  « tâches » comme les vaccinations, les sutures, les prescriptions de certains antalgiques, bilans orthophoniques, ophtalmologiques , psychomoteurs, ergothérapeutiques…les renouvellements de certaines ordonnances qui soulageraient les médecins et donc le système.

Par exemple : lorsque que nous détectons un trouble de la vision ou du langage, nous pourrions prescrire ces bilans et ainsi alléger les plannings des médecins.

En bref, il faut investir car nous sommes prêts à renforcer le système mais en garantissant nos droits.

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