Des enseignant-e-s, mais pas uniquement…
Évidemment, ils sont environ 800 000, alors – même lorsqu’on envisage de supprimer quelques-uns de leurs postes – leurs voix comptent.
Évidemment, ils sont, depuis les hussards noirs de la 3ème République, les pivots de notre système éducatif.
Évidemment, il y a les deux candidats qui revendiquent ouvertement un programme « d’instruction publique » (Jean Lassalle et Nicolas Dupont-Aignan) et beaucoup d’autres qui limitent leur projet éducatif à l’enseignement.
Mais, évidemment, il faut le rappeler – encore davantage dans cette période de campagne électorale – si les enseignants sont les indispensables chevilles ouvrières de l’École de la République, ils n’en sont pas les seuls acteurs.
Notre édifice éducatif repose sur l’implication et la complémentarité de l’ensemble des professionnels de l’Éducation.
Nous avons besoin d’enseignants dans l’éducation nationale, dans l’enseignement agricole, dans l’enseignement supérieur, dans les instituts pour jeunes malentendants ou malvoyants reconnus et valorisés, formés (initialement et en continu au long de leur carrière) à la fois au contenu et à la didactique des disciplines, mais aussi à la maîtrise des démarches pédagogiques, à la connaissance des publics, à l’organisation du système d’Éducation, au partenariat avec ses différents acteurs. Ils doivent être en nombre suffisant pour permettre des classes à effectifs corrects, mais aussi des modalités de décloisonnement, de petits groupes, de suivi plus personnalisé. Il faut également que le métier d’enseignants soit davantage attractif et donc revalorisé.
Cela est indispensable, mais non suffisant.
A chaque étage de notre système éducatif, de nombreux autres professionnels sont tout aussi indispensables à son bon fonctionnement.
Ce sont les personnels administratifs dans les services et les établissements, les ITRF dans les laboratoires et les universités qui assurent les missions dites de support et participent entièrement à l’action éducatrice et sans lesquelles bien des démarches éducatives ne pourraient avoir lieu. Eux aussi doivent être reconnus et valorisés. Parmi eux se trouvent les agents publics ayant les plus faibles salaires et souvent leurs conditions de travail sont difficiles voire dégradées. L’effort en direction des catégories C doit être amplifié et étendu aux catégories B. Et la garantie du maintien de l’ensemble de ces personnels dans la fonction publique de l’État doit être assurée.
Ce sont les infirmiers et infirmières, les médecins qui doivent pouvoir porter, mettre en œuvre – chacun dans les spécificités de son métier – les différents facettes d’une politique de santé scolaire et universitaire qui s’inscrit à la fois dans la détection et la protection, dans l’éducation et dans l’accompagnement des élèves à besoins particuliers.
Ce sont les assistants et assistantes sociales, qui assurent le lien avec les familles – et souvent les plus démunies – participent à l’éducation à la citoyenneté et dont le nombre doit être augmenté afin de rendre effectif leur intervention dès l’école primaire.
Au-delà de leurs actions en faveur des élèves et des étudiants, des personnels des services sociaux et de santé interviennent aussi en aide aux autres personnels d’Éducation et doivent avoir les moyens et les conditions pour le faire au mieux.
Ce sont les directeurs délégués aux formations professionnelles et technologiques, particulièrement en charge du développement et du dynamisme des voies technologiques et professionnelles qui veillent à la construction de parcours de réussite pour tous.
Ce sont les cheffes et chefs d’établissement, les inspectrices et inspecteurs, personnels d’encadrement, dont il faut mettre en avant le rôle animateur pédagogique de leurs établissements, de leurs circonscriptions, de l’enseignement de leurs disciplines et qui devraient être davantage investis par l’administration dans l’accompagnement des évolutions du système scolaire.
Ce sont les personnels de vie scolaire, veillant au développement d’un climat scolaire apaisé, épanouissant et participant pleinement à la mission d’éducation, dans et au-delà des enseignements disciplinaires. Si les CPE sont des enseignants et doivent à ce titre bénéficier de la formation et de la valorisation évoquée plus haut, d’autres personnels sont en nombre des contractuels.
Limiter l’Éducation à l’enseignement, prendre exclusivement en compte les seuls enseignants est une vision extrêmement limitative du système scolaire.
Ça l’est encore davantage du champ éducatif, puisque de nombreux autres acteurs participent, en dehors de l’École, à l’Éducation.
Si, à raison l’on se focalise prioritairement sur le système scolaire et universitaire dans toutes ses composantes, il faut rappeler l’importance des personnels, souvent peu exposés médiatiquement, mais sous pression permanente, non seulement en termes de responsabilités, mais aussi pour certains par des restructurations arbitraires ou par le risque de disparition pure et simple de leur métier.
L’ensemble de ces personnels rendent possible l’action éducative. Il est essentiel d’agir pour la reconnaissance de tous. Des enseignants… mais pas uniquement !
Denis Adam, le 12 avril 2017