Cet été, culturez-vous.

C’est bien connu, « les voyages forment la jeunesse ». Pas uniquement elle d’ailleurs. Se déplacer, visiter d’autres lieux, découvrir des environnements différents, sont des possibilités offertes à tous ceux qui voyagent et sont un tant soit peu attentifs. Que l’on parte à l’autre bout du monde ou que l’on reste à proximité de chez soi, les territoires l’ont bien compris : l’offre de découverte culturelle est omniprésente.

Bien sûr, il y a les festivals de plus ou moins grande notoriété, et malgré les perturbations de début de saison –souvent action inadaptée au réel problème que rencontre les artistes en manque statuts et les intermittents du spectacle en demande légitime de reconnaissance- ils sont une vitrine de l’art et attirent de nombreux publics.

Evidemment, il y a les monuments historiques et autres chef d’œuvre du patrimoine auxquels une visite s’impose lorsque que se trouve dans leur zone d’attraction.

Sans parler des musées et expositions que nous avons évoqués l’an passé.
Le moindre lieu ou artiste local peut être l’occasion de quelques reconstitutions « historiques », de parcours de découvertes ludiques ou didactiques, de visite guidées.

On y trouve alors le meilleur et le pire. Comme ce champ près de Poitiers où à grand renfort de panneaux, on tente de faire revivre aux visiteurs – après avoir précisé que ce n’était peut-être pas le lieu exact, ni la configuration d’origine- la célèbre bataille de Charles Martel en 732.

Honte pourtant aux parents qui n’auraient pas trouvaient le temps d’un détour éducatif pour leurs enfants.

Scandale pour celle ou celui qui passeraient à côté d’un chef d’œuvre local sans le voir.

Offices de tourisme et presse locale se font d’ailleurs forts de remédier à tout oubli en vous délivrant régulièrement les bons plans culturels : spectacles, sorties, visites à ne pas manquer.

Il y a dans ces offres le convenu qu’il faut avoir fait et donc on pourra parler à son retour de vacances. Il y a aussi de belles surprises, des rendez-vous que l’on n’oubliera pas, des coups de cœur que l’on ne regrettera pas.

Reste qu’il n’est pas sûr que ce « vernis culturel », fasse réellement culture, que ce zapping propose de véritables rencontres, qu’un tel saupoudrage permette une appropriation… que dire alors d’une acculturation, voire même –osons- d’une construction culturelle.

Notre approche de la culture demeure marquée par la conception que Malraux a imposée. Celle du choc esthétique : la rencontre individuelle avec un œuvre qui –tel le coup de foudre amoureux- va profondément changer notre existence. Cette croyance quasi-religieuse est à l’origine de cette idée qu’il faut mettre l’œuvre et le public en contact, les faire se rencontrer. Et donc de favoriser la venue du public dans les lieux d’art, tout en permettant aux œuvres d’aller à la rencontre des publics potentiels, c’est-à-dire de tout le monde.

Cette démocratisation culturelle, à l’œuvre depuis plus d’un demi-siècle –accompagnant l’élévation du niveau scolaire- a sans nul doute contribuée à développer la connaissance artistique et culturelle du plus grand nombre, même si beaucoup reste certainement encore à faire. Elle aura dans un sens « cultiver » davantage les gens. Leur aura-t-elle pour autant permis de « faire culture commune » ? Rien n’est moins sûr. Notre difficulté à vivre ensemble tend à prouver que nous avons de plus en plus de mal à partager une culture qui fasse sens pour tous.
Une culture vivante.

Car –et c’est peut-être là que réside la plus grande difficulté- quelle que soit sa qualité, l’offre culturelle est souvent une culture figée, statique, convenue. Il s’agit davantage de la culture telle que l’on pense qu’elle doit être, que d’une culture en train de se faire.

Or la culture est comme la cuisine. Elle n’est jamais si riche, si gouteuse, si onctueuse que lorsqu’elle est mélangée, inventée, inspirée de partout et d’ailleurs. Quand elle s’éloigne de la recette pour se renouvelée.

C’est cette culture à faire ensemble qu’il manque dans nos guides d’été… et peut-être d’ailleurs tout au long de l’année.

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C’est bien connu, « les voyages forment la jeunesse ». Pas uniquement elle d’ailleurs. Se déplacer, visiter d’autres lieux, découvrir des environnements différents, sont des possibilités offertes à tous ceux qui voyagent et sont un tant soit peu attentifs. Que l’on parte à l’autre bout du monde ou que l’on reste à proximité de chez soi, les territoires l’ont bien compris : l’offre de découverte culturelle est omniprésente.

Bien sûr, il y a les festivals de plus ou moins grande notoriété, et malgré les perturbations de début de saison –souvent action inadaptée au réel problème que rencontre les artistes en manque statuts et les intermittents du spectacle en demande légitime de reconnaissance- ils sont une vitrine de l’art et attirent de nombreux publics.

Evidemment, il y a les monuments historiques et autres chef d’œuvre du patrimoine auxquels une visite s’impose lorsque que se trouve dans leur zone d’attraction.

Sans parler des musées et expositions que nous avons évoqués l’an passé.
Le moindre lieu ou artiste local peut être l’occasion de quelques reconstitutions « historiques », de parcours de découvertes ludiques ou didactiques, de visite guidées.

On y trouve alors le meilleur et le pire. Comme ce champ près de Poitiers où à grand renfort de panneaux, on tente de faire revivre aux visiteurs – après avoir précisé que ce n’était peut-être pas le lieu exact, ni la configuration d’origine- la célèbre bataille de Charles Martel en 732.

Honte pourtant aux parents qui n’auraient pas trouvaient le temps d’un détour éducatif pour leurs enfants.

Scandale pour celle ou celui qui passeraient à côté d’un chef d’œuvre local sans le voir.

Offices de tourisme et presse locale se font d’ailleurs forts de remédier à tout oubli en vous délivrant régulièrement les bons plans culturels : spectacles, sorties, visites à ne pas manquer.

Il y a dans ces offres le convenu qu’il faut avoir fait et donc on pourra parler à son retour de vacances. Il y a aussi de belles surprises, des rendez-vous que l’on n’oubliera pas, des coups de cœur que l’on ne regrettera pas.

Reste qu’il n’est pas sûr que ce « vernis culturel », fasse réellement culture, que ce zapping propose de véritables rencontres, qu’un tel saupoudrage permette une appropriation… que dire alors d’une acculturation, voire même –osons- d’une construction culturelle.

Notre approche de la culture demeure marquée par la conception que Malraux a imposée. Celle du choc esthétique : la rencontre individuelle avec un œuvre qui –tel le coup de foudre amoureux- va profondément changer notre existence. Cette croyance quasi-religieuse est à l’origine de cette idée qu’il faut mettre l’œuvre et le public en contact, les faire se rencontrer. Et donc de favoriser la venue du public dans les lieux d’art, tout en permettant aux œuvres d’aller à la rencontre des publics potentiels, c’est-à-dire de tout le monde.

Cette démocratisation culturelle, à l’œuvre depuis plus d’un demi-siècle –accompagnant l’élévation du niveau scolaire- a sans nul doute contribuée à développer la connaissance artistique et culturelle du plus grand nombre, même si beaucoup reste certainement encore à faire. Elle aura dans un sens « cultiver » davantage les gens. Leur aura-t-elle pour autant permis de « faire culture commune » ? Rien n’est moins sûr. Notre difficulté à vivre ensemble tend à prouver que nous avons de plus en plus de mal à partager une culture qui fasse sens pour tous.
Une culture vivante.

Car –et c’est peut-être là que réside la plus grande difficulté- quelle que soit sa qualité, l’offre culturelle est souvent une culture figée, statique, convenue. Il s’agit davantage de la culture telle que l’on pense qu’elle doit être, que d’une culture en train de se faire.

Or la culture est comme la cuisine. Elle n’est jamais si riche, si gouteuse, si onctueuse que lorsqu’elle est mélangée, inventée, inspirée de partout et d’ailleurs. Quand elle s’éloigne de la recette pour se renouvelée.

C’est cette culture à faire ensemble qu’il manque dans nos guides d’été… et peut-être d’ailleurs tout au long de l’année.