Analyses et décryptages

Augmentation des agressions des personnels !

Augmentation impressionnante des agressions envers les personnels de l’Education Nationale en 2023. Les chiffres des accidents de service données en formation spécialisée ministérielle confirment l’explosion des agressions dont les agents sont victimes sur leur lieu de travail. En 2023, les personnels de l’Éducation nationale ont été confrontés à une hausse sans précédent des agressions, reflétant une dégradation du climat dans les établissements scolaires à hauteur de 58%. Ce constat est mis en évidence par les statistiques sur les accidents de service publiées par le ministère, qui servent de baromètre pour évaluer l’insécurité rencontrée par les agents.

 

  1. Une augmentation des agressions alarmante

Les agressions, physiques ou verbales, représentent une part importante des accidents reconnus. En 2023, 1600 agressions ont été reconnus comme accidents de service.  Cela représente par rapport à 2022, une augmentation de + 58 % (+ 590) des agressions reconnues.

Sur ces 1600, 911 agressions (372 verbales et 539 physiques) ont donné lieu à 29 671 jours d’arrêt de travail, avec une moyenne de 33 jours par accident, supérieure à la moyenne globale. Cela représente une hausse de 34% des agressions d’une année sur l’autre.

Une grande majorité des agressions (64 % physiques et 34 % verbales) surviennent directement sur le lieu de travail, mettant en lumière de véritables problèmes de sécurité dans les établissements scolaires.

Paradoxalement, le pourcentage d’agressions reconnues comme imputables au service (par rapport au nombre total déclaré) a diminué, passant de 83,7 % en 2021 à 79 % en 2023.

 

  1. Mais que fait le gouvernement ?

Face à la montée des violences dans les établissements scolaires et la multiplication des alertes à la bombe, le ministère de l’Éducation nationale a présenté deux plans successifs, l’un en avril 2024, le plan « Déployer un bouclier autour de l’école » et l’autre en décembre 2024, le Plan ministériel pour la tranquillité scolaire, avec des mesures plus ciblées.

Ces deux plans viennent se rajouter au carré régalien une organisation des moyens mis en place en 2021, afin de coordonner efficacement les efforts dans les domaines clés de la promotion des valeurs républicaines, la lutte contre la radicalisation, la prévention des violences, et la gestion du harcèlement au sein de l’éducation nationale.

 

Parmi les mesures contenues dans les des deux derniers plans, voici celles qui ont retenus notre attention:

  • Octroi automatique de la protection fonctionnelle aux personnels agressés.
  • Des moyens mobilisés par l’État via le fonds interministériel de prévention de la délinquance (FIPD) pour la sécurisation des écoles, collèges et lycées publics et privés sous contrat.
  • Appui des directeurs des services départementaux de l’éducation nationale pour garantir la sécurité des personnels et la sérénité des procédures disciplinaires.
  • Établissement d’un pôle « sécurité » dans chaque académie, en lien avec les directions départementales des services de l’éducation nationale (DSDEN), pour offrir un point d’entrée unique aux personnels victimes.
  • Protection renforcée des personnels menacés en lien avec les forces de l’ordre.
  •  Accompagnement et suivi des victimes sur la durée, incluant un soutien pédagogique et des ressources humaines adaptées.
  •  Engagement de procédures disciplinaires rapides et adaptées.

 

Il est encore difficile de déterminer si ces plans s’inscriront dans la durée ou s’ils ne seront qu’un énième effet d’annonce gouvernemental. Si, sur le terrain, quelques évolutions concrètes ont pu être observées dans certains départements, les interrogations et les attentes restent nombreuses. L’incertitude politique et économique, amplifiée par un contexte marqué par le retour de l’austérité budgétaire, suscite des doutes quant à la volonté réelle du gouvernement de maintenir le financement d’une politique de sécurité. La crainte que les efforts déployés ne soient pas suivis des moyens humains et financiers nécessaires alimente un scepticisme légitime parmi les acteurs de l’éducation.

L’UNSA Éducation salue la volonté affichée de renforcer la sécurité dans les établissements scolaires. Cependant notre fédération plaide pour une approche plus globale, intégrant un véritable travail sur le climat scolaire, une meilleure formation des personnels et une lutte accrue contre les inégalités sociales qui alimentent les tensions au sein des écoles. L’Unsa Education demande également une promotion de ces mesures et notamment du carré régalien encore méconnu de nos collègues.

Pour consulter l’article :

Le carré régalien : pour que le système éducatif tourne rond

Pour contacter le secteur DPP-QVCT de l’Unsa éducation : fp@unsa-education.org

 

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