Éduquer réellement à l’orientation scolaire et professionnelle pour en finir avec les angoisses, les regrets, les déterminismes
Au lendemain des premiers résultats de Parcoursup et des déceptions d’élèves témoignant dans les médias, il en pleut comme par hasard des études et rapports sur l’orientation – pour dénoncer indirectement la plateforme Parcoursup de saisie des vœux pour les études supérieures ? Si tel était vraiment l’intention de ces travaux, c’est un contresens de faire de la plateforme un bouc émissaire de tous les maux de l’orientation. La saisie sur Parcoursup ne devrait donc être que le dernier geste d’un long cheminement personnel, l’aboutissement d’une maturation après les stages d’observation, les visites d’entreprises et de salons des métiers, les échanges avec les enseignant·es, les psyEN et les conseiller·es d’orientation.
Or, c’est justement cette période souvent décriée comme ne répondant pas à l’exigence d’une bonne préparation à des choix d’avenir qu’il convient d’interroger. Si l’orientation est bien citée comme une obligation scolaire dans le secondaire, il apparaît qu’on ne lui accorde pas le temps nécessaire. « Les heures dédiées à l’orientation ne sont toujours pas prévues dans les emplois du temps », fustige la Défenseure des droits, rappelant dans son rapport combien le volume horaire des 54 heures annuelles du secondaire général et technologique « n’est donné qu’à titre indicatif des programmes officiels » et que « les heures indiquées ne sont pas effectives ».
Le plan Avenir que vient de dévoiler notre ministre de l’Éducation nationale affiche la volonté de dédier des demi-journées à l’orientation en 5e et promet de la formation continue (une demi-journée par an !) à 30.000 professeurs principaux afin d’accompagner « dans la durée » des groupes d’élèves restreints. C’est peut-être l’amorce d’une réponse, mais très en-deçà des réels besoins.
A l’UNSA Éducation, nous militons depuis longtemps pour des heures dédiées à l’orientation depuis la 5e jusqu’à la terminale inscrites dans l’emploi du temps, la possibilité d’accompagner tous les élèves, la désignation d’enseignant·es formé·es et déchargé·es à la hauteur des besoins de cette mission, ainsi qu’à l’appui de PsyEN en nombre suffisant. Du fait de leur faible effectif, « les PsyEN ne sont pas en capacité d’accompagner correctement l’ensemble des jeunes scolarisés et ne sont l’interlocuteur principal des élèves que pour 10 % d’entre eux », rappelle la Défenseure des droits.
Le plan Borne semble donc très loin du compte. D’autant que d’autres carences sont pointées du doigt dans ce rapport, comme les inégalités territoriales ou celles de l’origine sociale, du genre, du handicap… Elles montrent combien l’enjeu est de taille. Quel meilleur remède au stress ou à l’errance d’un·e élève mal préparé·e devant des choix à faire déterminants pour son avenir qu’une aide humaine spécifiquement formée et dédiée à l’accompagner tout au long de sa scolarité ?
Considérant les moyens largement insuffisants pour répondre à ces enjeux vitaux pour les jeunes, nous ne nous étonnons plus des tendances affichées à longueur de médias quant au stress des candidats devant les banques d’affectation, leur regret d’être passé à côté d’une envie de métier mal exprimée, leur sentiment de fatalité sociale et d’exclusion pour avoir embrassé des voies scolaires ou professionnelles déterminées par d’autres facteurs que leurs seules capacités.
C’est pourquoi, à l’UNSA Éducation, nous revendiquons une véritable ambition pour l’orientation. Celle-ci est un axe majeur du parcours scolaire et pré-professionnel des élèves ; elle appelle le déploiement d’une dimension pédagogique claire et volontaire pour la rendre effective. Ce qui a pour préalable la mobilisation de moyens humains suffisants, formés et justement rémunérés, pour être à la hauteur de la demande sociale et de cette exigence éthique et républicaine qui est d’aider et former tous les élèves à préparer et réussir leur avenir.