Auschwitz : « Paysages de la métropole de la mort »

Otto Dov Kulka, historien, spécialiste de la Shoah, décide enfin de livrer ses paysages personnels enfouis depuis longtemps dans sa mémoire.

Né en Tchécoslovaquie en 1933, Otto Dov Kulka est envoyé, avec sa famille, dans le camp-ghetto de Theresienstadt, puis envoyé à Auschwitz en septembre 1943. Il est interné dans le « camp familial », où les conditions sont relativement meilleures que dans le reste de ce qu’il appelle la « métropole de la mort ». Comme il l’explique, cette fois en historien, en annexe du volume, les SS avaient préservé une partie des transports en provenance de Theresienstadt dans l’éventualité d’une visite de la Croix-Rouge. Dès lors que ceux-ci acquirent la conviction que la délégation suisse ne pousserait pas la curiosité jusqu’à passer les barbelés d’Auschwitz, le « camp familial » fut brutalement liquidé. Otto et son père sont les seuls survivants de la famille.

En 1949, le jeune Otto Kulka décide de rejoindre Israël. Nanti d’un prénom hébreu (Dov), le rescapé devient historien à l’Université hébraïque de Jérusalem et au Mémorial de la Shoah à Yad Vashem.

Mais les paysages de la mort sont toujours omniprésents. Il reprend dans Paysages de la métropole de la mort, des monologues autobiographiques en hébreu enregistrés entre 1991 et 2001. C’est pourquoi ce témoignage est si déroutant. Il n’a rien à voir avec les autobiographies des rescapés des camps, et la principale raison, est qu’Otto avait alors 11 ans.

Tour à tour bouleversant dans sa description de la réalité, élégiaque et poétique, Paysages de la métropole de la mort cherche à rendre compte au plus près, au plus intime, et par différents procédés littéraires, de l’horreur telle qu’un enfant a pu la vivre, et telle qu’un homme à la fin de sa vie, entre son exigence d’historien et la puissance de ses émotions passées, peut s’en souvenir.

Un livre saisissant et indispensable.

Pour en savoir plus, un excellent article à lire ici et l’interview de Pierre-Emmanuel Dauzat qui a traduit ce livre-événement ici.

Otto Dov Kulka, Paysages de la Métropole de la mort, trad. Pierre-Emmanuel Dauzat, Albin Michel, 2013

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Otto Dov Kulka, historien, spécialiste de la Shoah, décide enfin de livrer ses paysages personnels enfouis depuis longtemps dans sa mémoire.

Né en Tchécoslovaquie en 1933, Otto Dov Kulka est envoyé, avec sa famille, dans le camp-ghetto de Theresienstadt, puis envoyé à Auschwitz en septembre 1943. Il est interné dans le « camp familial », où les conditions sont relativement meilleures que dans le reste de ce qu’il appelle la « métropole de la mort ». Comme il l’explique, cette fois en historien, en annexe du volume, les SS avaient préservé une partie des transports en provenance de Theresienstadt dans l’éventualité d’une visite de la Croix-Rouge. Dès lors que ceux-ci acquirent la conviction que la délégation suisse ne pousserait pas la curiosité jusqu’à passer les barbelés d’Auschwitz, le « camp familial » fut brutalement liquidé. Otto et son père sont les seuls survivants de la famille.

En 1949, le jeune Otto Kulka décide de rejoindre Israël. Nanti d’un prénom hébreu (Dov), le rescapé devient historien à l’Université hébraïque de Jérusalem et au Mémorial de la Shoah à Yad Vashem.

Mais les paysages de la mort sont toujours omniprésents. Il reprend dans Paysages de la métropole de la mort, des monologues autobiographiques en hébreu enregistrés entre 1991 et 2001. C’est pourquoi ce témoignage est si déroutant. Il n’a rien à voir avec les autobiographies des rescapés des camps, et la principale raison, est qu’Otto avait alors 11 ans.

Tour à tour bouleversant dans sa description de la réalité, élégiaque et poétique, Paysages de la métropole de la mort cherche à rendre compte au plus près, au plus intime, et par différents procédés littéraires, de l’horreur telle qu’un enfant a pu la vivre, et telle qu’un homme à la fin de sa vie, entre son exigence d’historien et la puissance de ses émotions passées, peut s’en souvenir.

Un livre saisissant et indispensable.

Pour en savoir plus, un excellent article à lire ici et l’interview de Pierre-Emmanuel Dauzat qui a traduit ce livre-événement ici.

Otto Dov Kulka, Paysages de la Métropole de la mort, trad. Pierre-Emmanuel Dauzat, Albin Michel, 2013