Nouvelle-Calédonie : aménagement des examens
Depuis le début des émeutes le 13 mai, les habitants de Nouvelle-Calédonie vivent un véritable calvaire. La volonté de voter le dégel du corps électoral depuis la métropole a rompu la confiance en un Etat impartial, prenant sa place dans un processus d’autodétermination engagé il y a plus de 30 ans. Les destructions, les blessés, les morts s’accumulent encore aujourd’hui et la situation est loin d’être apaisée.
Les lieux d’éducation sont restés fermés bien trop longtemps. Certains portent encore de lourds stigmates de cette folie destructrice que peuvent engendrer la colère et le ressentiment. Les pénuries de personnels dans l’éducation sont déjà importantes et vont sans aucun doute s’accentuer en février prochain.
L’UNSA Éducation était favorable à l’assouplissement indispensable des conditions d’obtention des diplômes dans un contexte aussi dégradé des apprentissages. Notre fédération l’avait d’ailleurs demandé en présentant un vœu lors du CSE du 6 juin dernier adopté à l’unanimité.
Les textes présentés lors du CSE du 05 septembre modifient donc les modalités d’obtention du brevet, du baccalauréat, général et professionnel ainsi que celles du CAP en Nouvelle-Calédonie, “en raison de circonstances exceptionnelles découlant d’atteintes graves à l’ordre public”.
- Concernant le brevet des collèges et le baccalauréat, les épreuves écrites et orales, les épreuves de spécialité, le grand oral et les épreuves de français sont supprimées au profit du contrôle continu.
- Concernant les examens professionnels, les périodes de stages nécessaires sont réduites et fractionnables, le chef-d’œuvre est remplacé par du contrôle continu. Des dérogations portant sur l’obtention d’habilitations spécifiques sont autorisées.
- Les possibilités d’harmonisation et de délibération sont étendues. La constitution des jurys est assouplie. Un dossier “papier” par candidat est à remplir par les établissements.
La prise en compte du contrôle continu ainsi que les autres mesures décidées sont un moindre mal, compte tenu des fortes perturbations cette année.
L’UNSA Education insiste cependant sur le fait que cela sera malheureusement insuffisant. Les tensions intercommunautaires, apaisées par plus de 30 ans d’un dialogue patient et constructif, par le découverte et le respect de l’autre, par une politique de rééquilibrage entre Province Nord, Province Sud et Province des îles, ont ressurgi avec encore plus de violence que dans les années 80.
Pour que les éducatrices et les éducateurs puissent faire à nouveau leur travail correctement et participer autant que possible à l’apaisement de la situation sur la durée, un geste politique fort, permettant une reprise du dialogue, est attendu concernant le dégel du corps électoral. Or depuis le 13 mai, rien. Depuis l’annonce de la dissolution de l’assemblée nationale, il semble pourtant évident que le projet initial est mort né. Il faut le reconnaître au lieu de le passer sous silence. Ce geste seul ne suffira peut-être plus désormais, tant il serait tardif, mais il est indispensable. Le « destin commun » auquel beaucoup aspirent, au sein de toutes les communautés, commence à l’école. Mais l’impulsion qui doit permettre de retrouver ce chemin, ne peut venir que de femmes et d’hommes courageux de part et d’autre.
L’UNSA Éducation réunie en Congrès national à Nantes a réaffirmé la nécessité d’assurer l’équité du service public d’éducation sur tous les territoires de la République. La Fédération revendique la prise en compte des caractéristiques et des réalités propres de tous les territoires d’Outre-mer afin de répondre à leurs besoins forts en matière de développement et de réussite éducative.
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