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Nouvelle-Calédonie : le jour d’après

Le réveil est difficile après la levée de l’état d’urgence. Des écoles, collèges, des lieux de culture ont brûlé. L’économie est à terre et beaucoup de commerces sont détruits, pillés. De nombreux habitants sont traumatisés par ce qu’ils ont vu et vécu. 7 personnes au moins sont mortes et il y a de nombreuses victimes d’agressions ainsi que des blessés par arme.

Malgré la levée de l’état d’urgence, le couvre feu est maintenu et de nombreux barrages sont encore en place. Il faut se rendre compte, par exemple, que les personnels médicaux vivant à Nouméa se rendaient, il y a encore quelques heures, à l’hôpital en bateau et débarquaient à pied dans la mangrove pour rejoindre le Médipôle de Dumbéa (principal centre de soin du Grand Nouméa). Le ravitaillement en produits de premières nécessités est très compliqué presque partout et les files d’attente sont longues lorsque c’est possible. Les écoles, collèges et lycées sont toujours fermés. L’aéroport n’a toujours pas pu reprendre son activité.

 

Nul doute que, pour certains, cet épisode douloureux, qui n’est toujours pas terminé, aura réveillé les vieilles rancœurs entre les communautés. Celles-ci seront également présentes au sein des écoles, des établissements scolaires et de l’université. Et ne nous leurrons pas, personne ne sera épargné. C’est un grand bond en arrière dans le temps que ces quelques jours auront provoqué. Le rôle des éducateurs n’en sera que plus important, au côté des familles, des “mamans” et des “vieux” pour, ensemble, apaiser les tensions.

 

Heureusement il reste des habitants, issus de toute part et de tous âges, qui n’ont jamais cautionné les positions extrêmes, la violence et qui ne souhaitent que le retour de la paix civile. Il reste des personnes pour tendre la main à l’autre, en dépit des séquelles persistantes dans les corps, les esprits et malgré les dégâts matériels visibles partout sur le territoire. C’est aussi dans ces moments-là que les gestes de solidarité sont les plus nombreux : hébergement, distribution de nourriture et de médicaments, rassemblements pacifiques regroupant toutes les communautés. Il reste de nombreux calédoniens et calédoniennes, sans doute une écrasante majorité, pour croire en ce “destin commun” et ce “vivre ensemble” qui semblent aujourd’hui pourtant si compromis.

 

Nul doute que beaucoup de personnes originaires de métropole, vivant et travaillant en Nouvelle-Calédonie voudront partir, dès qu’elles en auront la possibilité. Qui pourrait les en blâmer ? Certains Calédoniens également prendront cette décision. Il manquera donc demain de femmes et d’hommes, notamment dans l’éducation. Or, lorsque les écoles rouvriront enfin leurs portes, lorsque la situation sécuritaire le permettra, leur présence sera indispensable, primordiale pour la jeunesse. L’UNSA Éducation appelle le ministère et le Vice-Rectorat à anticiper ce problème, particulièrement en vue de la prochaine rentrée scolaire de février 2025. Elle interpelle également les autorités pour qu’un plan d’urgence de reconstruction et de sécurisation des écoles et établissements détruits ou dégradés soit mis en place au plus vite.

 

L’UNSA Éducation continue également à appeler au calme et à la retenue. Lorsque les émeutes auront cessé, le temps du deuil devra être respecté. Des gestes d’apaisement concernant la réforme du corps électoral ne peuvent être écartés. La méthode qui consiste à négocier sous tension, en posant des ultimatums, a montré tous les dangers qu’elle portait en Nouvelle-Calédonie. Il est plus que temps d’en changer. C’est à cette condition que la paix civile reviendra durablement.

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