Écrire la peinture

Dans ce superbe – et très cher- ouvrage, à la mise en perspective intelligente des tableaux, ou des détails de ces tableaux et des écrits, Écrire la peinture, de Diderot à Quignard, on (re)découvre les liens qu’ont toujours entretenu ces deux arts jusqu’à n’en faire plus qu’un…

« Le meilleur compte rendu d’un tableau pourra être un sonnet ou une élégie », les écrivains font-ils les meilleurs critiques d’art, comme l’écrivait Baudelaire?

En littérature, les références à la peinture sont multiples; les écrivains n’ont pas attendu le Siècle des Lumières pour écrire sur la peinture. Pourtant les Salons vont multiplier les comptes rendus picturaux: Diderot a rédigé ses Salons pendant plus de 20 ans.

Puis, à partir de Baudelaire, vont fusionner en une seule écriture la figure du poète et le rôle du critique d’art. On oublie aujourd’hui le rôle des écrivains dans la reconnaissance des peintres impressonnistes : Manet, Monet, Sisley ou Pissaro doivent énormément à Mirbeau ou Zola, Odilon Redon à Huysmans.

Les écrivains, classés ici par ordre chronologique, nous montrent le lien étroit qu’ils entretenaient avec certains peintres : Diderot/Chardin, Barbey d’Aurevilly/Manet (!), Gautier/Dürer (« Tu rêves tristement au pauvre sort humain :/ Que pour durer si peu la vie est bien amère,/Que la science est vaine et que l’art est chimère (…)  » La comédie de la mort »), Zola/Manet, Huysmans/Redon, Apollinaire et « l’écriture de songe » de Chirico. 
Saint-John Perse a rendu hommage aux Oiseaux de Braque : « Sur l’orbe du grand songe qui nous a tous vu naître, ils passent nous laissant à nos histoires de villes…Leur vol est connaissance, l’espace est leur aliénation » (Oiseaux).
Artaud a parlé de Van Gogh, criant sa rage de poète supplicié comme réponse à la torture du peintre maudit, mais a aussi rédigé d’autres textes sur Bosch, Brueghel et Balthus : « Cela veut dire que ce peintre Balthus, a quelque chose de plus que la peinture à dire, et que ce quelque chose, par-dessus sa peinture si terriblement stricte, rigide et volontaire, fidèle, et honnête, pue la tombe, les catastrophes, l’obituaire, l’antique assuaire, le cercueil ». 
Il y a aussi  Ponge/Fautrier, Leiris et Bacon, les « alliés substantiels » de René Char : de Picasso à Staël ou de Miro à Balthus, et les écrits de Bonnefoy sur Hopper.
On voit bien qu’un peintre est salué par tous : Senghor, Caillois, Prévert, Ponge, Char, Cocteau, Kundera et Apollinaire, entre autres, qui tous ont mis en mots le génie de Picasso.

 

Écrire la peinture, de Diderot à Quignard, sous la direction de Pascal Dethurens, Citadelles et Mazenod, 2009, 208 €

 

 

 

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« Le meilleur compte rendu d’un tableau pourra être un sonnet ou une élégie », les écrivains font-ils les meilleurs critiques d’art, comme l’écrivait Baudelaire?

En littérature, les références à la peinture sont multiples; les écrivains n’ont pas attendu le Siècle des Lumières pour écrire sur la peinture. Pourtant les Salons vont multiplier les comptes rendus picturaux: Diderot a rédigé ses Salons pendant plus de 20 ans.

Puis, à partir de Baudelaire, vont fusionner en une seule écriture la figure du poète et le rôle du critique d’art. On oublie aujourd’hui le rôle des écrivains dans la reconnaissance des peintres impressonnistes : Manet, Monet, Sisley ou Pissaro doivent énormément à Mirbeau ou Zola, Odilon Redon à Huysmans.

Les écrivains, classés ici par ordre chronologique, nous montrent le lien étroit qu’ils entretenaient avec certains peintres : Diderot/Chardin, Barbey d’Aurevilly/Manet (!), Gautier/Dürer (« Tu rêves tristement au pauvre sort humain :/ Que pour durer si peu la vie est bien amère,/Que la science est vaine et que l’art est chimère (…)  » La comédie de la mort »), Zola/Manet, Huysmans/Redon, Apollinaire et « l’écriture de songe » de Chirico. 
Saint-John Perse a rendu hommage aux Oiseaux de Braque : « Sur l’orbe du grand songe qui nous a tous vu naître, ils passent nous laissant à nos histoires de villes…Leur vol est connaissance, l’espace est leur aliénation » (Oiseaux).
Artaud a parlé de Van Gogh, criant sa rage de poète supplicié comme réponse à la torture du peintre maudit, mais a aussi rédigé d’autres textes sur Bosch, Brueghel et Balthus : « Cela veut dire que ce peintre Balthus, a quelque chose de plus que la peinture à dire, et que ce quelque chose, par-dessus sa peinture si terriblement stricte, rigide et volontaire, fidèle, et honnête, pue la tombe, les catastrophes, l’obituaire, l’antique assuaire, le cercueil ». 
Il y a aussi  Ponge/Fautrier, Leiris et Bacon, les « alliés substantiels » de René Char : de Picasso à Staël ou de Miro à Balthus, et les écrits de Bonnefoy sur Hopper.
On voit bien qu’un peintre est salué par tous : Senghor, Caillois, Prévert, Ponge, Char, Cocteau, Kundera et Apollinaire, entre autres, qui tous ont mis en mots le génie de Picasso.

 

Écrire la peinture, de Diderot à Quignard, sous la direction de Pascal Dethurens, Citadelles et Mazenod, 2009, 208 €