RPS & assistant·e·s des services sociaux de l’éducation nationale

Les assistant·e·s des services sociaux de l'éducation nationale sont des professionnels qui interviennent auprès des élèves et des étudiants, des familles et des personnels de l’éducation nationale. Techniciens de la relation d'aide, ils les accompagnent à faire face aux difficultés qu’ils rencontrent sur le plan personnel, professionnel et social/financier. Leurs conditions de travail ainsi que les facteurs organisationnels et relationnels, dans l’exercice de leur métier expose les AS à des risques psychosociaux (RPS), qui peuvent avoir des conséquences sur leur santé mentale et physique, sur leur vie sociale. Dans cet article, nous allons vous présenter quelles sont les causes spécifiques des RPS pour les assistants sociaux et quelles sont les solutions possibles pour les prévenir et les réduire.

LES SOURCES DE RPS CHEZ LES ASSISTANTS SOCIAUX :

Les sources de RPS chez les AS peuvent être liées :

  • aux nombreuses missions qui leur sont confiées les confrontant à des situations de nature très différente, voire complexes qui engagent leur responsabilité pénale et mobilisent des compétences multiples et une adaptation permanente. Les assistants sociaux sont appelés par la pluralité de leurs interventions à accompagner par exemple un élève victime de harcèlement scolaire ou en situation de danger, ou en rupture familiale, une famille en situation de précarité, un personnel en souffrance au travail. Chaque situation sociale est différente et nécessite une analyse fine et une réponse adaptée, qui doit mobiliser des connaissances juridiques, sociales, psychologiques spécifiques et des modes d’intervention faisant preuve de créativité, de réactivité et de flexibilité.
  • à l’accroissement de la charge de travail et au manque de temps pour accomplir les différentes missions qui sont induits par le positionnement des assistants sociaux dans plusieurs établissements. La multiplication des lieux de travail nécessite de leur part une constante adaptation et implique de créer du lien, de s’intégrer et de fonctionner avec différentes équipes et des modalités de gestion des établissements très diverses. Ce rythme de travail peut générer de la frustration, de la culpabilité ou du sentiment d’impuissance face à la difficulté de réaliser un travail d’accompagnement de qualité. Le nombre important de personnes à suivre, de demandes à traiter, d’écrits professionnels à rédiger en respectant les délais, la gestion des situations urgentes, sa participation aux instances internes de l’institution ainsi que son rôle de conseil technique aux membres de la communauté éducative sont le quotidien des assistants sociaux;
  • à l’isolement professionnel et au manque de reconnaissance, qui peuvent affecter l’identité professionnelle, l’estime de soi, et à terme questionner le sens du travail. En tant que personnel social, l’assistant.e social.e est seul.e travailleur social dans son établissement, sans pouvoir bénéficier de l’écoute immédiate, de l’expérience et du soutien de collègues (pas de possibilité de travail en équipe de pairs sur place hors équipe pédagogique). Les relations avec les autres membres de la communauté éducative sont dans certains cas limitées, et régulièrement, une méconnaissance (et/ou un non-respect) des missions exercées et des impératifs du métier de l’assistant.e social.e les mettent dans des positions professionnelles difficiles. A cela s’ajoute une forme d’invisibilité de son travail en lien avec la pluralité d’établissement et avec multiples aspects de leur accompagnement qui sont méconnus.
  • à la pression institutionnelle et aux injonctions paradoxales, qui peuvent créer des conflits de valeurs, de loyauté ou d’éthique. Les AS dans leurs prises de décision doivent tenir compte de la loi et des politiques sociales, de l’intérêt des usagers, des demandes du chef d’établissement, du code de déontologie, de la profession et de ses repères contextuels, juridiques et de ses propres valeurs en tant qu’individu et citoyen.
  • aux risques liés à la relation d’aide. Le contact avec des situations sociales et familiales complexes (et parfois dans des contextes de violences) confronte les AS à la souffrance d’autrui nécessitant de la part des AS d’être en capacité de gérer ses émotions et de les maitriser. Cette maîtrise demande beaucoup d’énergie et peut générer du stress. Dans certaines situations, il peut parfois être difficile pour les AS de prendre du recul et de se détacher de celles-ci, ce qui peut impacter la sphère privée et, du fait d’un phénomène d’accumulation, causer un épuisement psychologique au travail
  • aux moyens humains par un manque d’effectifs qui ne permet pas de couvrir l’ensemble des établissements.

COMMENT Y REMEDIER ?

Pour prévenir les RPS, les AS doivent bénéficier d’un cadre de travail favorable, qui leur permettra d’exercer leur métier dans de bonnes conditions.

Rendre visible les missions essentielles dans un cadre simplifié

Ces missions sont clairement définies par notre circulaire n° 2017-055 du 22-3-2017. Notre positionnement sur plusieurs établissements génère un accroissement de la charge de travail avec des temps de déplacements importants qui ne nous permettent pas d’avoir une disponibilité suffisante pour mettre en œuvre les différentes missions qui nous sont confiées. Cependant, ce dont les assistants sociaux ont besoin, c’est d’un projet de service qui définisse plus précisément les axes de travail et les priorités en se concentrant sur les établissements prioritaires tout en gardant une réponse aux sollicitations de l’ensemble des établissements. Cette organisation amènerait davantage d’autonomie dans la gestion des temps de présence des AS au sein des établissements, réduirait le portefeuille d’établissements à gérer ainsi que le nombre d’interventions d’urgence, amenant ainsi plus d’anticipation sur les situations.

Favoriser le travail en équipe, le soutien entre pairs, le tutorat et la supervision professionnelle.

La participation des AS à des réunions régulières avec leurs pairs, pour échanger sur les pratiques, les difficultés, les solutions, est indispensable et contribue à la résolution des situations les plus complexes. : prise de distance, vision globale, et pluridisciplinaire (psychologique, social, éducatif, économique…) pour concevoir un plan d’action pluriel.

Le rôle de superviseur est exercé par nos conseillères techniques. Ce dont nous avons besoin c’est davantage de temps d’échanges et de régulations entre nous et surtout des temps réguliers et institutionnalisés d’analyse de pratiques professionnelles.

Reconnaître et valoriser le travail des assistants sociaux, en leur donnant de la visibilité, un retour sur leur action et des perspectives d’évolution.

Il est possible de communiquer sur le métier, les missions, les réalisations, auprès des autres acteurs de l’éducation nationale, comme les enseignants, les chefs d’établissement, les parents d’élèves. Il devrait être possible de solliciter et recevoir un feedback régulier de la part de la hiérarchie, des partenaires, des usagers.

Il devrait aussi être possible d’accéder à des formations, des mobilités, des promotions. Ces mesures permettent de valoriser le travail, de renforcer l’identité professionnelle, de développer la carrière. Or, notre présence sur plusieurs sites rend souvent impossible ou très difficile l’inscription à ces formations.

Ainsi, la documentation professionnelle indispensable à notre veille sociale n’est pas du tout budgétée : ni les abonnements de la presse spécialisée, ni les ouvrages socio éducatifs ne sont budgétés pour permettre cette veille sociologique et juridique.

En effet, la valorisation peut passer par une mise à disposition de moyens indispensables à l’accomplissement d’un travail de qualité auprès des élèves : des locaux adaptés, du matériel qui fonctionne ou qui est replacé en cas de dysfonctionnement, un accès à la documentation comme exigé dans notre code de déontologie…

Former les assistant-es sociaux-les aux techniques de gestion du stress, de l’émotion, du temps et des conflits.

L’employeur doit organiser des formations spécifiques sur la prévention des RPS, la gestion du stress, la régulation des émotions, l’organisation du temps, la résolution des conflits. Les AS peuvent individuellement apprendre à utiliser des techniques de relaxation, de respiration, de méditation. Ces apprentissages, sur des temps dédiés, permettent de mieux faire face aux situations difficiles, de prendre soin de la santé, de préserver son équilibre.

S’investir dans une démarche SST (santé et sécurité au travail),

Cela ne peut passer que par un temps dédié à l’analyse des risques psychosociaux dans son/ses établissements et en intégrant les résultats dans le document unique d’évaluation des risques professionnels (DUERP) qui débouchera sur un plan annuel de prévention.