Analyses et décryptages

Stage de 2nde : une précipitation qui pourrait desservir les élèves

Au mois de juin, plus de 550.000 élèves de seconde générale et technologique devraient être en stage en entreprise. En cette période chargée pour les établissements, du fait des examens, les équipes pédagogiques expriment leurs inquiétudes à la mise en place de cette décision prise unilatéralement par l’ex-ministre de l’Education nationale. Pour de multiples raisons, les plus impactés risquent d’être, comme souvent, les élèves et les familles.

Le premier écueil à ce stage est bien la période. Deux semaines en juin alors que les enseignants sont en examen et par conséquent peu, voire pas, disponibles pour le suivi des stages. De plus, les élèves des classes professionnelles sont aussi en stage ainsi que les étudiants de BTS et d’autres formations. Sans parler des collégiens en stage de découverte de 3e. La « concurrence » entre les élèves va être rude et pénaliser ceux qui n’ont pas de réseaux et ne pourront pas bénéficier d’une offre d’entreprises d’accueil suffisante, notamment les PME et petites structures. Il risque d’y avoir même un sérieux « embouteillage » de la recherche de stage.

Certes, pour y faire face, le ministère compte sur la plateforme « 1jeune1solution.gouv.fr » ; mais aucune plateforme ne sera en mesure de proposer des lieux de stages, inexistants dans des bassins d’emplois restreints ou saturés.

Lors de l’annonce de cette initiative, l’ex-ministre avait dit vouloir reconquérir le mois de juin. Ce stage est-il la bonne solution ? N’est-il pas finalement « mal » promu, s’apparentant d’abord à un objectif « d’occuper les jeunes » et de remplir par défaut leur emploi du temps ?

Bien entendu, officiellement, les objectifs recherchés sont la découverte du monde professionnel et de métiers, l’aide aux élèves à choisir leur orientation d’une part, à se projeter un peu loin que le lycée d’autre part. Il est attendu de ces 2 semaines que les élèves affinent leur choix de spécialités de 1re mais ils pourront aussi se déterminer quant à leurs études supérieures ou leur insertion dans la vie active et sur ce point précis, il s’agit d’une bonne idée. Les orientations post-bac sont encore trop souvent faites sans réelle connaissance des secteurs professionnels. La question de la réorientation vers la voie professionnelle pourrait découler de ce stage, quoiqu’elle reste toujours difficile compte tenu du calendrier des affectations à la rentrée.

Autre complication : l’organisation et le suivi du stage de découverte exigent un travail important d’accompagnement des lycéen·nes, de la recherche du lieu de stage à la gestion des conventions, des rémunérations éventuelles en passant par la rencontre ou l’appel des tuteurs. Pour les jeunes en milieu rural, ou éloignés des centres urbains, se pose également la recherche de solutions de mobilité pour trouver et rejoindre l’entreprise d’accueil.

Ces activités chronophages mobilisent des personnels déjà accaparés par la fin de l’année scolaire et la préparation de la rentrée suivante. Et aucun moyen supplémentaire n’est octroyé pour mettre en œuvre cette initiative ministérielle. Aussi, pour assurer la réussite de cette période qui peut s’avérer déterminante pour les élèves, puisqu’en découleront des choix qui les impacteront, l’UNSA Éducation revendique d’avoir le temps de préparer ces stages de manière optimale, avec des personnels investis qui auront eu le délai nécessaire à contacter les entreprises, à créer du réseau, à organiser collectivement, au sein de l’équipe éducative, une réponse pédagogique complète à ce besoin avéré et reconnu par la société. Car celle-ci a aussi et surtout besoin de nos élèves pour la faire vivre, grandir, perdurer, prospérer.

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