Séjours de cohésion SNU. Encadrement inadapté : les incidents se multiplient…
Une fois de plus, l’UNSA constate un écart important entre la communication gouvernementale idyllique sur le déroulement des séjours de cohésion du SNU et la réalité du terrain. Ce n’est pas très étonnant, quand on analyse les modalités prévues pour recruter les encadrants.
Le projet d’ordonnance prévoit 4 possibilités de recrutement :
- des fonctionnaires volontaires, pour lesquels un « congé SNU » indemnisé de 60 jours est spécialement créé
- des contractuel∙les
- des salarié∙es de droit privé (associations)
- des retraité∙es volontaires.
L’UNSA dénonce plusieurs points qui posent difficultés :
Congé spécifique non remplacé : qui fait le travail pendant ce temps ?
Lorsqu’un∙e fonctionnaire est volontaire pour encadrer le SNU, il bénéficie d’un « congé rémunéré et indemnisé » pendant un mois, mais n’est pas remplacé∙e sur ses missions habituelles. Ses collègues seront donc contraint∙es d’absorber le travail, sous peine de voir celui-ci s’accumuler…
Des personnels enseignants et d’éducation disponibles en juin pour un « congé SNU » ? Une utopie ! Le ministère semble considérer que les enseignant∙es et personnels d’éducation seront disponibleq et volontaires pour encadrer des séjours qui se déroulent en juin. C’est bien méconnaître le fonctionnement des établissements, qui sont en pleine période d’examens, de jurys et de préparation de la rentrée suivante. Comment imaginer que les chef∙fes d’établissement, déjà écrasé∙es par leurs missions, pourront libérer une partie des personnels ? De même, les médecins EN, déjà au bord de la rupture pour exercer leurs missions habituelles en sous-effectif chronique, se sont vu imposer la tâche supplémentaire de suivre les dossiers PAI des jeunes participants au SNU. C’est inacceptable.
Recrutement de contractuel∙les sans garantie de déontologie et de compétences : les incidents se multiplient
Encadrer des jeunes dans un objectif éducatif ne s’improvise pas. Cela nécessite une posture et des compétences adaptées. Or le recrutement de contractuels ou de personnels extérieurs aux agents de la FP ne fait que s’amplifier, sans précautions de déontologie ou de compétences. Le résultat est là : dès les premiers jours, des incidents, notamment à caractère racistes, se sont multipliés. Il a fallu procéder à des renvois en urgence d’encadrants, voire de chefs de centre. Curieuse manière de faire partager les valeurs de la République…
Recrutement de salarié∙es : des contrats très précaires
Concernant le recrutement de salarié∙es par des associations – soumises à des objectifs de rentabilité – le risque est grand de voir se multiplier des contrats très précaires de courte durée. Ce qui ne fera que s’amplifier en cas de généralisation du SNU.
Où héberger les jeunes ?
Les centres d’hébergements ont été difficiles à trouver cette année alors que le dispositif ne concernait « que » 16 300 participants (sur 18 000 inscrits). Qu’en sera-t-il lors de la généralisation du SNU ? La réquisition envisagée des lycées pose bien des questions auxquelles aucune réponse n’est apportée : les élèves internes seront-ils contraints de libérer leurs chambres ? Comment accueillir des publics d’élèves et de jeunes volontaires SNU qui ne seront pas soumis aux mêmes règles (ex : signes religieux ostensibles) ? Quelle responsabilité pour les chefs d’établissements ? Quels personnels pour assurer l’entretien des locaux en fin de séjour ? Une organisation à l’aveugle qui fait fi de toutes ces questions n’est pas raisonnable. Par ailleurs, l’UNSA exprime son désaccord sur le fait d’utiliser des locaux appartenant à des établissements confessionnels, ce qui est contradiction avec le principe de laïcité de la République.
Charge de travail des agents Jeunesse et Sports
Nos collègues JS ont déjà des missions nombreuses pour des effectifs très (trop) réduits. Le SNU représente une charge de travail supplémentaire très importante qui ne peut se greffer « en plus ». Il est nécessaire de faire des choix et de sérier les priorités.
Un coût réel du SNU bien supérieur aux annonces gouvernementales
Le SNU coûte cher, très cher. La présentation du budget à l’Assemblée nationale n’est pas sincère car très partielle : seul sont présenté les coûts liés à la partie opérationnelle. Cela ne représente qu’une petite partie du coût réel du SNU, la plus importante étant la rémunération des personnels. Or les fonctionnaires qui travaillent à la préparation et à l’encadrement du SNU sont rémunérés par leurs ministères respectifs. L’essentiel du financement du SNU est donc « invisible » dans le budget présenté par le gouvernement.
L’UNSA Éducation demande que l’ensemble de ces points soient résolus avant d’envisager toute généralisation du SNU les années suivantes.