Santé mentale : des inégalités entre les femmes et les hommes
Les dernières données publiées par Santé publique France mettent en lumière un problème alarmant qui touche notre société : la santé mentale. Suite à la pandémie de Covid-19, on assiste à une hausse des troubles dépressifs et des gestes et idées suicidaires.[1]
Les deux phénomènes touchent indifféremment les deux sexes, dans des proportions et des conséquences bien différentes.
Les disparités
Ainsi, le baromètre santé 2021[1] met en avant que les femmes sont particulièrement vulnérables aux épisodes dépressifs caractérisés (EDC), avec un taux de 17 % sur 12 mois contre 10 % parmi les hommes. Cette hausse s’avère encore plus préoccupante parmi les jeunes adultes : plus d’une femme sur 4 de 18-24 ans rapporte ainsi un EDC dans l’année (contre environ un homme sur 7).
Ces chiffres mettent en évidence une souffrance mentale qui mérite notre attention collective.
Dans le monde du travail, les femmes représentent 49 % de la population active, avec une souffrance psychique liée au travail qui concerne 6 % d’entre elles contre 3 % pour les hommes[1]. Les enquêtes[1.2] rapportent surtout des troubles anxieux et dépressifs liés à des facteurs « managériaux et relationnels », des sentiments de surcharge, de pression psychologique, de l’absence de marge de manœuvre, de manque de reconnaissance, sans oublier les problématiques de violence en milieu professionnel. Ces souffrances au travail peuvent favoriser les conduites suicidaires[1.3].
Le suicide : un fléau toujours d’actualité
Le suicide représente en France encore près de 10 000 décès et 200 000 tentatives de suicide par an, soit près de 28 décès quotidien. [3]
Les hommes sont les plus touchés, avec un taux de suicide de 20,4 pour 100 000 habitants, tandis que le taux pour les femmes est de 6,2 pour 100 000.[3]
Le taux élevé de suicide chez les hommes est souvent attribué à des perceptions sociétales, reflet d’une difficulté accrue à demander de l’aide et à exprimer leur détresse. En effet, l’image de la masculinité peut dissuader les hommes de chercher de l’aide, face à des souffrances psychiques, considérant la vulnérabilité comme une faiblesse[5]. Cette représentation contribue à une sous-évaluation et un sous-traitement de leurs souffrances psychiques.
Néanmoins, le nombre de tentatives de suicide est plus élevé chez les femmes, avec 110 000 tentatives estimées chaque année. Il ressort que les femmes on un stress supérieur aux hommes[2]. Différents facteurs interviennent en particulier le fait qu’elle soit plus vigilante sur les problématique de santé et qu’elles vivent un ensemble d’injonctions paradoxales[4] (exigences contradictoires ou conflit de valeurs). Soulignant ainsi les enjeux de santé mentale qui leur sont propres.
Le taux de suicide reste en France l’un des plus élevés d’Europe avec 13,4 suicides pour 100 000 habitants, pour une moyenne européenne de 10,2 pour 100 000 habitants.[3]
La santé mentale s’est dégradée en France et dans le monde du travail, cette évolution, dans un contexte sociétal anxiogène, risque de se poursuivre.
Agir pour changer les choses
Face à cette réalité préoccupante, il est impératif que chacun d’entre nous devienne acteur du changement.
L’UNSA Éducation appelle à une négociation sur la qualité de vie et les conditions de travail des personnels qui doit se traduire par des mesures concrètes d’amélioration des conditions de travail.
Nos ministères doivent permettre une organisation du travail qui favorise un équilibre entre vie professionnelle et vie personnelle, avec une culture axée sur la reconnaissance et le respect des capacités de chacun, en veillant à maintenir une charge de travail adéquate.
La prévention du burn-out et du suicide lié au travail doit être une priorité absolue. Afin de mener à bien cet indispensable chantier, il est impératif qu’une vigilance extrême soit apportée aux signalements en matière de Risques Psycho-Sociaux (RPS) et que des solutions soient apportées.
L’UNSA Éducation revendique la création d’un plan de prévention du risque suicidaire, intégrant des actions concrètes de prévention primaire, secondaire et tertiaire. Chaque ministère doit mobiliser les ressources nécessaires pour identifier les agents en souffrance, peu importe leur lieu d’exercice, et intervenir dès les premiers signaux d’alerte.
La santé mentale représente un défi sociétal majeur. Il est impératif que nous agissions collectivement, avec bienveillance et sans jugement. Au-delà des chiffres, ce sont des vies humaines qui sont en jeu, et chaque geste compte dans cette lutte. Nous pouvons contribuer à améliorer la situation en étant attentif, à l’écoute et en brisant les tabous autour de la souffrance psychologique.
Les ressources pour aider ceux qui en ont besoin
- Le site internet « Dites je suis là » permet de s’informer sur les signes d’alerte du suicide.
- 3114 le bon réflexe quand on a des idées suicidaires, ou que l’on est inquiet pour un proche. 3114 le numéro national de prévention du suicide pour tous. Numéro confidentiel, gratuit et disponible 24h/24 et 7j/7, accessible en tout point du territoire. Ses répondants sont infirmiers ou psychologues et sont supervisés par un psychiatre coordonnateur.
L’INRS rappelle que la mise à disposition d’un numéro vert anonyme et gratuit ne peut se substituer à une véritable prise en charge psychologique. De plus, elle ne permet pas d’identifier et d’agir sur les facteurs de risques psychosociaux.
Les articles UNSA éducation :
Les 12 conseils de l’UNSA Education pour préserver votre santé mentale au travail
La santé mentale lever les tabous
La santé mentale au travail, je m’en occupe avec l’Unsa Education
Nous contacter : fp@unsa-education.fr
Sources :
1- Santé publique france.Des inégalités de santé persistantes entre les femmes et les hommes (2024)
1.2- La souffrance psychique en lien avec le travail (pdf)
1.3- INRS suicide en lien avec le travail.
2- IPSOS. Santé mentale un problème de santé majeur pour plus d’un tiers des francais
3- Santé.gouv. Plaquette stratégie nationale de prévention du suicide-sept23.pdf
4- Podcast France inter : Santé mentale au travail, pourquoi les chiffres ne s’améliorent pas ?
5- Minds. « Sois fort et tais-toi ! La santé mentale et les hommes »