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Programme RN pour l’école : le piètre et le néant

Ce week-end, Marine Le Pen a fait son premier grand meeting de campagne pour la présidentielle d’avril prochain. Elle a également donné les grandes lignes de son programme sous forme de 22 mesures pour 2022. En ce qui concerne l’éducation, il y a pour le moment très peu de mesures, et celles-ci ne sont pas du tout à la hauteur des enjeux : le RN hésite entre le piètre et le néant pour proposer une politique éducative d’avenir.

Le Rassemblement national fait face actuellement à la concurrence de Zemmour pour capter l’électorat tenté par le vote d’extrême droite. Cet agitateur polémiste s’est fait remarquer par ses propositions radicales et dangereuses dans tous les domaines, y compris en ce qui concerne l’éducation ( voir notre article « L’école selon Zemmour : entre ordre nouveau et vieilles badernes » ) Face à lui, Marine Le Pen essaye de convaincre et de rassurer l’opinion en détaillant régulièrement les principaux aspects de son programme, marqué par une volonté de «  dédiaboliser » son discours. Pour autant, les mesures du RN n’évitent pas les outrances ou les silences. C’est particulièrement le cas dans le domaine de l’éducation.

Très peu de propositions dans le domaine éducatif

Il faut attendre la 15e mesure sur 22 pour connaître les propositions du RN sur l’éducation : il s’agit avant tout de « restaurer notre système éducatif » en insistant tout d’abord sur le rôle du français, des mathématiques et de l’histoire dans les programmes, mais sans aucune autre précision. Ensuite, il importe selon le RN de restaurer l’autorité, avec pour seule mesure de fournir un uniforme aux élèves. Enfin, il est nécessaire pour Marine Le Pen de « supprimer la bureaucratie de l’Éducation nationale » pour trouver de nouveaux moyens financiers : on peine à comprendre ce que cela signifie concrètement, si ce n’est qu’il faut supprimer des postes dans l’administration du MENJS à tous les niveaux en pensant que cela suffira à dégager de nouveaux moyens. Enfin, pour surfer sur le mécontentement actuel de la profession, Le RN souhaite revaloriser les salaires des enseignantes et des enseignants et diminuer les effectifs par classe, mais là encore il n’y a aucune autre précision ni aucun chiffrage. Cela fait au total très peu de propositions.

On trouve néanmoins dans l’ensemble du programme d’autres indications : ainsi, Marine Le Pen souhaite fournir un chèque formation pour les apprentis de 200 à 300 euros mensuels, lancer un plan pour l’accès à la scolarité pour les élèves en situation de handicap ou bien encore mettre en place des visites médicales scolaires régulières . Ces mesures ne sont pas du tout détaillées et semblent avoir pour seul but de répondre à quelques enjeux actuels ou de se démarquer de Zemmour, en particulier à propos de l’école inclusive.

Aucun réel effort dans ce domaine pour se concentrer sur les fondamentaux du RN

De prime abord, un tel programme éducatif peut paraître lisse et acceptable par beaucoup. Mais il convient d’aller plus loin : le retour aux fondamentaux dans les programmes passe ainsi par la valorisation d’un roman national qui mettrait l’histoire au service d’un projet politique exclusif, nationaliste et diviseur. L’appel à l’uniforme pour restaurer l’autorité fait aussi partie des vieilles marottes des plus réactionnaires. Surtout, si ce programme pour l’éducation est frappant d’un côté par sa vacuité, de l’autre par son côté presque « passe partout », il ne faut pas se leurrer : le RN se concentre sur d’autres sujets, à savoir l’immigration, la sécurité, et la volonté d’instaurer un régime où les corps intermédiaires et même les valeurs de la République seraient mis entre parenthèses.

Il se peut que dans les prochaines semaines, le programme éducatif de Marine  Le Pen soit plus précis :  d’autres thématiques sont en effet évoquées dans des brochures d’une vingtaine de pages. Mais, pour le moment, un tel flou s’explique aussi par les difficultés du RN à élaborer un programme crédible dans ce domaine :  le collectif Racine qui était chargé il y a plusieurs années de faire des propositions dans le domaine éducatif a rejoint en 2017 le mouvement de Florian Philippot. Plus récemment, la structure qui avait remplacé ce collectif d’éducateurs d’extrême droite, à savoir le forum « École et Nation » a déserté le RN pour se rallier au candidat Zemmour, laissant le parti lepéniste sans structure regroupant des enseignantes et des enseignants ou des personnels de l’éducation. Une telle situation, qui montre que le monde éducatif est peu attiré par les idées du RN, explique aussi que le programme éducatif de Marine Le Pen soit si superficiel.

 

Mais il importe surtout de lire l’ensemble des propositions du RN pour la présidentielle 2022 : ce qu’elles dévoilent, c’est un programme d’extrême droite qui entraînerait notre pays vers des divisions flagrantes et sur un chemin autoritaire. De telles idées rétrogrades et réactionnaires ne pourront jamais permettre d’affronter les enjeux actuels et d’améliorer à l’avenir le sort des plus jeunes.  L’UNSA Éducation persiste et persistera à dénoncer la supercherie, l’inefficacité et la dangerosité des programmes de l’extrême droite. Notre fédération continuera d’accompagner les citoyens, les citoyennes et les collègues pour défendre pied à pied, les valeurs et les principes de notre République, tout particulièrement celles de fraternité et de solidarité.

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