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L’école selon Zemmour : ordre nouveau et vieilles badernes

Le candidat Zemmour vient d’annoncer ses propositions sur l’école dans le cadre de sa candidature aux élections présidentielles. Disons-le simplement : ces 15 propositions ne résoudront absolument aucun des problèmes de l’école actuellement ; au contraire, leur application creuserait encore davantage les inégalités dans la société française et entraînerait de graves conséquences. Zemmour vient d’ailleurs d’affirmer qu’il souhaitait mettre fin à l’école inclusive, montrant sa méconnaissance totale du sort des élèves en situation de handicap. L’UNSA Éducation décrypte ce programme d’extrême droite.

Éric Zemmour s’est déclaré candidat aux prochaines élections présidentielles le 30 novembre dernier, et il précise peu à peu son programme. La partie sur l’éducation arrive après des propositions sur la justice, l’économie ou bien encore juste après celles concernant… les automobilistes. Cela suffit à montrer que l’éducation n’est en soi pas la priorité de ce candidat. Que disent ses 15 propositions ?  Pour effectuer ce décryptage, nous nous basons sur les deux documents publiés, dont le contenu diffère un peu : d’une part le communiqué de presse, et d’autre part l’ensemble des propositions accompagnés de visuels que l’on trouve sur le site du parti de Zemmour « Reconquête ! »

Des mesures rétrogrades

Elles concernent tout d’abord les trois niveaux d’enseignement, primaire, collège et lycée : pour les plus jeunes, il est nécessaire de s’arrêter sur les fondamentaux « lire, écrire, compter », vieille lubie des plus réactionnaires qui pensent que les plus jeunes élèves apprennent de moins en moins. Mais surtout, il souhaite créer un certificat d’études primaires, ce qui indubitablement créera un tri parmi les élèves. Cela sera renforcé par la fin du collège unique et l’orientation dès 14 ans. Enfin, le lycée servira avant tout à créer des classes d’excellence. On le voit donc : une grande partie des intentions de Zemmour consiste à faire le tri entre élèves à l’école et à faire la promotion d’une élite. L’application de telles mesures n’entrainerait que le creusement des inégalités et la construction d’une société à plusieurs vitesses. Cela va à l’encontre du projet émancipateur portée par l’école publique depuis la fin du XIXème siècle. Surtout, ces mesures reflètent un passé mythifié, le fameux « c’était mieux avant ! » que Zemmour, qui se prétend historien à ses heures, valorise à longueur de ses discours rétrogrades.

Ordre, autorité, nation

Mais il va plus loin : il faut bannir « toute forme de propagande idéologique à l’école pour protéger les enfants ». Ici encore le message est clair, puisque le candidat d’extrême droite l’a évoqué à plusieurs reprises : il vise la lutte contre le racisme et la xénophobie, contre les LGBTphobies et la transphobie, autant d’éléments qui selon lui correspondent à de l’idéologie. Or, mener des actions pédagogiques dans ce domaine, enseigner et porter les valeurs de la République, participer à la construction de la citoyenneté avec les élèves, ce sont autant de missions essentielles de l’école jusqu’à présent. C’est donc à une véritable mise au pas auquel aspire Zemmour, un ordre nouveau qui ferait de tous les professionnels des personnes au service de ses idées. Car il s’agit au fond de refonder une école qui serait selon ses propres termes « gangrénée ». Pour cela, il faut rétablir l’ordre dans les établissements et discipliner élèves et personnels : il propose ainsi le retour des fameux « surveillants généraux » vus comme les nouvelles figures de l’autorité à l’école, alors qu’il reprend des vieilles badernes et des clichés réactionnaires. Cerise sur le gâteau : l’idée qu’il faudrait un retour à la blouse pour tous les élèves, alors que cela n’a jamais existé à l’école ! L’idéologie nationale et xénophobe est ici très présente.

Enfin lors d’un déplacement dans le Nord, le candidat Zemmour a déclaré qu’il souhaitait séparer les enfants en situation de handicap des autres, ce qui illustre sa vision d’une école de la ségrégation et de la séparation.

L’école privée mais pas la laïcité

Enfin, le communiqué de presse qui annonce ce programme précise que Zemmour souhaite valoriser l’école privée, sanctuaire selon lui de la réussite, alors que l’école publique s’est effondrée. Cette vision passéiste, qui reprend les discours pétainistes sur l’école après la défaite de 1940, suffit à montrer que ce programme entraînerait de graves atteintes à la laïcité. Ah oui tiens, et la laïcité ? Pas un mot à son sujet, ce qui suffit à montrer la supercherie des idées défendues dans ce programme qui comme le dit le spécialiste de l’éducation Claude Lelièvre est tout simplement un « tas d’âneries ».

L ‘UNSA Éducation persistera à dénoncer la supercherie, l’inefficacité et la dangerosité des programmes de l’extrême droite. Là où elle est au pouvoir, et là où les idées extrémistes et nationales populistes émergent, l’UNSA Éducation continuera d’accompagner les citoyens, les citoyennes et les collègues pour défendre pied à pied, les valeurs et les principes de notre République, tout particulièrement celles de fraternité et de solidarité.

L’école que Zemmour et ses partisans veulent est une école de ségrégation sociale, qui renforcera une élite au service d’un ordre nouveau qu’il aspire de ses vœux. En reprenant de vieilles idées ressassées depuis des lustres par les plus réactionnaires, il montre sa volonté de créer une école qui s’éloigne du modèle républicain et de notre démocratie émancipatrice : c’est en cela que les idées défendues par Éric Zemmour sont dangereuses.

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