Médecin scolaire : un sacerdoce, mais à quel prix ? 150 000 euros depuis 2000 pour Françoise
Françoise est médecin scolaire depuis septembre 1993. D’abord vacataire, elle a passé le concours en 1995. En septembre 2000, son indice était de 581 points. Elle a gravi les échelons suivant les modalités statutaires classiques et, aujourd’hui et jusqu’en septembre 2023, son traitement indiciaire brut sera calculé sur la base de 1067 points.
- Durant cette période, elle aura vu sa progression de carrière amputée par le gel du point d’indice. En effet sur cette période, l’inflation cumulée a été d’un peu plus de 48%. Pendant la même période, le point n’a été revalorisé que de 16% environ.
Cela représente pour Françoise une perte de pouvoir d’achat due au gel du point d’indice de près de 22% sur la période.
- On peut regarder cela autrement : les grilles statutaires auraient pu lui faire bénéficier d’une augmentation de 84% de son traitement indiciaire brut, mais à cause du gel du point d’indice, celle-ci n’aura été que de 42% (en 23 ans, soit environ 1,5% par année d’expérience).
La moitié de l’augmentation statutaire de Françoise aura été annulée par le gel du point d’indice.
- Mais cela ne s’arrête pas là. Chaque mois, Françoise a donc gagné un peu moins que si le point avait suivi l’inflation. Ces pertes se sont accumulées et, au fur et à mesure des années, cela représente une somme plus que conséquente : 128 000 euros bruts et encore davantage en euros constants (en annulant les effets de l’inflation).
En 23 ans Françoise aura perdu près de 150 000 euros bruts en euros constants.
Certains cherchent à savoir pourquoi l’éducation nationale a du mal à recruter depuis deux décennies. Françoise sait pourquoi.
Dans un contexte de pénurie chronique depuis au moins 2006, on atteint aujourd’hui des sommets dans ce domaine avec environ 500 postes vacants pour 800 postes occupés. Cela provoque une dégradation des conditions de travail en augmentant le périmètre d’intervention pour pallier les manques.
Alors oui, s’investir au service du public est un choix, un sacerdoce. C’est sans aucun doute encore plus vrai lorsqu’il s’agit de s’occuper de la santé et du bien être des enfants. Il n’en reste pas moins que si on compare, même à d’autres services publics (hôpital, santé publique, PMI), la médecine scolaire dans l’éducation nationale est toujours la moins bien lotie. La progression de carrière y est moins rapide et les primes moins importantes. Nous ne parlons même pas ici de la concurrence créée par les structures privées sponsorisées par l’État qui offrent des salaires stratosphériques en comparaison…
Il y a bien eu une refonte des grilles statutaires en 2012 avec la création d’une hors classe et une légère accélération des promotions de grade. Cela est loin de compenser les pertes dont nous parlons ici.
Pourtant en passant seulement quelques minutes à écouter Françoise, vous comprendrez qu’avec quelques mesures simples, une réelle attractivité du métier de médecin scolaire est possible.
A quand une refonte des grilles, des primes et indemnités ?
A quand un remboursement des frais de déplacements réellement engagés ?
A quand une aide humaine à travers un secrétariat trop peu souvent existant ?
A quand des bureaux dignes et dotés des équipements nécessaires sur tous les postes, ce qui n’est pas le cas partout ?
Aujourd’hui, Françoise doit encore travailler jusqu’à 67 ans si elle veut bénéficier d’une retraite sans décote. Elle n’a néanmoins plus aucune perspective d’évolution salariale jusque-là.
L’UNSA Éducation reste à disposition de ceux qui souhaiteraient contester ces chiffres et ces calculs et se fera une joie de prouver par A plus B que c’est une réalité. Les lecteurs nous feront grâce des décimales pour une lecture plus claire de cet article mais celles-ci sont présentes dans nos calculs.
Pour celles et ceux qui voudraient en savoir plus sur les données ayant conduit à ces résultats :
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