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L’extrême droite et l’École : retour vers le passé ?

À moins d’un mois du 1er tour de l’élection présidentielle, les candidates et candidats sont désormais connu·es et leurs programmes également. Concernant notre système éducatif, il faut admettre la superficialité des propositions de Marine Le Pen et d’Eric Zemmour qui mobilisent un vocabulaire du “rétablissement” ou de la “restauration”, supposant un retour vers un passé mythifié. Derrière la volonté de se différencier les deux candidat·es mènent le même combat : faire gagner l’extrême droite et ses idées nauséabondes. L’UNSA Éducation analyse leurs propositions, parfois inquiétantes, pour l’École.

Un “affaissement continu” du système éducatif

Marine Le Pen et Éric Zemmour partagent un constat d’un “effondrement du niveau des élèves français depuis cinquante ans”. Pour y répondre, les programmes et méthodes seront intégralement repris par le ministère de l’Éducation nationale et le contrôle des enseignant·es sera renforcé. Il est décidé de la suppression des instituts de formation actuels – les INSPE – “où l’idéologie de gauche règne en maître” selon la candidate du Rassemblement national (RN). Cela en dit long sur l’intérêt porté à la liberté pédagogique… Les heures de cours en primaire seront “significativement accrues” et recentrées sur les apprentissages du français, des mathématiques et de l’histoire de France. En classe, la barre serait à 20 élèves en primaire, et 30 dans le secondaire.

Uniforme, vidéoprotection, autorité et assimilation

En parallèle, l’extrême droite veut restaurer l’autorité des enseignant·es et de l’École. Marine Le Pen propose de sévères “sanctions plancher”  sans détailler lesquelles, mais précise malgré tout, une mesure discriminatoire pour les parents, que l’absence d’assiduité sera sanctionnée par “la suspension des allocations familiales et des bourses scolaires”. À cela, elle déclare vouloir “généraliser la vidéoprotection” dans tous les collèges et lycées. Comme elle, Éric Zemmour veut le port obligatoire de l’uniforme, comme cela se fait dans certaines institutions privées le plus souvent hors-contrat. La solution de l’uniformisation se prolonge lorsque la candidate d’extrême droite entend aussi supprimer l’enseignement des langues et cultures d’origine, qui sont d’après elle “une véritable insulte à la culture de l’assimilation, notamment parce que [ces enseignements] sont assurés par des enseignants étrangers”. Dans les réseaux d’éducation prioritaire (REP), elle souhaite mettre en place une politique d’assimilation pour contrer “la fracture culturelle” avec les familles, qui selon elle, “refusent les codes culturels et sociaux français”.

Réforme floue du système éducatif

Depuis la loi Haby de 1975, le collège est dit “unique” dans le sens où les enseignements fournissent un bagage commun aux élèves. Ce socle commun est mis en œuvre selon des pratiques pédagogiques adaptées aux besoins des élèves. Ce fonctionnement est dans le viseur de Marine Le Pen, et encore plus chez le polémiste Zemmour qui veut “mettre fin au collège unique” et instituer des “classes de niveau”. Le brevet des collèges deviendrait un examen validant le passage en seconde. De même l’entrée en 6ème serait conditionnée à un examen préalable. Après les propos du désormais candidat Macron, Marine Le Pen a infléchi son discours afin de tenter de séduire les enseignant·es en proposant une augmentation de salaire sans précisions. Elle compte ainsi disposer d’un nouvel électorat, alors que le monde de l’éducation est resté pour le moment insensible aux sirènes de l’extrême droite. La revalorisation de la voie professionnelle et de l’apprentissage par des “ponts” est mise en avant sans vraiment détailler. Au lycée, la réforme Blanquer serait abrogée pour revenir aux anciennes filières. Enfin, Marine Le Pen propose de “couper et dégraisser des milliers de postes dans le ministère et les rectorats” pour trouver des moyens financiers. Enfin, comme la majorité des candidat·es, il est proposé de revaloriser les salaires des enseignantes et des enseignants selon le mérite pour Marine Le Pen, et pour Éric Zemmour par des primes “fondées sur la qualité de la transmission du savoir évaluée grâce à de fréquentes inspections”.

Avec d’autres organisations syndicales, l’UNSA Éducation participe à une initiative commune contre l’extrême droite : voir notre article à ce sujet “Toutes et tous ensemble contre l’extrême droite”. En résumé, les propositions pour l’École visent à revenir à un ordre scolaire ancien fondé sur l’autorité. À l’image de l’intégralité de leurs programmes, les propositions du RN et de Reconquête ! cherchent à diviser notre pays et le mener vers un contrôle fort et autoritaire. L’UNSA Éducation persiste et persistera à dénoncer la supercherie, l’inefficacité et la dangerosité des programmes de l’extrême droite. Notre fédération continuera d’accompagner les citoyens, les citoyennes et les collègues pour défendre pied à pied, les valeurs et les principes de notre République, tout particulièrement celles de fraternité et de solidarité (voir aussi « Contre l’extrême droite, nos voix comptent”).

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