Le syndicalisme n’est pas un supplétif !

A l’UNSA, nous pensons que le syndicalisme est indispensable aux démocraties abouties. Cela implique que tous les acteurs reconnaissent le rôle indispensable de la démocratie sociale sans collusion ou compétition avec la démocratie politique. A l’UNSA, nous pensons que le réformisme combatif est la bonne méthode pour que la démocratie sociale montre son utilité.
Encore faut-il que les mouvements politiques et, en premier lieu, ceux qui gouvernent, reconnaissent pleinement les partenaires sociaux.

Consulter ou concerter en est la première démonstration, c’est le plus facile et le plus courant. Certains par habitude ou par opportunité s’en dispensent encore trop souvent quand d’autres par principe et idéologie promettent eux de s’en passer totalement. Au-delà de ces simples échanges et contributions, le monde politique doit accepter que les partenaires sociaux produisent de la norme. Dit autrement, l’ordre public social, ce n’est pas exclusivement la loi, ce sont également les accords collectifs (interprofessionnels, de branche ou d’entreprise). D’autant que c’est la réalité en France depuis les années 50 avec une accélération après 1968. Evidemment, la Loi a la responsabilité de fixer l’ordre public absolu et quand elle porte cette mention, elle s’applique seule. Les partenaires sociaux peuvent d’ailleurs y contribuer, en amont, lors de son élaboration. Mais le principe « de faveur », qui veut qu’un accord collectif ne puisse qu’être plus favorable que la loi, a été ébranlé par la fin des trente glorieuses et la crise économique des années 70. Ainsi l’ordre public dérogatoire s’est développé en France d’abord avec les lois Auroux de 1982 mais surtout avec la loi Aubry de 2000 et la loi Fillon de 2004. Toutes ces exceptions ont donné de lourdes responsabilités aux syndicats représentatifs. Et loin des grands discours, ils s’en sont tous saisis sur le terrain.

A l’heure où la confusion règne sur le terrain du droit social, il est important de rappeler que les partenaires sociaux ne sont pas des « supporters » ou des « accompagnants » des politiques publiques. Ils y contribuent très concrètement. Pourtant, certains syndicats et certains syndicalistes ne se vivent que comme des forces d’appoints de mouvement politiques, faisant des lois l’alpha et l’omega de leur combat. Attendre la « bonne » loi, refuser ou demander le retrait de la « mauvaise », serait la seule alternative. Nous, à l’UNSA, notre stratégie syndicale est différente. Nous ne confondons pas notre rôle avec celui des forces politiques. C’est indispensable, d’abord par indépendance, mais aussi parce que nous représentons des salariés qui doivent rester libres de leurs choix citoyens et que nous devons représenter dans la diversité de leurs opinons. C’est pourquoi, du reste, que nous ne devons pas exprimer des « vivats » ou des déceptions par rapport aux politiques menées mais au contraire nous cantonner à l’expression d’accords ou de désaccords en lien avec nos mandats et nos mandants.


Mais souhaiter que le syndicalisme joue pleinement son rôle démocratique c’est surtout sortir du rôle de supplétif auquel beaucoup d’acteurs politiques veulent le réduire et dans lequel nombre de syndicalistes se complaisent. Nous, nous voulons donner toute sa place au dialogue social, à la négociation, aux accords. A la fois, pour obtenir, quand ça va bien, des droits supplémentaires pour les salariés, mais également quand ça va mal, pour limiter la casse en n’abandonnant pas les salariés aux seuls employeurs, sans contrôle ou contre-pouvoir. Le syndicalisme peut et doit produire de la norme et de la règle. Il n’est pas une force d’appoint quels que soient les gouvernements. Il ne l’est donc, ni pour l’opposition pour combattre une majorité, ni pour la majorité pour « aider » à la mise en œuvre d’une politique.

Ce message doit être entendu par toutes les forces républicaines : gouvernants, partis, courants de pensée, etc. Le syndicalisme est utile pour toutes et tous. Il doit pour cela conserver sa singularité. Bref, le syndicalisme n’est pas un supplétif.

Laurent Escure
Secrétaire général de l’UNSA Éducation

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A l’UNSA, nous pensons que le syndicalisme est indispensable aux démocraties abouties. Cela implique que tous les acteurs reconnaissent le rôle indispensable de la démocratie sociale sans collusion ou compétition avec la démocratie politique. A l’UNSA, nous pensons que le réformisme combatif est la bonne méthode pour que la démocratie sociale montre son utilité.
Encore faut-il que les mouvements politiques et, en premier lieu, ceux qui gouvernent, reconnaissent pleinement les partenaires sociaux.

Consulter ou concerter en est la première démonstration, c’est le plus facile et le plus courant. Certains par habitude ou par opportunité s’en dispensent encore trop souvent quand d’autres par principe et idéologie promettent eux de s’en passer totalement. Au-delà de ces simples échanges et contributions, le monde politique doit accepter que les partenaires sociaux produisent de la norme. Dit autrement, l’ordre public social, ce n’est pas exclusivement la loi, ce sont également les accords collectifs (interprofessionnels, de branche ou d’entreprise). D’autant que c’est la réalité en France depuis les années 50 avec une accélération après 1968. Evidemment, la Loi a la responsabilité de fixer l’ordre public absolu et quand elle porte cette mention, elle s’applique seule. Les partenaires sociaux peuvent d’ailleurs y contribuer, en amont, lors de son élaboration. Mais le principe « de faveur », qui veut qu’un accord collectif ne puisse qu’être plus favorable que la loi, a été ébranlé par la fin des trente glorieuses et la crise économique des années 70. Ainsi l’ordre public dérogatoire s’est développé en France d’abord avec les lois Auroux de 1982 mais surtout avec la loi Aubry de 2000 et la loi Fillon de 2004. Toutes ces exceptions ont donné de lourdes responsabilités aux syndicats représentatifs. Et loin des grands discours, ils s’en sont tous saisis sur le terrain.

A l’heure où la confusion règne sur le terrain du droit social, il est important de rappeler que les partenaires sociaux ne sont pas des « supporters » ou des « accompagnants » des politiques publiques. Ils y contribuent très concrètement. Pourtant, certains syndicats et certains syndicalistes ne se vivent que comme des forces d’appoints de mouvement politiques, faisant des lois l’alpha et l’omega de leur combat. Attendre la « bonne » loi, refuser ou demander le retrait de la « mauvaise », serait la seule alternative. Nous, à l’UNSA, notre stratégie syndicale est différente. Nous ne confondons pas notre rôle avec celui des forces politiques. C’est indispensable, d’abord par indépendance, mais aussi parce que nous représentons des salariés qui doivent rester libres de leurs choix citoyens et que nous devons représenter dans la diversité de leurs opinons. C’est pourquoi, du reste, que nous ne devons pas exprimer des « vivats » ou des déceptions par rapport aux politiques menées mais au contraire nous cantonner à l’expression d’accords ou de désaccords en lien avec nos mandats et nos mandants.


Mais souhaiter que le syndicalisme joue pleinement son rôle démocratique c’est surtout sortir du rôle de supplétif auquel beaucoup d’acteurs politiques veulent le réduire et dans lequel nombre de syndicalistes se complaisent. Nous, nous voulons donner toute sa place au dialogue social, à la négociation, aux accords. A la fois, pour obtenir, quand ça va bien, des droits supplémentaires pour les salariés, mais également quand ça va mal, pour limiter la casse en n’abandonnant pas les salariés aux seuls employeurs, sans contrôle ou contre-pouvoir. Le syndicalisme peut et doit produire de la norme et de la règle. Il n’est pas une force d’appoint quels que soient les gouvernements. Il ne l’est donc, ni pour l’opposition pour combattre une majorité, ni pour la majorité pour « aider » à la mise en œuvre d’une politique.

Ce message doit être entendu par toutes les forces républicaines : gouvernants, partis, courants de pensée, etc. Le syndicalisme est utile pour toutes et tous. Il doit pour cela conserver sa singularité. Bref, le syndicalisme n’est pas un supplétif.

Laurent Escure
Secrétaire général de l’UNSA Éducation