La Fonction Publique des spécificités qui impactent la santé mentale ?

Les impacts sur la santé mentale au travail a des causes qu’on retrouve tant dans le public que dans le privé : soucis d’autonomie, de marge de manœuvre, de collectif de travail. Cependant, travailler dans le service public comporte une particularité essentielle : les personnels sont animés par une motivation spécifique, celle d’avoir le sens du service public ». Une singularité qui impacte tous les métiers de nos ministère de l’ Éducation. Cependant. Ce sens du service public peut aussi peser sur la santé mentale des agents. Explication.

Une vocation mise à l’épreuve.

Pour la plupart des agents, travailler dans la fonction publique est fortement lié à la volonté  d’ « assurer un service public efficient ». Leur motivation repose sur un  sens fort à travailler pour l’intérêt général, au service des usagers.  Or, la « qualité empêchée » par différents facteurs peut.  être génératrice de troubles de la santé mentale.

En effet, la relation avec les usagers occupe une place fondamentale. Les personnels sont parfois confrontés à des personnes en difficulté, en situation de souffrance et parfois même violentes. Ceci peut induire des exigences émotionnelles fortes, souvent source d’un dérèglement dans la santé mentale.

Cette tension est exacerbée, dans un contexte où les personnalités publiques critiquent ouvertement et activement le service public.

À cela s’ajoute la diminution constante des moyens, qui rend difficile la réalisation d’un travail de qualité conforme aux aspirations des agents.
D’autant que, depuis quelques années, le service public peut être trop souvent regardé sous un prisme d’indicateurs de gestion. Ceci au risque de passer à côté de des objectifs essentiels qui sont de répondre aux problématiques sociétales. (Lire notre article « Santé mentale au travail et new management »)

Cette approche uniquement financière contribue à la perte de sens au travail des personnels publics. Les injonctions contradictoires constituent un fléau spécifique au secteur public, où les agents doivent concilier des objectifs parfois inconciliables : réduire les coûts tout en maintenant la qualité du service, ou encore par exemple mettre en œuvre l’inclusion sans moyens supplémentaires.

De même, l’introduction de l’évaluation individuelle des performances est également un risque de faire disparaître les motivations intrinsèques liées aux valeurs d’intérêt général instaurant une logique concurrentiel entre collègues qui peut nuire à la cohésion des équipes et ainsi aux missions de service public.

De plus, l’intensification du travail sans réelle compensation proportionnelle (situation aggravée par les contraintes budgétaires qui limitent les possibilités d’évolution salariale) renforce le sentiment d’injustice et constitue un facteur de risque pour le développement de troubles psychosociaux. Cette densification du travail s’est d’ailleurs accentuée depuis la crise sanitaire.

Ces facteurs  isolés ou combinés peuvent générer un stress chronique particulièrement délétère pour la santé mentale. Trop souvent cette « qualité empêchée du service public » est une souffrance sous-estimée.

Des services essentiels négligés

La dernière crise sanitaire a pourtant remis en lumière l’importance cruciale de la continuité du service public avec une attente sociétale forte envers la fonction publique pour gérer ces situations. De nombreux métiers de la fonction publique sont réapparus comme créateurs de valeurs sociales essentielles, c’est le cas de l’enseignement.

La continuité du service public a été assurée souvent en mode dégradé, grâce à  l’engagement et à l’adaptabilité des personnels au service de l’intérêt général. Au final, là où les responsables politiques avaient « promis »  de réfléchir et de redonner les moyens à ces services essentiels, ils semblent plutôt avoir entériné l’idée qu’avec moins de moyens « cela fonctionne », sans inclure la dimension que ce surinvestissement ne peut durer dans le temps sans détérioration de la santé des agents. Les coupes budgétaires se poursuivent, entraînant l’épuisement des personnels dans l’indifférence générale.

Ainsi, le comportement actuel des personnalités politiques impacte fortement le fonctionnement des services publics.

Une organisation descendante et une emprise politique excessive

L’organisation pyramidale de la fonction publique, implique un fonctionnement très hiérarchique, dans laquelle les personnes de terrain ne sont pas consultées. Les effets néfastes de ce mode de fonctionnement mis en exergue par les diagnostics sur les risques psychosociaux (RPS), sont aujourd’hui accentués par les interférences  politiques.

Les services publics constituent l’un des piliers de notre modèle de société, guidés par l’intérêt général, dépourvu d’intérêts financiers, devrait être protégé des logiques partisanes.

Hélas, nous nous éloignons quotidiennement de ces principes simples. Dans la pratique, on constate une dérive : la politique est devenue une foire idéologique où l’émotion et les convictions l’emportent sur toute forme de vérité. La quête de visibilité médiatique conduit à des décisions précipitées, dictées par le calendrier politique plutôt que par la pertinence des choix.

Dans le contexte d’instabilité politique actuel, les répercussions et les effets sur nos collègues sont de plus en plus marqués : pression, stress, conflits de valeurs, perte de sens au travail, tous les ingrédients des RPS, autant de signaux préoccupants qui alimentent les RPS et fragilisent la santé mentale des agents.

Quand les serviteurs de l’État deviennent des cibles

Cette perte de sens au travail est aggravée par le manque de reconnaissance. La thématique de la carrière et des rémunérations est un facteur aggravant adossée à la stigmatisation du service public et de ses fonctionnaires. Si cette défiance a toujours existé, elle a pris une ampleur inédite ces dernières années, alimentée par des discours politiques de plus en plus virulents et populistes.

Baisser les moyens du service public d’année en année est également insidieux. Cette méthode pour décrédibiliser le service public pour en conclure ensuite que le service public ne fonctionne pas. On stigmatise et au final, on fragilise le service public. Les personnels assistent démoralisés à la destruction de leurs valeurs.

Pourtant, à chaque crise, la société se tourne spontanément vers le service public, démontrant son rôle essentiel comme garant d’équité et de solidarité.

Pour un service public fort et reconnu

Aujourd’hui, la responsabilité de la classe politique devrait être claire :  conduire l’état dans l’intérêt général en défendant le service public, protégeant celles et ceux qui mettent en œuvre les politiques publiques, et en  redonnant sens et moyens au travail.

Dans un contexte climatique, géopolitique incertain, où la société compte sur le service public pour l’accompagner dans la gestion de crise, l’UNSA revendique un service public fort, pilier d’une société solidaire. Notre organisation porte un projet syndical de reconnaissance et de valorisation des personnels aussi nécessaire qu’urgent face aux enjeux actuels.

Quelques sources  :

Vidéos :

ANACT : les RPS dans la fonction publique : y a-t-il une spécificité ?

IGPDE :  le sens du travail dans la fonction publique : spécificités, valeurs et perspectives

Les articles UNSA éducation :

Santé mentale au travail : je m’en occupe avec l’Unsa Education !

Santé mentale : lever les tabous !

Santé mentale : des inégalités entre les femmes et les hommes

Santé mentale au travail : et si cela passait par une meilleure reconnaissance ?

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