La démocratie s’apprend …..en la pratiquant

Le Grand Débat National invite les Français à aller s’exprimer et confronter leurs avis aux autres. Comment faire pour que cet exercice ne soit pas biaisé , et pratiqué que par ceux qui sont les plus informés, les plus impliqués dans la vie de la cité, dans la société ? En éduquant au débat, en éduquant à la démocratie en contexte scolaire et hors scolaire. Car débattre ça s’apprend ! Et la démocratie aussi , et en la pratiquant c’est bien plus aisé !

Pour de nombreux pédagogues (Célestin Freinet, par exemple), « Éduquer à la démocratie » ne va pas sans vivre au jour le jour dans une organisation (classe, école, lycée) dont le fonctionnement est démocratique.
C’est-à-dire dans une organisation où les décisions sont prises démocratiquement (vote après un débat si nécessaire), au cours duquel chacun.e peut s’exprimer librement. Ils conçoivent l’éducation comme un moyen de progrès et d’émancipation politique.
Ainsi, dans ses invariants pédagogiques, Freinet postule que l’ « On prépare la démocratie de demain par la démocratie à l’École. Un régime autoritaire à l’École ne saurait être formateur de citoyens démocrates » (invariant n° 27).
En France, de nombreuses expériences ont été tentées dans le service public à partir de 1982, parfois dans un esprit libertaire ou autogestionnaire. Voici deux exemples choisis un peu arbitrairement.
Le collège-lycée expérimental (CLE) d’Hérouville-Saint-Clair dans le Calvados, créé en 1982 avec l’aval du ministère de l’Éducation nationale est une petite structure publique (environ 350 élèves) avec des classes à effectifs raisonnables. Il est membre de la FESPI (1) .
On y insiste beaucoup sur la responsabilisation, l’accompagnement pédagogique et le tutorat. Les élèves y disposent de temps de bilan lors desquels ils peuvent s’exprimer sur tous les aspects de la vie dans l’établissement.
Cet établissement s’inscrit dans la vie de la cité en proposant régulièrement au cinéma d’art et essai local, la projection de films d’élèves (actuels ou anciens).
Le projet de l’établissement est de préparer à la vie sociale et fait explicitement référence à l’apprentissage de la démocratie par l’autogestion, la responsabilité et la culture pour tous
Le lycée autogéré de Paris (LAP), créé lui aussi en 1982 sous l’égide du ministère, est un lycée général qui accueille environ 250 élèves âgés de 15 à 21 ans, dans les série ES, L et S. Il est aussi membre de la FESPI. Son projet s’inspire des travaux des « dissidents » de Célestin Freinet connus sous l’étiquette « pédagogie institutionnelle Raymond Fonvielle et Fernand Oury ».
Il prône la participation de tous (enseignants, agents non enseignants et élèves) aux actions et aux décisions se rapportant à la vie de l’établissement.
L’équipe est convaincue que la citoyenneté s’apprend en la vivant. L’élève est considéré comme un citoyen du LAP. La direction y est collégiale. Les élèves n’ont pas l’obligation d’assister aux cours. De nombreux projets culturels (théâtre, photographie…) y sont menés.

Ces structures sont intéressantes, ne serait-ce que par la recherche de solutions pédagogiques originales qu’elles expérimentent.
Celles-ci ne sont sans doute pas généralisables. L’engagement des personnels, recrutés par cooptation, s’apparente souvent à un militantisme difficile à exiger de tout un chacun. Par ailleurs, leurs résultats (taux de réussite au bac…), inférieurs aux moyennes nationales, y sont souvent critiqués.
Il est un fait que ces établissements dérangent et, comme Freinet au début du XXe siècle a été conspué par des journalistes réactionnaires, le LAP a, lui, été physiquement attaqué en mars 2018 par des individus se réclamant du GUD(2).
Sans doute, faut-il voir là une raison supplémentaire de soutenir leurs démarches innovantes.

Pour prolonger la réflexion, consultez notre publication Questions d’Educ n°35 : Sait-on éduquer à la démocratie?

Sélectionnés pour vous
+ d’actualités nationales

Le Grand Débat National invite les Français à aller s’exprimer et confronter leurs avis aux autres. Comment faire pour que cet exercice ne soit pas biaisé , et pratiqué que par ceux qui sont les plus informés, les plus impliqués dans la vie de la cité, dans la société ? En éduquant au débat, en éduquant à la démocratie en contexte scolaire et hors scolaire. Car débattre ça s’apprend ! Et la démocratie aussi , et en la pratiquant c’est bien plus aisé !

Pour de nombreux pédagogues (Célestin Freinet, par exemple), « Éduquer à la démocratie » ne va pas sans vivre au jour le jour dans une organisation (classe, école, lycée) dont le fonctionnement est démocratique.
C’est-à-dire dans une organisation où les décisions sont prises démocratiquement (vote après un débat si nécessaire), au cours duquel chacun.e peut s’exprimer librement. Ils conçoivent l’éducation comme un moyen de progrès et d’émancipation politique.
Ainsi, dans ses invariants pédagogiques, Freinet postule que l’ « On prépare la démocratie de demain par la démocratie à l’École. Un régime autoritaire à l’École ne saurait être formateur de citoyens démocrates » (invariant n° 27).
En France, de nombreuses expériences ont été tentées dans le service public à partir de 1982, parfois dans un esprit libertaire ou autogestionnaire. Voici deux exemples choisis un peu arbitrairement.
Le collège-lycée expérimental (CLE) d’Hérouville-Saint-Clair dans le Calvados, créé en 1982 avec l’aval du ministère de l’Éducation nationale est une petite structure publique (environ 350 élèves) avec des classes à effectifs raisonnables. Il est membre de la FESPI (1) .
On y insiste beaucoup sur la responsabilisation, l’accompagnement pédagogique et le tutorat. Les élèves y disposent de temps de bilan lors desquels ils peuvent s’exprimer sur tous les aspects de la vie dans l’établissement.
Cet établissement s’inscrit dans la vie de la cité en proposant régulièrement au cinéma d’art et essai local, la projection de films d’élèves (actuels ou anciens).
Le projet de l’établissement est de préparer à la vie sociale et fait explicitement référence à l’apprentissage de la démocratie par l’autogestion, la responsabilité et la culture pour tous
Le lycée autogéré de Paris (LAP), créé lui aussi en 1982 sous l’égide du ministère, est un lycée général qui accueille environ 250 élèves âgés de 15 à 21 ans, dans les série ES, L et S. Il est aussi membre de la FESPI. Son projet s’inspire des travaux des « dissidents » de Célestin Freinet connus sous l’étiquette « pédagogie institutionnelle Raymond Fonvielle et Fernand Oury ».
Il prône la participation de tous (enseignants, agents non enseignants et élèves) aux actions et aux décisions se rapportant à la vie de l’établissement.
L’équipe est convaincue que la citoyenneté s’apprend en la vivant. L’élève est considéré comme un citoyen du LAP. La direction y est collégiale. Les élèves n’ont pas l’obligation d’assister aux cours. De nombreux projets culturels (théâtre, photographie…) y sont menés.

Ces structures sont intéressantes, ne serait-ce que par la recherche de solutions pédagogiques originales qu’elles expérimentent.
Celles-ci ne sont sans doute pas généralisables. L’engagement des personnels, recrutés par cooptation, s’apparente souvent à un militantisme difficile à exiger de tout un chacun. Par ailleurs, leurs résultats (taux de réussite au bac…), inférieurs aux moyennes nationales, y sont souvent critiqués.
Il est un fait que ces établissements dérangent et, comme Freinet au début du XXe siècle a été conspué par des journalistes réactionnaires, le LAP a, lui, été physiquement attaqué en mars 2018 par des individus se réclamant du GUD(2).
Sans doute, faut-il voir là une raison supplémentaire de soutenir leurs démarches innovantes.

Pour prolonger la réflexion, consultez notre publication Questions d’Educ n°35 : Sait-on éduquer à la démocratie?