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La CIIVISE : une lumière qui doit être maintenue face aux violences faites aux enfants !

Ensemble, sortons du silence. Voilà en résumé le défi dans la lutte contre les violences sexuelles dans notre société que cherche à relever la Commission Indépendante sur l'Inceste et les Violences Sexuelles faites aux Enfants (CIIVISE). Les voix des victimes sont souvent minimisées, voire ignorées. C'est dans ce contexte qu’est publié ce dossier d'analyse intitulé "Vous n'êtes plus seul.e.s, on vous croit". C’est le bilan de deux années (de 2021 à 2023) de recueil par la CIIVISE de la parole des victimes d’inceste et de toutes les violences sexuelles subies dans l’enfance. L’UNSA Éducation souhaite revenir sur ce dossier et plus largement sur la mission de la commission.

Qu’est-ce que la CIIVISE ?

Créée à l’initiative du président de la République en 2021 à la suite de l’émergence du mouvement #MeTooInceste, c’est une organisation indépendante dont la mission est “d’accompagner un changement de société, pour permettre à la France de s’engager de manière déterminée pour une protection des mineurs, par l’instauration d’une culture de la prévention et de la protection”. Elle se compose d’experts et d’expertes en droit, en psychologie et en sociologie. Fondée sur des principes de neutralité et de transparence, la CIIVISE travaille à écouter et faire entendre les voix des victimes afin de mieux connaître les violences sexuelles faites aux enfants. Les objectifs sont alors de sensibiliser et prévenir au sein de la société, mais également de proposer des réponses pour mieux protéger et lutter contre ces violences.

Le dossier « Vous n’êtes plus seul.e.s, on vous croit »

Ce dossier d’analyse 2021-2023 de la CIIVISE est une compilation édifiante de récits de victimes de violence et de harcèlement. Les témoignages, recueillis de manière confidentielle, donnent une voix puissante à ceux et celles qui ont souffert en silence dès l’enfance. Parmi les 27 000 témoignages recueillis par la CIIVISE : plus de 9 personnes sur 10 s’étaient déjà confiées. Ce n’est pas une surprise : dans près d’un cas sur deux, les faits ont eu lieu il y a 20 ans ou plus ; et c’est à 44 ans en moyenne que les femmes et les hommes ayant été victimes dans leur enfance s’adressent à la CIIVISE. Elles avaient même souvent reçu un accompagnement social, judiciaire ou thérapeutique : elles se sont adressées à des services sociaux, elles ont consulté des professionnels de santé, elles ont porté plainte. Cependant, même lorsqu’elles ont bénéficié de cet accompagnement, elles expriment, audition après audition, réunion publique après réunion publique, ce besoin d’être “entendues, écoutées, vues, visibles et crues”.

Quelles suites ? Quel avenir ?

L’objectif premier de ce dossier est de sensibiliser le public à l’ampleur de ces violences. Il vise à briser les tabous entourant ces sujets et à inciter à l’action.

  1. Éveiller les consciences en présentant la réalité des violences subies.
  2. Déconstruire les mythes : le recueil démantèle les idées fausses et les préjugés qui entourent ces questions, soulignant que personne n’est à l’abri de ces expériences.
  3. Soutenir, en donnant une voix aux victimes, la CIIVISE cherche à réduire la stigmatisation et à encourager les personnes à chercher de l’aide.
  4. Plaidoyer pour le changement : la CIIVISE appelle à des mesures précises, réalistes et réalisables pour renforcer les capacités de protéger les enfants et de lutter contre l’impunité des pédocriminel·les.

Depuis sa création en 2021, la CIIVISE a révélé l’ampleur des personnes qui ont été victimes de violences sexuelles dans leur enfance, ces femmes et ces hommes qui ont été violés ou agressés dans leur maison, dans leur école, dans un gymnase ou ailleurs, alors qu’ils n’étaient qu’une petite fille ou un petit garçon. Elle a contribué à instaurer un cadre où la parole recueillie n’est plus invisibilisée. La CIIVISE répond à ce besoin vital parce qu’elle est un espace de sécurité, de solidarité et de reconnaissance. Elle a également proposé des mesures concrètes visant à combattre ces problèmes et à bâtir une société où personne ne se sentira seul ou non cru lorsqu’il dénonce ces actes odieux. Cependant, en décembre prochain, sa mission est censée prendre fin.

À l’UNSA Éducation nous saluons les réalisations de la CIIVISE et souhaitons souligner l’importance de sa mission. Elle doit continuer de répondre à ce besoin vital, quel que soit l’âge, celui d’être respecté dans sa parole. Seules 8% des victimes ont bénéficié d’un soutien social positif, c’est-à-dire que 92% d’entre elles n’ont jamais entendu ces mots si simples : « je te crois, je te protège ». C’est pourquoi notre fédération plaide pour le maintien pérenne de cette commission qui aide à faire prendre conscience du phénomène de l’inceste et propose des solutions qu’il est urgent de mettre en place.

Pour aller plus loin : 

– Le rapport d’analyse 2023 de la CIIVISE

– Le site de la CIIVISE

– Notre précédent article sur les travaux de la CIIVISE

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