IVG : un droit à renforcer en France et partout dans le Monde
Il aura fallu une préconisation dans un rapport de 2020 de la délégation aux droits des femmes de l’Assemblée nationale, de longs débats et plusieurs navettes parlementaires pour obtenir cette avancée en France.
L’UNSA Éducation, fermement attachée à la garantie du droit à l’IVG pour toutes les femmes, salue ce progrès.
Pour rappel, l’IVG concerne 1 femme sur 3 dans notre pays et l’enjeu n’est pas seulement le droit des femmes à disposer de leur corps mais également d’assurer leur sécurité et leur santé. En effet, comme le rappelait Gisèle Halimi alors que l’IVG était un délit (l’IVG est devenu légale en 1975 grâce à la loi Veil) aucune loi n’arrêtera les femmes d’avorter mais elle les met en danger : « Personne ne nous obligera à mettre au monde des enfants par force. La preuve, c’est que la loi de 1920 a beau continuer d’exister, eh bien les femmes, quand elles ont décidé d’avorter, elles vont jusqu’à en mourir, elles vont jusqu’à devenir stériles, mais elles le font. »
Un droit menacé dans de nombreux pays
Mais si la France demeure l’un des pays les plus progressiste sur la question, il n’en est pas de même dans de nombreux pays.
Ainsi, on assiste actuellement à une remise en cause de ce droit fondamental Outre Atlantique fortement menacé par la Cour suprême des États-Unis. En effet, les lois anti-avortement américaines n’ont eu de cesse de se multiplier sous le mandat de Donald Trump et la situation s’est dernièrement fortement dégradée dans plusieurs États conservateurs.
La Cour suprême américaine avait déjà refusé de bloquer une loi qui empêchait tout avortement passé 6 semaines de grossesse au Texas. Cette situation est d’autant plus préoccupante que plus de 85% des IVG interviennent après cette période. Cela risque donc d’avoir un impact délétère sur la santé des femmes. Plus grave aujourd’hui, c’est la remise en cause par la Cour suprême de l’arrêt Roe vs Wade permettant aux femmes d’avorter, qui mobilise l’ensemble des mouvements féministes.
Cette insupportable instrumentalisation politique est le signe de la fragilité d’un droit qui n’a jamais cessé d’être remis en question y compris sur notre continent.
Dans d’autres pays d’Europe, des lois restrictives parviennent à aboutir comme en Pologne et mettent en danger les femmes par la crainte des médecins de pratiquer l’IVG (voir notre article sur le sujet : L’avortement, un droit à défendre envers et contre tout !) La mort d’Izabela, une jeune Polonaise de 30 ans, en novembre dernier, avait alors suscité l’émoi de tout un peuple qui réalisait la douloureuse réalité de mesures aux conséquences assassines pour les femmes.
La nomination de Roberta Metsola à la tête du Parlement européen suscite également des interrogations : cette eurodéputée maltaise affiche des opinions très conservatrices. Elle n’hésite pas, en effet, à revendiquer sa religion en public et revendique de plus ouvertement son opposition à l’IVG. Quel malheureux symbole alors que Simone Veil fut elle-même à ce poste de la présidence du Parlement européen.
C’est pourquoi, pour lutter contre les attaques qui menacent ce droit fondamental, le Haut Conseil à l’égalité (HCE) demande la constitutionalisation de l’IVG en France.
D’autres pays comme l’Espagne ou le Canada ont récemment décidé de mieux protéger ce droit fondamental face aux attaques qui remettent en cause la liberté des femmes à disposer de leur corps. Des avancées sont en cours également dans de nombreux pays d’Amérique latine.
L’UNSA Éducation est fermement attachée à faire respecter le droit à l’avortement car toutes les femmes doivent pouvoir être libres des choix qui concernent leur corps. Dans cette période, la nécessité d’informations fiables et l’éducation à la sexualité paraît encore plus essentielle. Notre fédération agit en ce sens car la question de l’égalité femmes-hommes passe par une éducation à la vie sexuelle et affective pour toutes et tous.
Pour aller plus loin :
-Textes :
- LOI n° 2022-295 du 2 mars 2022 visant à renforcer le droit à l’avortement
- Décret n° 2022-212 du 19 février 2022 relatif aux conditions de réalisation des interruptions volontaires de grossesse par voie médicamenteuse hors établissements de santé
– Site d’information sur l’interruption volontaire de grossesse (IVG)
– La note d’Amandine Clavaud pour la Fondation Jean-Jaurès : Droit à l’avortement : la guerre froide contre les femmes n’a jamais cessé