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Giorgia Meloni gagne les élections : quels risques pour l’Italie ?

Un siècle exactement après la marche sur Rome de Mussolini, marquant son accession au pouvoir, les élections législatives italiennes ont placé en tête Giorgia Meloni, la cheffe de Fratelli d’Italia. Le parti “Frères d’Italie” a été créé en 2012 sur les ruines du parti néofasciste italien qui s'inspirait directement de Mussolini par les soutiens du “Guide” fasciste, le Duce. Ainsi, comme nous le craignions, l’extrême droite l’a emporté largement au sein même d’un des pays fondateurs de l’Union européenne. Après cette campagne marquée par les thèmes de prédilection de l’extrême droite, l’UNSA Éducation tente de faire le point sur les inquiétudes qui pèsent désormais sur la démocratie en Italie.

Une ascension rapide dans tout le pays

Félicité par Eric Zemmour, Jordan Bardella et de nombreux visages de l’extrême droite française et européenne, le parti dirigé par Giorgia Meloni est arrivé nettement en tête, avec plus de 26% des suffrages exprimés. Cette victoire est soudaine, car Fratelli d’Italia était à 2% des voix lors des élections de 2013 et 4% en 2018. En plus de ce score, ce qui frappe c’est le caractère général du phénomène : ce parti est présent du nord au sud de l’Italie ! Fratelli d’Italia avait d’ordinaire une influence négligeable, or la formation d’extrême droite pèse maintenant lourd dans la coalition victorieuse de droite élargie à l’extrême droite. Majoritaire à la Chambre des députés et au Sénat, ce score permet à Giorgia Meloni de se voir présidente du Conseil.

Le nomadisme des électeurs et électrices

L’Italie a connu ces dernières années une succession de percées électorales éphémères. Ainsi, après le Mouvement 5 étoiles et la Ligue de Matteo Salvini, c’est au tour de Fratelli d’Italia. Ce basculement est-il durable ? Difficile à dire tant la géographie politique du pays est régulièrement bouleversée ces dernières décennies. Cependant, sauf surprise, le président de la République, Sergio Matarella, devrait proposer à Giorgia Meloni dans les prochaines semaines de former un gouvernement pour les 5 prochaines années.

Famille, immigration et sécurité

Le premier point du programme de Giorgia Meloni est la défense des valeurs familiales traditionnelles. Celle-ci a d’ailleurs résumé ses idées en déclarant : “Oui à la famille naturelle, non aux lobbies LGBT ! Oui à la culture de la vie, non à l’abîme de la mort ! Oui à l’universalité de la croix, non à la violence islamiste ! Oui à notre civilisation et non à ceux qui veulent la détruire !” Elle souhaite ainsi développer une forte politique nataliste dans la logique nationaliste de Fratelli d’Italia. La cheffe d’extrême droite est donc ouvertement homophobe, opposée au mariage homosexuel et contre la communauté LGBT+. La devise du parti, “Dieu, patrie, famille”, laisse craindre le recul de nombreuses avancées sociales en Italie. C’est le cas de l’avortement déjà difficile à obtenir dans un pays très catholique et épinglé deux fois par la Cour européenne des droits de l’Homme pour les entraves, encore trop nombreuses, à l’IVG. L’idée est de préserver la “démographie italienne” pour limiter l’immigration et faire face à la théorie complotiste du “Grand remplacement”. La proximité des idées de Meloni avec le parti « Reconquête !” de Zemmour est forte : question identitaire, propos réactionnaires, insistance sur les valeurs traditionnelles, mais aussi union des droites, ce sont autant de similitudes que l’on peut mettre en évidence. Pourtant, même si des leaders de l’extrême droite française ont félicité la gagnante, il faut ici préciser que les liens entre le RN et Frères d’Italie ne sont pas au beau fixe.

Pour l’UNSA Éducation, la montée de l’extrême droite et même l’arrivée au pouvoir en Italie, en Suède et ailleurs, en Europe et dans le monde n’est pas anodin. Les efforts de dédiabolisation de l’extrême droite ne doivent pas faire oublier les idées nocives et dangereuses portées par ce courant politique en contradiction avec les valeurs du syndicalisme, de la démocratie sociale et de la démocratie. L’UNSA Éducation continue et continuera à décrypter le message de l’extrême droite pour garantir la démocratie, la liberté, le bien-être et la paix : agissons !

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