Éducation à la vie affective, relationnelle et sexuelle : le Cese dénonce le non-respect des droits de l’enfant
Les raccourcis ont la peau dure et il faut souvent d’abord défaire beaucoup de représentations, selon le rapport du Cese. Non, l’éducation sexuelle n’est pas la promotion de thèses libertaires sur le genre, l’homosexualité ou la relation femme-homme, mais un continuum d’enseignement obligatoire, du CP à la Terminale, à raison de trois séances par an, qui englobe plus largement les questions éducatives liées au développement affectif et relationnel de la personne, à l’égalité des individus et au respect d’autrui, à la prévention des violences sexistes et sexuelles, aux politiques de santé publique. D’où cet acronyme, Evars, qui comporte trois volets, biologique, psycho-affectif, social.
Une obligation légale non respectée
Derrière le fait que cet enseignement n’est pas diffusé à la hauteur de la commande publique – « cette obligation légale n’est en réalité pas respectée dans la majorité des écoles et établissements scolaires », soutient le rapport – se cache un phénomène de déni bien plus étendu qui altère un fondement de notre République selon le Cese : les droits de l’enfant. Et le Conseil d’évoquer au fil des pages tous les abus et dérives qui font qu’aujourd’hui, « l’enfant reste encore largement soumis à des systèmes multiples de domination », malgré le fait que « des mesures législatives conformes à la Convention internationale des droits de l’enfant ont été mises en place pour protéger les enfants et garantir leur éducation ».
Le Cese invite donc au respect et à la consolidation de ce fondement : l’enfant n’est pas un adulte « miniature » mais une personne en tant que telle qu’il convient de protéger et d’accompagner jusqu’à sa majorité pour lui permettre de devenir un·e citoyen·ne éclairé·e, libre et responsable au sein d’une société à laquelle il contribue. Son éducation à sa relation aux autres est donc essentielle car constitutive de son avenir personnel et professionnel, de sa dimension humaine.
Un coût économique et social
Pour accentuer la nécessité d’agir, le Cese ne prend pas seulement le parti d’émouvoir. Il agite aussi le chiffon rouge des conséquences socio-économiques du phénomène des violences subies par les enfants : « Le coût total des violences au sein du couple et de leurs incidences est estimé à 3,6 milliards d’euros par an en 2012, dont […] 11,7 % [de ces coûts] pesant sur les enfants, l’accompagnement et le travail de l’aide sociale à l’enfance ».
Quant aux « violences sexuelles sur mineures et mineurs » et à « l’inceste, [ils] ont été chiffrés par la Commission indépendante sur l’inceste et les violences sexuelles faites aux enfants (CIIVISE) à près de 10 milliards d’euros par an, entre court terme (prise en charge, police/justice) et répercussions sur le long terme du traumatisme (dépressions, conduites à risque, etc.) ».
Ces données parlent d’elles-mêmes. « En somme, les coûts financier, social et démocratique du non apprentissage de la vie affective, relationnelle et sexuelle sont faramineux pour tous et toutes », poursuit le Cese, qui justifie cette approche purement économique par l’urgence d’une prise de conscience par les décideurs budgétaires, souvent les plus éloignés du champ social et de ses réalités tragiques qui fragilisent notre humanité et notre démocratie.
Le rapport du Cese s’achève par une batterie de 24 préconisations qui vont de la formation de référents scolaires et académiques au déploiement de l’information sur tous les lieux de vie et lieux éducatifs, à l’école et au-delà de l’école, en passant par un investissement des espaces numériques. L’UNSA Éducation qui s’est engagée lors de son dernier congrès de Nantes à ce que l’Evars soit pleinement mise en œuvre ne peut que souscrire à cette idée d’une systématisation appuyée de mesures afin de la rendre bien réelle, non seulement dans le champ scolaire, mais au quotidien, en tous lieux, pour atteindre tous les angles morts de l’espace public. Elle nécessite une coopération inter-métiers pour mettre toutes les compétences au service de son déploiement.
Les violences de tous types faites aux enfants et mineur·es sont inacceptables ; elles sont une tragédie humaine pour chaque victime comme une menace pour l’humanité et la justice de notre société.
Voir ci-joint l’intervention de l’UNSA au Cese