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Education à la vie affective, relationnelle et sexuelle : En débat au Conseil Supérieur de l’éducation

Les programmes de l'Education à la vie affective, relationnelle et sexuelle sont en cours d'élaboration depuis plusieurs mois et ont fait couler beaucoup d'encre, avec des revirements ministériels qui prenaient en compte les courants les plus réactionnaires de l'opinion publique. Morgane Verviers, lors d'une séance du Conseil Supérieur de l'Education et en présence de la ministre Elisabeth Borne, a présenté le positionnement de l'UNSA éducation pour des programmes ambitieux et pour un plan de formation des personnels sur ce sujet.

Madame la Ministre, Mesdames et Messieurs,

Madame la Ministre, merci pour votre présence car la présentation de ce texte était attendue. Il est attendu par un nombre de personnes qui n’ont ni les mêmes idées, ni les mêmes intentions.

Madame la ministre, merci pour votre présence car le déploiement de programme que nous allons examiner aujourd’hui n’est plus une option.

Depuis le 4 juillet 2001, la loi impose la tenue de trois séances annuelles d’éducation à la sexualité dans le cadre scolaire. Pourtant, dans les faits, seuls 15 à 20% des élèves bénéficient réellement de cet enseignement (Rapport IGESR-2021). Cette situation est alarmante car il n’y a pas un mois qui passe sans qu’il n’y ait des faits sur les réseaux sociaux, les médias, sur la scène internationale ou encore dans nos tribunaux qui nous rappellent combien, il reste encore beaucoup à faire pour l’égalité entre les genres, pour prévenir les violences sexistes et sexuelles, améliorer la santé publique et lutter contre les discriminations.

Or, ce programme, nous l’avons lu en deux versions différentes, la seconde, celle qui est présentée aujourd’hui, a subi des révisions et est pour nous très affaiblie.

Pour l’UNSA Éducation, celle qui nous est présentée trahit des concessions regrettables. Je l’ai dit, ce programme est attendu par des camps qui s’opposent. Les raccourcis sont simplistes et les opposants issus des courants conservateurs, inspirés de morale religieuse, ne s’en privent pas et ne soyons pas dupes, pour beaucoup ne veulent tout simplement pas de ce programme.

Madame la Ministre votre présence à ce CSE est importante car il est crucial de ne pas céder à ces injonctions. Il est indispensable de faire bloc derrière vos agents.

Des notions essentielles, telles que “identité de genre” ou “orientations sexuelles”, ont été retirées, non pour des raisons pédagogiques, mais pour apaiser des oppositions certes bruyantes. Mais enfin, les enfants et les jeunes sont partie prenante de la société, pourquoi n’entendraient- ils pas à l’école les mêmes mots et concepts, pour les mettre en réflexion, en débat, les faire comprendre au regard de la loi, et de l’évolution de la société ? C’est dans un cadre scolaire sécurisé, encadré par des professionnels formés, que ces thématiques doivent les armer intellectuellement pour qu’ils puissent réfléchir, débattre et appréhender ces réalités avec recul et discernement.

L’UNSA Éducation défend un programme d’éducation à la vie affective et relationnelle pour l’école primaire dans une éducation globale au vivre ensemble et dans le respect de nos valeurs

républicaines. Il est logique d’y associer l’éducation à la sexualité à partir du collège pour des enjeux de responsabilité, d’évolution des corps, de liberté, de santé.

Évidemment les parents doivent être informés et rassurés pour y adhérer. Personne ne le conteste, pour autant, pas plus que pour tout autre programme afin d’éviter des contestations ou des absences programmées et organisées.

Je tiens à rendre un hommage appuyé à mes collègues qui, chaque jour, portent ces enseignements avec courage et détermination, parfois au péril de leur sérénité personnelle. Nous savons qu’un nombre croissant d’entre eux font face à des menaces, et des pressions organisées. Il est de la responsabilité de l’État de garantir leur sécurité et leur protection. Il ne saurait y avoir de distinction entre “bonnes” et “mauvaises” raisons de contester celles et ceux qui font vivre l’École. Toute mise en danger, qu’elle soit individuelle ou collective, doit être fermement condamnée et prévenue. ( ref aux amendements) Sur ce point, Madame la ministre il est indispensable de ne pas créer un précédent.

Enfin, je tiens à souligner que cette éducation est une des plus difficiles à mener, tant elle touche à l’intime, nécessite une solide formation et des indispensables coopérations professionnelles inter-métiers pour en embrasser toutes les dimensions. Ce programme ne pourra se déployer qu’avec la reconnaissance indéfectible par ce texte comme dans le débat public des actions inter-métiers, des coopérations avec le monde associatif ainsi qu’un réel et sérieux plan de formation.

L’UNSA Éducation demeure attachée à ce programme, mais dans une version ambitieuse et fidèle à ses objectifs initiaux. Nous attendons de votre part une confiance pleine et entière envers les professionnels de l’éducation, une reconnaissance concrète de leur engagement et des moyens adaptés pour mener à bien cette mission, à commencer par un plan de formation sérieux et un cadre protecteur face aux pressions.

Ce programme EVARS, dans son essence, est une avancée nécessaire et attendue. Nous savons que vous y croyez, que vous le portez.

Alors, Disons NON aux voix minoritaires qui souhaite dicter l’avenir de l’éducation à la vie affective, relationnelle et sexuelle, brider son ambition et à la rendre inefficace.

Disons OUI à ce que ce programme devienne un réel levier de transformation sociale et éducative.

Je vous remercie. Morgane VERVIERS

Secrétaire générale de l’UNSA Éducation

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