Assises de la santé scolaire : une occasion à ne pas manquer
L’École ne peut pas tout. Et elle ne pourra pas continuer à compenser les renoncements d’autres politiques publiques. Penser la santé des élèves, c’est penser la protection de l’enfance, la prévention, le bien-être, l’égalité d’accès aux soins et à l’accompagnement. C’est, en somme, penser l’avenir.
Les syndicats de l’UNSA Éducation ont participé activement aux groupes de travail organisés par le ministère pour préparer ces Assises. Ce travail a permis de faire remonter les attentes, les alertes, les propositions portées par nos collègues.
Notre force collective, c’est de faire entendre une voix commune issue de regards croisés : ceux des assistant·es sociaux·ales, des infirmier·ères, des médecins scolaires, des psychologues, mais aussi des personnels de direction, d’inspection, de vie scolaire, d’enseignement. C’est cette articulation que seule l’UNSA Éducation rend visible et cohérente dans le débat public.
Les constats sont clairs :
– 13 % des enfants de 6 à 11 ans présentent un trouble psychique (enquête ENABEE)
– 15 % des adolescents sont à risque élevé de dépression
– 30 % des enfants n’ont pas de médecin traitant alors qu’ils sont entre 20 et 30 % d’une classe d’âge à présenter des troubles visuels non diagnostiqués
– Un enfant meurt tous les cinq jours des suites de violences dans notre pays
– Deux enfants par classe sont victimes de violences sexuelles (CIIVISE, 2023)
Ces données imposent un changement de cap. Ce ne sont pas seulement des drames individuels. Ce sont des symptômes collectifs, qui révèlent l’urgence d’agir.
Pour l’UNSA Éducation, six priorités pour sortir de la situation actuelle et passer aux actes :
1. Mettre en place une politique de santé à l’école coordonnée et adaptée aux besoins avec des protocoles « santé mentale » intégrés aux politiques de climat scolaire
2. Créer des postes supplémentaires de personnels santé-psycho-sociaux, y compris en école primaire
3. Accompagner la création de postes de Psychologues Éducation Nationale conseillers techniques départementaux (pour les deux spécialités EDO/EDA) dans le cadre des futurs pôles de santé-psycho-social
4. Appliquer la réforme de la nouvelle loi infirmière en instituant le niveau 7 pour la formation des infirmier·ères scolaires, reconnaissant officiellement leur spécialité à l’Éducation nationale.
5. Relancer les formations « secourisme en santé mentale » à destination des personnels
6. Prendre à bras-le-corps la crise d’attractivité de la médecine scolaire, en engageant une revalorisation digne de ce nom
Les Assises de la santé scolaire doivent déboucher sur des décisions fortes. L’UNSA Éducation portera sa voix avec clarté et exigence. Investir dans la santé des élèves, c’est investir dans l’avenir. Et cela ne se fera pas sans une vision de long terme et des moyens à la hauteur.
Elisabeth Allain-Moreno, secrétaire générale du SE-UNSA
Yasmine Allaoui, Annie Butard, Tiphaine Jouniaux, co-secrétaires générales du SNASEN UNSA
Bruno Bobkiewicz, secrétaire général du SNPDEN UNSA
Mechtilde Dippe, Jocelyne Grousset, co-secrétaires générales du SNMSU UNSA
Gwenaelle Durand, secrétaire générale du SNIES UNSA
Morgane Verviers, secrétaire générale de l’UNSA EDUCATION
A Ivry sur Seine, le 6 mai 2025