#11 mai, commencer par tirer des leçons du Covid-19

Le conseil scientifique de l’Education nationale vient de publier ses  « Recommandations pour accompagner le confinement et sa sortie ». Les propositions du CSEN ont été établies à partir d’un constat : beaucoup d’élèves ont décroché du fait d’un manque d’autonomie et d’un déficit d’éducation numérique. Il convient donc maintenant, à l’heure de la sortie de crise, de mettre à profit la dure épreuve du Covid pour résorber pédagogiquement ces difficultés. Les questions d’éducation à la santé et de réponse au climat anxiogène provoqué par la surinformation liée au virus sont également mises en avant.

1. Aider les élèves à comprendre et prévenir l’épidémie. 2. Privilégier les pratiques pédagogiques qui favorisent l’apprentissage en autonomie. 3. Rechercher l’appui des ressources numériques. 4. Assurer les fondamentaux : nutrition, activité physique, sommeil, bienveillance. 5. Préparer « le jour d’après ». Tels sont les cinq chapitres du document du CSEN visant à accompagner les enseignants et les autorités éducatives tout au long d’un déconfinement qui risque de se prolonger. Ces recommandations résonnent comme un appel à corriger ce qui n’a pas bien fonctionné « à la maison » pour les élèves, pointant ainsi du doigt quelques carences de notre système : la pédagogie numérique et l’autonomisation des élèves qui, pour beaucoup d’entre eux, se sont trouvés soudainement livrés à eux-mêmes.

Creusement des inégalités

Pour le CSEN, il faut voir dans la crise des leçons à tirer et la lecture détaillée des cinq chapitres (un par recommandation) donne effectivement à penser que l’élève France dans la classe Europe peut mieux faire. Pour ce qui est des pratiques favorisant l’autonomie des élèves, « la France présente les inégalités sociales parmi les plus marquées des pays développés », rappelle le document du conseil scientifique qui focalise sur le creusement, par temps de télé-enseignement, du fossé entre familles en situation d’aider leurs enfants et familles dépourvues en la matière, qu’il s’agisse de soutien purement scolaire ou d’outils numériques. Aussi, la rentrée en classe devrait être un instant privilégié pour remotiver les élèves, susciter une appétence à apprendre, les aider à se concentrer dans la durée, leur prodiguer des outils et méthodes favorisant la structuration des connaissances et leur consolidation.

La question des ressources numériques, qui peuvent aider justement à atteindre ces objectifs, n’est pas très loin. Le conseil scientifique se réjouit en premier lieu de cette opportunité d’avoir dû mobiliser les outils du télé-enseignement pour voir combien nous avons peiné à les optimiser dans le meilleur des cas où nous avons pu les déployer et les faire fonctionner. Nous sommes tous d’accord : « Les outils numériques ne peuvent en aucun cas remplacer l’interaction humaine avec un enseignant ou un parent », souligne le document du conseil scientifique, et à l’UNSA Education, nous défendons souvent la complémentarité du numérique qui ne peut se substituer au présentiel.

Valeur ajoutée du numérique « qui ne va pas de soi »

Mais le CSEN renchérit sur ses qualités ludiques et collaboratives qu’il convient maintenant d’approfondir par la pratique en établissement scolaire pour en faire un véritable atout éducatif, même si sa « valeur ajoutée […] ne pas va de soi ». Et d’indiquer, outre des pistes de mise en activité dès la reprise, la nécessité d’engager « un gros effort de recherche » pour qu’il ne soit plus cette roue de secours dont on en a souvent maladroitement usé en ce temps de confinement.

Le Covid-19 vaut aussi pour les nombreuses questions scientifiques et humaines qu’il entraîne, et le retour à l’école, au collège, au lycée est aussi l’opportunité de le poser en objet scientifique à étudier sous toutes ses coutures. Le CSEN convoque ainsi toutes les disciplines à s’emparer de ce sujet si souvent déformé par une surabondance médiatique afin que les élèves s’émancipent des compilations de commentaires créateurs d’angoisse qu’ils auraient pu emmagasiner au profit d’une réflexion personnelle passant le virus au crible de l’esprit critique. La connaissance comme vecteur d’une bonne santé en quelque sorte, sans oublier sur ce point de l’hygiène tout ce qui fait qu’un élève se porte bien pendant et après un confinement : nutrition, sommeil, activité physique… Une tête bien faite dans un corps sain pour reprendre et croiser vieil adage grec et humanisme de la… Renaissance, terme si évocateur aujourd’hui.

Et en ce « jour d’après », le CESN recommande enfin de « mener une enquête rigoureuse, qualitative et quantitative »  auprès des élèves et de leurs familles, sous forme de questionnaire par exemple, comme pour mieux les associer à une démarche qui entend d’abord être citoyenne. Projet auquel souscrit pleinement l’UNSA Education qui a toujours dénoncé les inégalités sociales face à l’éducation – inégalités qui se sont clairement accentuées avec le Covid – et qui revendique en cette circonstance exceptionnelle des moyens supplémentaires indispensables, dès la reprise mais aussi à la rentrée 2020, en faveur des décrocheurs. Croire que nous pourrons répondre au déficit d’un trimestre d’année scolaire par la simple correction de nos approches pédagogiques est un raccourci paresseux et dangereux contre lequel nous devons nous élever si nous ne voulons pas demeurer confinés aux mauvais bancs de l’Europe.

Voir ci-joint le texte des recommandations du CSEN.

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Le conseil scientifique de l’Education nationale vient de publier ses  « Recommandations pour accompagner le confinement et sa sortie ». Les propositions du CSEN ont été établies à partir d’un constat : beaucoup d’élèves ont décroché du fait d’un manque d’autonomie et d’un déficit d’éducation numérique. Il convient donc maintenant, à l’heure de la sortie de crise, de mettre à profit la dure épreuve du Covid pour résorber pédagogiquement ces difficultés. Les questions d’éducation à la santé et de réponse au climat anxiogène provoqué par la surinformation liée au virus sont également mises en avant.

1. Aider les élèves à comprendre et prévenir l’épidémie. 2. Privilégier les pratiques pédagogiques qui favorisent l’apprentissage en autonomie. 3. Rechercher l’appui des ressources numériques. 4. Assurer les fondamentaux : nutrition, activité physique, sommeil, bienveillance. 5. Préparer « le jour d’après ». Tels sont les cinq chapitres du document du CSEN visant à accompagner les enseignants et les autorités éducatives tout au long d’un déconfinement qui risque de se prolonger. Ces recommandations résonnent comme un appel à corriger ce qui n’a pas bien fonctionné « à la maison » pour les élèves, pointant ainsi du doigt quelques carences de notre système : la pédagogie numérique et l’autonomisation des élèves qui, pour beaucoup d’entre eux, se sont trouvés soudainement livrés à eux-mêmes.

Creusement des inégalités

Pour le CSEN, il faut voir dans la crise des leçons à tirer et la lecture détaillée des cinq chapitres (un par recommandation) donne effectivement à penser que l’élève France dans la classe Europe peut mieux faire. Pour ce qui est des pratiques favorisant l’autonomie des élèves, « la France présente les inégalités sociales parmi les plus marquées des pays développés », rappelle le document du conseil scientifique qui focalise sur le creusement, par temps de télé-enseignement, du fossé entre familles en situation d’aider leurs enfants et familles dépourvues en la matière, qu’il s’agisse de soutien purement scolaire ou d’outils numériques. Aussi, la rentrée en classe devrait être un instant privilégié pour remotiver les élèves, susciter une appétence à apprendre, les aider à se concentrer dans la durée, leur prodiguer des outils et méthodes favorisant la structuration des connaissances et leur consolidation.

La question des ressources numériques, qui peuvent aider justement à atteindre ces objectifs, n’est pas très loin. Le conseil scientifique se réjouit en premier lieu de cette opportunité d’avoir dû mobiliser les outils du télé-enseignement pour voir combien nous avons peiné à les optimiser dans le meilleur des cas où nous avons pu les déployer et les faire fonctionner. Nous sommes tous d’accord : « Les outils numériques ne peuvent en aucun cas remplacer l’interaction humaine avec un enseignant ou un parent », souligne le document du conseil scientifique, et à l’UNSA Education, nous défendons souvent la complémentarité du numérique qui ne peut se substituer au présentiel.

Valeur ajoutée du numérique « qui ne va pas de soi »

Mais le CSEN renchérit sur ses qualités ludiques et collaboratives qu’il convient maintenant d’approfondir par la pratique en établissement scolaire pour en faire un véritable atout éducatif, même si sa « valeur ajoutée […] ne pas va de soi ». Et d’indiquer, outre des pistes de mise en activité dès la reprise, la nécessité d’engager « un gros effort de recherche » pour qu’il ne soit plus cette roue de secours dont on en a souvent maladroitement usé en ce temps de confinement.

Le Covid-19 vaut aussi pour les nombreuses questions scientifiques et humaines qu’il entraîne, et le retour à l’école, au collège, au lycée est aussi l’opportunité de le poser en objet scientifique à étudier sous toutes ses coutures. Le CSEN convoque ainsi toutes les disciplines à s’emparer de ce sujet si souvent déformé par une surabondance médiatique afin que les élèves s’émancipent des compilations de commentaires créateurs d’angoisse qu’ils auraient pu emmagasiner au profit d’une réflexion personnelle passant le virus au crible de l’esprit critique. La connaissance comme vecteur d’une bonne santé en quelque sorte, sans oublier sur ce point de l’hygiène tout ce qui fait qu’un élève se porte bien pendant et après un confinement : nutrition, sommeil, activité physique… Une tête bien faite dans un corps sain pour reprendre et croiser vieil adage grec et humanisme de la… Renaissance, terme si évocateur aujourd’hui.

Et en ce « jour d’après », le CESN recommande enfin de « mener une enquête rigoureuse, qualitative et quantitative »  auprès des élèves et de leurs familles, sous forme de questionnaire par exemple, comme pour mieux les associer à une démarche qui entend d’abord être citoyenne. Projet auquel souscrit pleinement l’UNSA Education qui a toujours dénoncé les inégalités sociales face à l’éducation – inégalités qui se sont clairement accentuées avec le Covid – et qui revendique en cette circonstance exceptionnelle des moyens supplémentaires indispensables, dès la reprise mais aussi à la rentrée 2020, en faveur des décrocheurs. Croire que nous pourrons répondre au déficit d’un trimestre d’année scolaire par la simple correction de nos approches pédagogiques est un raccourci paresseux et dangereux contre lequel nous devons nous élever si nous ne voulons pas demeurer confinés aux mauvais bancs de l’Europe.

Voir ci-joint le texte des recommandations du CSEN.