Esprit potache ?

Filmer son prof à son insu avec son téléphone portable et poster la vidéo sur les réseaux sociaux est une atteinte à l’intégrité de son droit à l’image et bien sûr inacceptable. Des élèves qui se filment eux-mêmes en cours en train de relever des défis lancés par leur auditoire, cela peut apparaître comme une blague de potaches.

Filmer son prof à son insu avec son téléphone portable et poster la vidéo sur les réseaux sociaux est une atteinte à l’intégrité de son droit à l’image et bien sûr inacceptable. Des élèves qui se filment eux-mêmes en cours en train de relever des défis lancés par leur auditoire, cela peut apparaître comme une blague de potaches. Un travail pédagogique et éducatif est d’ailleurs, peut-être, -certainement même- utile pour passer de l’un à l’autre, du jeu au droit. Car si nul n’est censé ignorer la loi, il relève bien du rôle de l’Éducation de faire savoir à quel moment la plaisanterie devient une insulte, l’humour une attaque, la moquerie un délit.

S’il est nécessaire que les adolescents qui sont confiés à l’institution scolaire fassent cet apprentissage, il est encore plus indispensable que les enseignants, qui en ont la charge, soient eux-mêmes en capacité de réaliser cette distinction. C’est bien entendu le cas –heureusement- pour le plus grand nombre. Certains, hélas, devaient avoir piscine ou dentiste le jour où leurs enseignants tentaient de leur apprendre la nuance et le discernement.

Ainsi, parce qu’elle a la franchise d’écrire sous sa véritable identité les analyses éducatives qu’elle porte en son nom et au nom du syndicat des enseignants de l’UNSA –y compris elle consistant à penser qu’il y a de la blague de potache derrière une vidéo faite en cours- notre camarade Stéphanie de Vanssay se fait copieusement insulter depuis plusieurs jours maintenant par quelques trolls agités sur Twitter.

Je veux redire ici avant tout, notre entière solidarité et tout notre soutien à Stéphanie. Malgré ces attaques ou à cause d’elles, il ne faut rien lâcher et surtout pas te taire. Nous sommes bien plus nombreux à être de tout cœur avec toi.

Bien entendu l’initiatrice du hashtag incendiaire, qui se présente comme professeur, reste bien cachée sous son pseudo. C’est certainement mieux ainsi puisqu’elle y étale ses problèmes personnels et affectifs ainsi que son mépris (à moins que cela ne soit de la haine) pour ses élèves.
Mais j’y pense : si tout cela n’était que de l’humour ? Peut-être ne faudrait-il y voir qu’une plaisanterie ? Certes pas très fine, pas du meilleur goût. Mais dans l’esprit potache. Un peu comme si on se moquait du prof ou de ses camarades… en les filmant !

Car, il y a entre la dénonciation et la méthode utilisée, plus que des similitudes. Dans les deux cas, la personne est offerte en pâture à la vindicte populaire, on cherche à la ridiculiser, on alimente les commentaires de ses proches, on en rajoute, on fait groupe contre… la théorie du bouc émissaire est bien connue.

La grande, l’immense, l’inacceptable différence, c’est que dans un cas, nous avons affaire à des adolescents, des jeunes en formation, en construction, qui ont besoin de se confronter à l’adulte, à l’institution, à la règle et que leurs professeurs représentent, pour eux, tout cela. Dans l’autre cas, nous sommes en présence d’adultes, d’éducateurs, d’enseignants… Ceux-là justement qui sont censés aider à poser les limites entre la plaisanterie et l’insulte, qui ont pour mission d’éduquer au respect, qui sont les transmetteurs d’un meilleur vivre ensemble. Ceux qui devraient enseigner l’esprit de fraternité en substitution à l’esprit potache.

Nul doute, il reste du chemin à parcourir…

 

Denis ADAM, le 29 juin 2016

Sélectionnés pour vous
+ d’actualités nationales

Filmer son prof à son insu avec son téléphone portable et poster la vidéo sur les réseaux sociaux est une atteinte à l’intégrité de son droit à l’image et bien sûr inacceptable. Des élèves qui se filment eux-mêmes en cours en train de relever des défis lancés par leur auditoire, cela peut apparaître comme une blague de potaches. Un travail pédagogique et éducatif est d’ailleurs, peut-être, -certainement même- utile pour passer de l’un à l’autre, du jeu au droit. Car si nul n’est censé ignorer la loi, il relève bien du rôle de l’Éducation de faire savoir à quel moment la plaisanterie devient une insulte, l’humour une attaque, la moquerie un délit.

S’il est nécessaire que les adolescents qui sont confiés à l’institution scolaire fassent cet apprentissage, il est encore plus indispensable que les enseignants, qui en ont la charge, soient eux-mêmes en capacité de réaliser cette distinction. C’est bien entendu le cas –heureusement- pour le plus grand nombre. Certains, hélas, devaient avoir piscine ou dentiste le jour où leurs enseignants tentaient de leur apprendre la nuance et le discernement.

Ainsi, parce qu’elle a la franchise d’écrire sous sa véritable identité les analyses éducatives qu’elle porte en son nom et au nom du syndicat des enseignants de l’UNSA –y compris elle consistant à penser qu’il y a de la blague de potache derrière une vidéo faite en cours- notre camarade Stéphanie de Vanssay se fait copieusement insulter depuis plusieurs jours maintenant par quelques trolls agités sur Twitter.

Je veux redire ici avant tout, notre entière solidarité et tout notre soutien à Stéphanie. Malgré ces attaques ou à cause d’elles, il ne faut rien lâcher et surtout pas te taire. Nous sommes bien plus nombreux à être de tout cœur avec toi.

Bien entendu l’initiatrice du hashtag incendiaire, qui se présente comme professeur, reste bien cachée sous son pseudo. C’est certainement mieux ainsi puisqu’elle y étale ses problèmes personnels et affectifs ainsi que son mépris (à moins que cela ne soit de la haine) pour ses élèves.
Mais j’y pense : si tout cela n’était que de l’humour ? Peut-être ne faudrait-il y voir qu’une plaisanterie ? Certes pas très fine, pas du meilleur goût. Mais dans l’esprit potache. Un peu comme si on se moquait du prof ou de ses camarades… en les filmant !

Car, il y a entre la dénonciation et la méthode utilisée, plus que des similitudes. Dans les deux cas, la personne est offerte en pâture à la vindicte populaire, on cherche à la ridiculiser, on alimente les commentaires de ses proches, on en rajoute, on fait groupe contre… la théorie du bouc émissaire est bien connue.

La grande, l’immense, l’inacceptable différence, c’est que dans un cas, nous avons affaire à des adolescents, des jeunes en formation, en construction, qui ont besoin de se confronter à l’adulte, à l’institution, à la règle et que leurs professeurs représentent, pour eux, tout cela. Dans l’autre cas, nous sommes en présence d’adultes, d’éducateurs, d’enseignants… Ceux-là justement qui sont censés aider à poser les limites entre la plaisanterie et l’insulte, qui ont pour mission d’éduquer au respect, qui sont les transmetteurs d’un meilleur vivre ensemble. Ceux qui devraient enseigner l’esprit de fraternité en substitution à l’esprit potache.

Nul doute, il reste du chemin à parcourir…

 

Denis ADAM, le 29 juin 2016