L’UNSA Éducation Centre Val de Loire alerte le recteur
Une délégation de l’UNSA Éducation a été reçue en audience par le recteur début octobre. Elle était composée de :
- Agnès Rose-Da Costa, secrétaire régionale Unsa Éducation
- Cyrille Pascaloux (SE-UNSA)
- Yannick Cordonnier (A&I UNSA)
- Yasmina Alloui (SNASEN UNSA)
- Michel André (SNPDEN UNSA)
- Valérie Boureille (SNIES UNSA)
Cette audience était l’occasion de dresser un bilan de la rentrée avec le nouveau recteur de l’académie, Jean-Philippe Agresti, et son équipe. D’emblée, la secrétaire régionale a rappelé que les résultats du baromètre annuel des métiers montrent qu’un changement de cap est indispensable et urgent.
Voici les principaux dossiers évoqués par l’UNSA Éducation lors de cette audience.
Personnels AED
Il existe un réel problème de formation des personnels qui gèrent les AED dans un contexte de changement de statut de ces personnels. De plus en plus de nos collègues passent en CDI et font le choix de ce métier. La réglementation est mal maîtrisée, par exemple lors du renouvellement des contrats.
Le recteur et son équipe ont avancé plusieurs pistes pour répondre à ce problème, avec une nécessité d’élargir la formation, la mise en place d’un vade-mecum qui recenserait les personnes ressources en cas de difficultés réglementaires, la mise en place annuelle d’un webinaire pour les EPLE pour contrer les effets du turn-over.
L’avenir de l’école rurale
Une large part du territoire de l’académie est en zone rurale. La déprise démographique est forte, ce qui inquiète fortement l’UNSA Éducation Centre Val de Loire sur l’avenir de nos élèves, de nos collègues dans ces zones.
Le recteur a apporté une longue réponse. Depuis son arrivée, il a eu des contacts avec de nombreux acteurs dans les six départements de l’académie : préfets, association d’élus, observatoire des dynamiques rurales, personnels de l’Éducation nationale. « Cette baisse extrêmement forte de la démographie scolaire met en péril le maintien des classes et des écoles », a-t-il expliqué, s’appuyant également sur le niveau d’évaluation des élèves à l’entrée en 6e. « On voit bien que le système est à bout ». Le recteur a échangé sur cette question avec la ministre, ainsi que sur la santé scolaire. Le recteur souhaite expérimenter un travail dans le temps dans les territoires les plus compliqués en alliant deux éléments : un temps de réflexion qui dépasse l’année de la carte scolaire et rassurer sur la dimension des moyens. Pour le recteur, il faut d’abord travailler à la restructuration du premier degré pour redéployer une structure solide des écoles dans ces territoires.
Enseignants qui entrent dans le métier
L’UNSA Éducation a porté la voix des collègues débutant dans le métier qui doivent, pour certains, passer devant un jury de titularisation. Ce moment est particulièrement mal vécu par nos collègues, qui ne le vivent pas comme un temps d’échange. De même, nous avons alerté le recteur sur la formation des stagiaires à 50 % du Cher et de l’Indre. Ils ont été prévenus dans un temps contraint que leur lieu de formation serait extérieur au département. En ce qui concerne les frais de déplacement, l’équipe du recteur a proposé qu’un webinaire soit mis en place dans ces deux départements pour informer nos collègues.
Personnels administratifs
L’UNSA Éducation a alerté le recteur sur l’urgence de la situation, avec des services du rectorat débordés, des difficultés de recrutement, les difficultés posées par les nouveaux logiciels et leurs mises à jour. Pour notre fédération, ces logiciels qui devaient simplifier l’activité des personnels ont entraîné une complexification de leur travail. Les personnels sont en souffrance.
L’UNSA Éducation ne veut pas que nos collègues portent la responsabilité des dysfonctionnements à venir, notamment pour ce qui concerne la remontée des comptes financiers des établissements.
Notre fédération a également demandé plus de souplesse dans l’obligation de logement. Avec le système passerelle, de plus en plus d’enseignants vont prendre des postes de SG. La majorité de ces personnels auront leur logement. Si on oblige ces personnels à vivre dans un logement de fonction, il est à craindre qu’il y ait moins de candidatures.
Personnels de direction
L’UNSA Éducation a fait part au recteur de son inquiétude quant à la santé des personnels de direction, liée à la surcharge de travail, à la complexité d’obtenir des informations en temps et en heure. Les personnels de direction sont contraints de travailler pendant les vacances pour assurer une rentrée sereine. Nous avons rappelé que la santé de tous les personnels était au cœur de notre engagement syndical.
Personnels infirmiers et éducateurs de santé
Nous nous sommes fait l’écho auprès du recteur de l’état d’esprit de ces personnels, marqué par la désillusion en matière de perspective de carrière, de rémunérations, de conditions de travail, du manque de personnels, d’outils de travail défaillants, notamment dans l’application de gestion de passage des élèves.
Nous redoutons également les effets de la décentralisation, thème cher au Premier ministre, et les risques de fragmentation de la qualité de soins, de variations de salaires et de conditions de travail. La disparition des médecins scolaires entraîne un glissement des tâches (exemple des PAI) qui commence à voir le jour. Le SNIES s’est dit opposé au regroupement des métiers au détriment des missions de proximité auprès des élèves dans les établissements.
Le SNIES revendique l’obtention de la NBI handicap qui a d’autant plus de poids que la circulaire de rentrée 2024 accentue notre rôle dans la démarche inclusive notamment avec l’expérimentation des Pôles d’Appui à la Scolarité ainsi que la hausse importante des Projets Personnalisés de Scolarisation du fait de cette inclusion systématique.
Le recteur dit que cela devrait être expertisé. Un règlement, une organisation et des solutions doivent être trouvées. Une NBI pour les médecins est en discussion.
Assistant.e.s sociales et conseillères techniques
Nous avons rappelé au recteur que les services sociaux (Service social en faveur des élèves (SSFE) et Service social des personnels (SSP)) sont le réceptacle de tous les maux de notre société. Depuis le Covid, le SSFE a connu une augmentation de 400 % de signalements adressés au Parquet et de 60 % des informations préoccupantes. Le SSFE n’a plus le temps de faire de la prévention. Le SSP constate un mal-être généralisé des personnels avec une augmentation des burn-out. Les personnels n’ont plus le temps de prendre du recul pour analyser leur action. Ce mal-être finit par affecter les personnels des services sociaux, eux aussi touchés par le burn-out, certains finissant par quitter l’Éducation nationale.
Face à toutes ces problématiques, le recteur a reconnu qu’il était très inquiet de l’absence de médecin du travail. Il s’est dit parfaitement conscient de la charge mentale et de travail des personnels.
« Avoir une conscience professionnelle, c’est croire encore à l’’Etat. Vous êtes en responsabilité, nous avons une responsabilité collective pour porter des messages qui ne soient pas tout le temps négatifs. Nous avons une responsabilité collective pour ne pas que ça craque », a conclu le recteur.