Le premier ministre a annoncé, le 19 novembre dernier, une augmentation des droits d’inscription pour les étudiants étrangers extra-européens. Ils s’élèveront à la rentrée 2019 pour les nouveaux arrivants à 2 770 euros par an en licence (contre 170 euros actuellement) et 3 770 euros par an en master et en doctorat (contre respectivement 243 euros et 380 euros). L’objectif du gouvernement est de permettre des recettes supplémentaires afin d’améliorer l’accueil des étudiants internationaux et de financer des bourses.
Paradoxalement, cette fin de la quasi-gratuité fait partie de la « stratégie d’attractivité pour les étudiants internationaux », présentée par Edouard Philippe, visant à attirer 500 000 étudiants internationaux à l’horizon 2027, contre 324 000 actuellement. L’argument est peu convaincant.
On se demande bien comment la France pourra attirer plus d’étudiants étrangers alors que le coût des études en France va devenir de fait prohibitif pour ceux, enfants des classes moyennes, venant d’Afrique ou d’Amérique latine. Cette multiplication par quinze ou seize des droits d’inscription pour les extracommunautaires risque de générer, de fait, une sélection par l’argent dangereusement discriminatoire.
Ce n’est pas le triplement des bourses (ou exonérations) prévu par le gouvernement qui rassure : 21 000 promises, contre 7 000 actuellement alors qu’ au moins 80 000 étudiants viennent déjà de quatre pays extra-européens francophones (Maroc, Algérie, Tunisie, Sénégal). Ajoutons que la définition de ces critères de bourses n’est pas encore connue et risque d’être très difficile. Comment évaluer les besoins d’un.e étudiant.e venant du Vietnam et les comparer avec ceux d’un.e étudiant.e venant du Mexique ?
Pour Christophe Prochasson, directeur de l’EHESS1, qui compte 25 % d’étudiants de master et 37 % de ceux en doctorat venant de pays extra-européens, cité par Le Monde : « Cette mesure brutale et cyniquement comptable est un raisonnement à courte vue. Derrière cette petite manne financière, le risque est de dévitaliser scientifiquement et intellectuellement notre pays. »
Ces nouveaux tarifs sont appelés à être entérinés dans un texte réglementaire début 2019. Il est inacceptable que la situation financière dégradée des universités françaises justifie une mesure inique qui dégrade la réputation de la France. L’UNSA-Education Normandie s’associera à toutes les initiatives intersyndicales demandant aux présidents des universités normandes de pas appliquer ces tarifs prohibitifs.
1EHESS : Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales