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Violences, tentatives de suicide des adolescents, maladies chroniques : les défis de la profession infirmière dans l’Éducation

Les infirmièr·es scolaires sont au coeur de la vie des établissements. Les élèves viennent parler de leurs problèmes et les sujets traités par ces personnels peuvent être graves. A l'occasion de la journée internationale des infirmières du 12 mai, Gwenaëlle Durand, co-secrétaire générale du SNIES UNSA Éducation, revient sur des sujets peu connus de l'actualité éducative qui méritent pourtant d'être traités.

Dans votre métier, quel est sont les sujets qui doivent être mieux pris en compte auxquels vous êtes confrontés comme infirmiers et infirmières scolaires ?

Depuis la crise sanitaire de 2021, il a été constaté une aggravation de l’intensité des signes de mal-être allant jusqu’à une augmentation des phobies scolaires et des idées de suicide.

En France, 800 jeunes de 15 à 24 ans meurent par suicide chaque année ­ c’est la deuxième cause de mortalité dans cette tranche d’âge (après les accidents de la route) . Environ 50 000 jeunes au total font font une tentative de suicide.

Une tentative de suicide chez un adolescent n’est jamais une conduite anodine à mettre sur le compte d’une « crise d’adolescence ».

De par sa proximité avec les jeunes, l’infirmier.e scolaire est souvent le 1er interlocuteur des élèves en mal-être, son expertise en fait un acteur incontournable et primordial dans l’évaluation du risque suicidaire chez les jeunes scolarisés.

Mais le sujet reste parfois tabou et difficile à aborder en entretien. Le SNIES Unsa Éducation dénonce le manque de moyens en formation sur ce sujet.

Les filles et les garçons ont-ils des problématiques spécifiques?

L’endométriose est un autre sujet qui est au cœur de notre spécialité à l’éducation nationale.

En effet, les maux de ventre chez les jeunes filles sont un des premiers motifs de consultations infirmières en établissement. Pendant leurs règles, les douleurs sont présentes et banalisées par la société. Pour tout le monde : « les règles ça fait mal ! » et bien NON les règles ne font pas mal, c’est un phénomène naturel indolore, et laisser croire le contraire c’est faire croire et admettre que les « femmes sont d’éternelles malades » (croyance du XIXème siècle où les femmes étaient considérées comme le « sexe faible »).

Une prise en charge précoce peut améliorer l’endométriose et surtout supprimer ces douleurs qui engendre des absences voire des décrochages scolaires.

L’endométriose est mal connue, nous sommes mal et peu formé.e.s, nous sommes à 98% une profession de femmes et nos représentations aussi sont à travailler pour changer le regard de la société sur les douleurs menstruelles.

Les infirmières sont à la croisée de toutes les problématiques de la vie des élèves, en tant que syndicat, quel projet menez-vous actuellement ?

En effet, les problématiques des élèves sont souvent liées à un problème de santé, une souffrance psychologique et des difficultés familiales. Nous recueillons ces données afin d’avoir une analyse globale de la situation pour orienter l’élève et l’aider.

Souvent seul.e personnel médico-social dans l’établissement, nous avons à gérer des problèmes sociaux mais aussi scolaires liés à des difficultés d’adaptation, des conflits, du harcèlement …qui engendrent des situations complexes où l’analyse demande de la finesse et de l’expérience.

Dans nos prises en charge, la douleur est systématiquement évaluée.

Nous utilisons un outil qui s’appelle la réglette EVA (Echelle Visuelle Analogique), c’est une échelle de 0 à 10 que tous les soignants connaissent. Cette donnée médicale est transmise au médecin en cas d’appel au 15, cela permet d’avoir le même langage. Mais c’est une échelle médicale qui ne permet pas d’évaluer la souffrance psychologique (quoique parfois je l’ai personnellement utilisée).

Lors d’échanges avec ma collègue Tiphaine Jouniaux, Secrétaire Générale du SNASEN UNSA Éducation des assistant·es de services sociaux, nous avons eu l’idée de développer un outil pour mesurer la violence, la souffrance psychologique que subit un élève (sexuel, harcèlement, familial), du même type que le violentomètre pour les femmes battues.

Cet outil pourrait servir lors d’entretien avec un élève mutique, en souffrance, dans l’incapacité de verbaliser : l’élève, en déplaçant un curseur selon son état, nous en indiquerait ainsi  la gravité.

Outils simple, utilisable par tous les personnels de l’éducation nationale.

Tiphaine travaille sur la maquette et en travaillant ensemble, nous apportons nos regards complémentaires. Ainsi un outil polyvalent et simple d’utilisation sera créé !

Le SNIES UNSA Éducation est plus qu’un syndicat : nous sommes novateurs et holistiques.

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