Un trait d’humour à dessein

On dit que chez les esquimaux, il y a plus d’une dizaine de mots pour désigner la neige… chez nous, c’est pour parler de ce qui fait rire que notre vocabulaire est riche : humour, ironie, plaisanterie, comique, moquerie, caricature, vanne, blague, histoires drôles, bon mot, parodie, satire, dérision, raillerie, grotesque, jeu de mots, sarcasme…

On dit que chez les esquimaux, il y a plus d’une dizaine de mots pour désigner la neige… chez nous, c’est pour parler de ce qui fait rire que notre vocabulaire est riche : humour, ironie, plaisanterie, comique, moquerie, caricature, vanne, blague, histoires drôles, bon mot, parodie, satire, dérision, raillerie, grotesque, jeu de mots, sarcasme… sans parler des adjectifs qui peuvent colorer le rire en jaune, l’humour en noir, le qualifier de grinçant ou de potache.

En grande partie, l’humour est une question de mots.

Indispensable donc d’en connaître et d’en comprendre le sens.

Mais au-delà, c’est essentiellement l’aspect décalé qu’il faut percevoir… et cette approche du second degré –et au-delà s’apprend et s’accompagne.

L’humour, c’est l’impertinence. Cela suppose une intelligence transgressive – créative, poétique, permettant de jouer avec les mots, de saisir les situations sous un angle décalé, surprenant, incongru.

Comprendre l’humour nécessite donc du recul, de l’ouverture d’esprit et -à terme- du sens critique et de la liberté de penser.

Or cette prise de distance est impossible pour ceux qui vont mal. La psychologie montre qu’ « être vraiment trop mal dans sa peau interdit […] l’accès à l’humour, cet état rendant incapable de regarder les choses d’assez loin pour en rire et les tourner en dérision. » Et –bien sûr cela est également vrai pour ceux qui sont mal dans leur tête… Il faut aussi ajouter -même si cela mérite d’être nuancé certainement- que « contrairement au comique, qui peut être muet et se contenter de quelques grimaces ou tartes à la crème, l’humour est affaire de mots. Impossible de s’y exercer si l’on n’est pas suffisamment à l’aise dans le maniement du langage. Donc « pas d’humour, au sens propre du terme, avant l’âge de 8 ou 9 ans. » (selon la psychologue Catherine Mathelin sur le site http://www.psychologies.com/)

Se pose alors la question de savoir si l’humour a sa place au sein de l’Éducation (*).

À la formule attribuée à Pierre Desproges, « on peut rire de tout, mais pas avec n’importe qui », il faut se demander si l’on peut rire avec des élèves, des enfants, des jeunes en situation d’Éducation.

Dans ce cadre d’apprentissage et avec des êtres en construction, le maniement des différentes manières de rire et de faire rire doit certainement se faire avec prudence et discernement… Il est pourtant indispensable.

Car, si le rire est le propre de l’homme, il est une construction culturelle. Un jeu de mots, une histoire drôle, un dessin humoristique répondent à des codes qu’il convient de savoir décrypter pour pouvoir les comprendre et les utiliser.

Ainsi donc –dans une Éducation bienveillante un peu d’humour peut certainement aider à créer une atmosphère plus sympathique, à développer de l’empathie, à mettre en place un climat détendu. Mais au-delà de cette (note d’)ambiance, la compréhension des mécanismes du rire fait partie intégrante des contenus éducatifs, parce qu’elle permet de les reconnaître comme tel et de les accepter, parce qu’elle rend possible leur utilisation, parce qu’elle participe de l’indispensable ouverture d’esprit, mère des deux jumelles que sont la tolérance et la liberté.

Aussi, aucun doute : c’est à dessein (et pas seulement en arts plastiques) qu’il convient de mettre des traits d’humour dans les démarches et les contenus d’Éducation.

Denis ADAM, le 28 janvier 2015

(*) La question n’est pas seulement liée à l’actualité. Le 17 juin 2011, Stéphanie de Vanssay sur son ancien blog évoquait déjà la question et proposait une bibliographie pour y réfléchir http://lewebpedagogique.com/devanssay/2011/06/17/lhumour-a-lecole/ )

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On dit que chez les esquimaux, il y a plus d’une dizaine de mots pour désigner la neige… chez nous, c’est pour parler de ce qui fait rire que notre vocabulaire est riche : humour, ironie, plaisanterie, comique, moquerie, caricature, vanne, blague, histoires drôles, bon mot, parodie, satire, dérision, raillerie, grotesque, jeu de mots, sarcasme… sans parler des adjectifs qui peuvent colorer le rire en jaune, l’humour en noir, le qualifier de grinçant ou de potache.

En grande partie, l’humour est une question de mots.

Indispensable donc d’en connaître et d’en comprendre le sens.

Mais au-delà, c’est essentiellement l’aspect décalé qu’il faut percevoir… et cette approche du second degré –et au-delà s’apprend et s’accompagne.

L’humour, c’est l’impertinence. Cela suppose une intelligence transgressive – créative, poétique, permettant de jouer avec les mots, de saisir les situations sous un angle décalé, surprenant, incongru.

Comprendre l’humour nécessite donc du recul, de l’ouverture d’esprit et -à terme- du sens critique et de la liberté de penser.

Or cette prise de distance est impossible pour ceux qui vont mal. La psychologie montre qu’ « être vraiment trop mal dans sa peau interdit […] l’accès à l’humour, cet état rendant incapable de regarder les choses d’assez loin pour en rire et les tourner en dérision. » Et –bien sûr cela est également vrai pour ceux qui sont mal dans leur tête… Il faut aussi ajouter -même si cela mérite d’être nuancé certainement- que « contrairement au comique, qui peut être muet et se contenter de quelques grimaces ou tartes à la crème, l’humour est affaire de mots. Impossible de s’y exercer si l’on n’est pas suffisamment à l’aise dans le maniement du langage. Donc « pas d’humour, au sens propre du terme, avant l’âge de 8 ou 9 ans. » (selon la psychologue Catherine Mathelin sur le site http://www.psychologies.com/)

Se pose alors la question de savoir si l’humour a sa place au sein de l’Éducation (*).

À la formule attribuée à Pierre Desproges, « on peut rire de tout, mais pas avec n’importe qui », il faut se demander si l’on peut rire avec des élèves, des enfants, des jeunes en situation d’Éducation.

Dans ce cadre d’apprentissage et avec des êtres en construction, le maniement des différentes manières de rire et de faire rire doit certainement se faire avec prudence et discernement… Il est pourtant indispensable.

Car, si le rire est le propre de l’homme, il est une construction culturelle. Un jeu de mots, une histoire drôle, un dessin humoristique répondent à des codes qu’il convient de savoir décrypter pour pouvoir les comprendre et les utiliser.

Ainsi donc –dans une Éducation bienveillante un peu d’humour peut certainement aider à créer une atmosphère plus sympathique, à développer de l’empathie, à mettre en place un climat détendu. Mais au-delà de cette (note d’)ambiance, la compréhension des mécanismes du rire fait partie intégrante des contenus éducatifs, parce qu’elle permet de les reconnaître comme tel et de les accepter, parce qu’elle rend possible leur utilisation, parce qu’elle participe de l’indispensable ouverture d’esprit, mère des deux jumelles que sont la tolérance et la liberté.

Aussi, aucun doute : c’est à dessein (et pas seulement en arts plastiques) qu’il convient de mettre des traits d’humour dans les démarches et les contenus d’Éducation.

Denis ADAM, le 28 janvier 2015

(*) La question n’est pas seulement liée à l’actualité. Le 17 juin 2011, Stéphanie de Vanssay sur son ancien blog évoquait déjà la question et proposait une bibliographie pour y réfléchir http://lewebpedagogique.com/devanssay/2011/06/17/lhumour-a-lecole/ )